Le Film du jour n°190 : Je couche avec mon assassin
Titre original : Ich schlafe mit meinem Mörder
Un film franco-allemand de Wolfgang BECKER (1970) avec Harald Leipnitz, Véronique Vendell, Ruth-Maria Kubitschek...
Coucher avec son coiffeur, son médecin ou son banquier (surtout en ce moment, ça peut aider...), passe encore ! Mais, avec son assassin ? Où va le monde, je vous le demande... Remarquez, la dame sur l'affiche allemande du film n'a pas vraiment l'air de s'en plaindre. Alors passons l'éponge !
L'affiche originale (avec Véronique Vendell sur la photo)
Connu également sous les titres un peu moins explicites de L'amour, la mort et le diable, Trio pervers, Plaisirs nocturnes et Une liaison diabolique (ouf !), Je couche avec mon assassin est à mettre au crédit de l'Allemand Wolfgang Becker (1910-2005). Un monsieur qu'il ne faut pas confondre avec son homonyme, réalisateur du fameux Goodbye Lenin !, succès surprise du cinéma allemand en 2003.
Le Wolfgang Becker dont il est question ici a, lui, débuté dans l'industrie du cinéma dans les années 30 en qualité de monteur. Il apprit son métier auprès de noms prestigieux comme Geza von Bolvary, Georg Jacoby ou Josef von Baky, trois metteurs en scène qui réussirent, en se limitant aux bluettes et aux comédies, musicales notamment, à ne pas trop se compromettre avec le régime nazi...
C'est en 1951 que Wolfgang Becker passe à la réalisation. Il signe alors comme un métronome bien réglé des films de production courante, souvent des comédies policières, qui ne connurent guère de diffusion hors des frontières allemandes. Citons quand même L'amour comme la femme le désire (1957), Esclave de son désir (1958), Peter Foss, le voleur de millions (1958), Cambriolage en musique (1959), Scandale sur la Riviera (1961), ce dernier film bénéficiant d'ailleurs des participations de Michel le Royer et de... Jean-Paul Belmondo.
L'un des multiples films tournés par Wolfgang Becker dans les années 50 et 60 (image : www.cinema-francais.fr)
A partir de 1965 et jusqu'en 1992, Wolfgang Becker va se consacrer essentiellement à la télévision en enquillant les séries TV et, en particulier, plusieurs épisodes des incontournables et soporifiques Tatort et Derrick. Mais, lorsqu'on a un côté polisson qui sommeille en soi, on a du mal à s'en défaire tout à fait ; et, au détour des années 70, M. Becker livre coup sur coup - pour le plus grand plaisir des coquins et coquines - Au secours ! Je suis encore vierge (1969) et ce Je couche avec mon assassin, coproduction franco-allemande d'assez bonne facture (selon les connaisseurs). "Cet habile suspense criminel, qui a pour cadre la région de Munich, intrigue, séduit puis épate franchement le visionneur", peut-on lire sur le site du Club des monstres.
Harald Leipnitz et Véronique Vendell dans Je couche avec mon assassin (image : www.tvmovie.de)
Je couche avec mon assassin, l'histoire : Châtelaine et P-DG fortunée, Angela est mariée à Jan, un macho de première qu'elle mène à la baguette, dans la vie et au plumard. Jan fait pourtant des infidélités à sa moitié avec la charmante Gina, qui affiche, ce n'est pas là la moindre de ses qualités, vingt ans de moins au compteur. Angela ferme à moitié les yeux sur les incartades de son mari, dès lors que celui-ci reste sous sa coupe et qu'il reste à portée de main. Mais les deux amants décident de supprimer la femme mûre et de mettre main basse sur sa fortune. Des rebondissements inattendus vont pourtant mettre à mal le plan machiavélique conçu par les deux tourtereaux !
La délicieuse Gina, coproduction franco-allemande oblige, est jouée par la française Véronique Vendell. "Qui c'est encore celle-là ?", vous entends-je déjà penser... Eh bien, sachez que cette ravissante créature connut son heure de gloire dans les années 60 et fut même surnommée la Bardot n°2.
