Le Film du jour n°194 : Viol de nuit
Titre original : Funkstreife XY - Ich pfeif'auf mein Leben
Un film austro-allemand de Hubert FRANK (1967) avec Günther Stoll, Taïna Beryll, Günther Neutze, Leon Askin, Monika Zinnenberg...
"Jeu de mots", ou plus précisément "paronymie", s'empresserait de clamer Maître Capello avec l'index dressé en entendant le titre français du Film du jour (s'il était encore parmi nous). Le titre surfe plus ou moins intelligemment sur le "Vol de nuit" de Saint-Exupéry, tout en espérant - bien évidemment - attirer l'attention du spectateur en mal de grivoiserie cinématographique. Car la grivoiserie, c'est son truc à Hubert Frank, un réalisateur né en 1925 dans l'actuelle République tchèque.
Il suffit de débobiner la filmographie du bonhomme pour s'en apercevoir immédiatement. Car si Viol de nuit repose encore sur une vague intrigue policière, les films suivants mis en scène par Herr Frank ne cherchent pas à tromper sur la marchandise. On lui doit ainsi Mais ne reste donc pas pucelle ! (1968) (sage conseil, me direz-vous...) avec, notamment, la délicieuse Karin Schubert, vue quelques années plus tard en reine espagnole dans La folie des grandeurs (Oury, 1971). Une Karin Schubert que l'on surprendra bien plus tard les mains pleines à faire la "conversation" à Rocco Siffredi dans le film X Barbara & Karin superstars (1988)...
Pour ceux qui ne croiraient pas que le film est bien sorti sous ce titre !
Passé maître de son sujet, Hubert Frank livrera par la suite Le sexe infernal (1973), puis Le baisodrome (1973) avec, dans ce dernier film, une certaine Eva Gross qui s'était déjà fait remarquer dans Slips en vadrouille (Boos, 1973) (sans commentaires... mais, rassurez-vous, nous restons ici dans le domaine de l'érotisme et de la polissonnerie de bon aloi). Comme vous êtes sympas, le Film du jour vous a même retrouvé un photogramme de Slips en vadrouille avec une Eva Gross tout en chaussettes...
Où l'on sent confusément qu'on est quelque part en Bavière et que le Teuton tâte ! (Slips en vadrouille, 1973, avec Eva Gross)
Par la suite, Hubert Frank signera Vanessa (1976), dont le sous-titre est un poème à lui tout seul ("Élève d'un couvent en Europe, play-girl en Asie"). À l'affiche cette fois-ci une dénommée Olivia Pascal que l'on retrouvera (qui vient de dire : avec plaisir ?) dans Le triangle de Vénus (1977) du même réalisateur et que l'on verra par la suite dans Arrête ton char bidasse (Gérard, 1976), Intérieur d'un couvent (Borowczyk, 1977) et C'est à vous tout ça ? (Gottlieb, 1977)... Autant dire une grande !
Hubert Frank, pour sa part, ne s'arrêtera pas en si bon chemin et bouclera encore Les désirs de Melody in love (1978), qui connut un certain succès en son temps, puis Patricia, un voyage pour l'amour (1980) avec une certaine... Anne Parillaud, encore toute jeunette, dans le rôle-titre. Lorsque l'actrice devint une star en France grâce à ses prestations aux côtés d'Alain Delon dans Pour la peau d'un flic (Delon, 1981) et Le battant (Delon, 1983), les distributeurs s'empressèrent de ressortir Patricia en mettant le nom d'Anne Parillaud en gros. Goujats !
Anne Parillaud en tête d'affiche de Patricia, un voyage pour l'amour (1980) de Hubert Frank
Viol de nuit, l'histoire : pour une fois, le Film du jour ne va pas se fouler et va vous livrer le résumé de Viol de nuit tel qu'il est paru dans les années 80 sur une jaquette de cassette vidéo et tel qu'il est reproduit sur le site de Nanarland. Où l'on s'aperçoit que vingt ans avant les traducteurs automatiques de langage disponibles gratuitement sur Internet, l'être humain savait déjà faire le travail lui-même et livrer un résultat quasi identique ! Je vous laisse apprécier cette œuvre d'art :
La dénommée Roma est jouée ici par la Danoise Taïna Beryll (dont le nom est parfois orthographié Tania Béryl, une précision extrêmement importante à mon humble avis). Viol de nuit fut sa dernière apparition à l'écran (on la comprend, la pauvrette...). Née en 1942, l'actrice n'a participé qu'à une dizaine de films, principalement italiens et français, et a notamment joué aux côtés de Darry Cowl dans L'abominable homme des douanes (M. Allégret, 1962). Le Film du jour avait déjà évoqué la jeune femme à cette occasion. Et comme l'auteur de ces lignes accuse une grosse fatigue, il va vous répéter pratiquement mot pour mot ce qu'il a déjà écrit (oui, je sais, c'est moche...).
Taïna Beryll dans Viol de nuit (image : www.cinema.de)
Taïna Beryll apparaît pour la première fois sur grand écran en 1961 aux côtés du comique italien Toto dans Toto, Peppino e la dolce vita (S. Corbucci, 1961), un film inédit en France. Elle enchaîne avec Une blonde comme ça (Jabely, 1962), version cinématographique du roman de James Hadley Chase "Miss Shumway jette un sort" et film réputé pour l'habileté de ses trucages. On la voit également dans L'inconnue de Hong-Kong (Poitrenaud, 1963), long métrage où elle a l'occasion de chanter avec Dalida, ainsi que dans Don Camillo en Russie (Comencini, 1965), le moins bon de la série avec Fernandel dans le rôle-titre. On la croise aussi dans Berlin : opération laser (Sala, 1966), film d'espionnage (les Soviétiques greffent à son insu une caméra dans l’œil d'un espion...) avec Dana Andrews et Anna-Maria Pierangeli.
Comme toute starlette qui se respecte, Taïna Beryll a aussi fait la une de Ciné-Revue, toutes cuisses dehors !