Le Film du jour n°19 : Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock

Publié le par lefilmdujour

Titre original : La bestia uccide a sangue freddo

Un film italien de Fernando DI LEO (1971) avec Klaus Kinski, Margaret Lee, Rosalba Neri, Jane Garret, John Karlsen...

Les distributeurs français ont encore frappé. "Associons les termes érotique et Hitchcock dans le même titre et les foules vont forcément se déplacer en masse", ont-ils dû se dire en visionnant pour la première fois ce film où il n'est question, à aucun moment, du grand Hitch.

Certes, dans Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock, il y a bien quelques filles qui se dénudent généreusement (elles vont même jusqu'à dévoiler leur toison intime, les éhontées !) et il y a bien une espèce de suspense, puisqu'un personnage mystérieux passe son temps à parcourir les couloirs d'un hôpital psychiatrique et à perpétrer des assassinats (le film est également connu sous le titre La clinique sanglante). Mais il faut être un adepte névropathe des téléfilms roses teutons diffusés le soir sur RTL9 et considérer les épisodes de Julie Lescaut comme des thrillers psychologiques insoutenables pour trouver le moindre intérêt dans le film de Fernando Di Leo! Ou alors, il faut visionner l'objet entre ami(e)s sous l'influence de substances plus ou moins illicites pour se marrer un bon coup.

Milan Calibre 9 (1972), un petit polar de Fernando Di Leo

Pourtant, Fernando Di Leo (1932-2003), qui devait certainement avoir des arriérés d'impôts à payer, n'a pas filmé que des insanités, le bougre ! Auteur de nombreux scénarios de westerns à l'italienne (dont ceux de Pour une poignée de dollars et de Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone), ce réalisateur considérait Jean-Pierre Melville (Le Doulos, Le samouraï, Le cercle rouge) comme son modèle. Fernando Di Leo a de fait signé d'assez bons polars comme Milan calibre 9 (1972) avec Mario Adorf, Le boss (1973) avec Henry Silva, Salut les pourris (1974) avec Richard Conte et Colère noire (1975) avec James Mason. On lui doit aussi Ursula, l'anti-gang (1974) avec une Ursula Andress en pleine période transalpine.

Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock, l'histoire : Dans un château qui fait office d'hôpital psychiatrique pour gens fortunés, se côtoient de nombreuses femmes suicidaires, violentes, voire nymphomanes (dont les splendides Rosalba Neri et Margaret Lee), idéalement placées sous la garde du bon docteur Keller (un Klaus Kinski pour une fois quasi inexpressif : avec lui on se croirait presque dans L'année dernière à Marienbad !). Mais un tueur rôde et massacre les pauvres patientes avec les divers objets contondants qui ornent les murs du château (une salle d'armes dans un hôpital psychiatrique, faut le faire !).

Pendant une heure et demie, le spectateur a droit à diverses séquences toutes plus croquignolettes que les autres, accompagnées par une musique atroce, à mi-chemin entre la musique de supermarché et le modern jazz suraigu : sessions de massage intégral avec l'infirmière en chef, scènes de nymphomanie avec le jardinier (petit extrait du dialogue : "Donne-moi ce que tu donnes à tes plantes ! Ta tendresse !", on en pleurerait...), parties de croquet entre infirmières et patientes, tueur en ombre chinoise avec pieds à 10 heures 10 et cape empruntée à Fantômette... j'en passe et des meilleures.

Klaus Kinski et Margaret Lee dans Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock (image : www.toutlecine.com)

Klaus Kinski (1926-1991) dépareille à peine dans le décor, à une époque où l'acteur tournait à la pelle dans des productions italiennes. Cette même année 1971, il figurait aux génériques de films comme Les fantômes de Hurlevent (Margheriti, et non, ce n'est pas le prénom de la femme de Gilbert Carpentier, tsss !), Priez les morts, tuez les vivants (Vari), Nevada Kid (Fidani), On m'appelle King (Romitelli), Le goût de la vengeance (Costa), L’œil de l'araignée (Bianchi), La vengeance est un plat qui se mange froid (Squittieri) (y en a encore mais j'arrête, je suis à bout de souffle !).

Publié dans Titres à nanars

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