Véronique Vendell eut l'insigne honneur de la une de Jours de France
Née en 1942, la charmante Véronique débute sa carrière cinématographique en 1961 en apparaissant notamment dans Les amours célèbres (Boisrond, 1961, avec Brigitte Bardot, Simone Signoret et Annie Girardot). Dans les années qui suivent, la starlette monte doucement en puissance. On la voit notamment en soutif et slibard aux côtés de Michèle Morgan et de Gabriele Ferzetti dans Rencontres (Agostini, 1961), puis au bras de Jacques Dufilho dans Snobs ! (Mocky, 1962).
On la remarque ensuite auprès de Paul Meurisse, Bernard Blier et Jean Lefebvre dans Quand passent les faisans (Molinaro, 1965) - titre qui ironise sur la Palme d'or 1958 intitulée Quand passent les cigognes et signée par le Russe Mikhail Kalatozov. L'actrice ira ensuite fricoter avec Gabriele Tinti et Anne Vernon dans L'homme de Mykonos (Gainville, 1965), puis elle partagera l'affiche avec Stefania Sandrelli dans Je la connaissais bien... (Pietrangeli, 1965). A cette époque, son titre de gloire, c'est un premier rôle féminin face à Robert Hirsch dans Martin soldat (Deville, 1966).
Le joli minois de Véronique Vendell apparaît en bas de l'affiche de Martin soldat (Deville, 1966) (image : www.cinema-francais.fr)
Véronique Vendell pointe également aux génériques de La nuit des généraux (Litvak, 1966), enquête sur un tueur de prostituées dans Varsovie occupée par les nazis en 1942, du film à sketchs Les sorcières (1967, dans le segment réalisé par Luchino Visconti), du kitschissime Barbarella (Vadim, 1968, avec Jane Fonda dans le rôle-titre) et du Mayerling (1968) de Terence Young avec Omar Sharif et Catherine Deneuve. L'actrice joue aussi l'une des belles-sœurs de Marguerite de Bourgogne dans La tour de Nesles (1968) de François Legrand (alias Franz Antel).
Mariée au producteur allemand de films de série B Wolf Hartwig qui en était déjà à sa quatrième épouse, Véronique Vendell va alors franchir le Rhin pour tâter du teuton... Voilà pourquoi on la retrouve au générique de Je couche avec mon assassin, ainsi qu'à ceux de "joyaux" comme Une pucelle en or (Rabenalt, 1969), L'amour en vacances (Hofbauer, 1971), Une Chinoise aux nerfs d'acier (Roland, 1972) ou Salopards en enfer (Roland, 1972), films produits par son coquin de mari.
Véronique Vendell dans l'un des œuvres produites par son mari Wolf Hartwig (image: www.encyclocine.com)
Véronique Vendell participe aussi à quelques films italiens comme Une poule, un train et quelques monstres (Risi, 1969), Le fouineur (Scola, 1969), Miracle à l'italienne (Manfredi, 1970) ou Supertémoin (Giraldi, 1971).
Wolf Hartwig faisant aussi dans la coproduction internationale, on verra aussi Véronique Vendell dans des longs métrages tels que Croix de fer (1976) de l'Américain Sam Peckinpah (avec James Coburn et James Mason) et La percée d'Avranches (McLaglen, 1979, avec Richard Burton et Robert Mitchum).
Toujours pimpante en une des magazines, notre Véronique !
Ce fut la dernière apparition à l'écran, grand ou petit, de Véronique Vendell qui, depuis, est rangée des voitures. Comme la vraie Brigitte Bardot, me direz-vous. Mais, là encore, la starlette restera à jamais dans l'esprit de ses fans grâce à ses unes pour le fameux Ciné-revue dont les titres demeurent toujours aussi croustillants.
Véronique Vendell, aux côtés de son époux Wolf Hartwig, vit aujourd'hui à Paris (image: © Nigel Dickinson) (sur la photo au centre, Véronique Vendell avec Richard Burton dans La percée d'Avranches ; l'actrice fut surnommée "l'actrice qui fait trembler Liz Taylor")