Le Film du jour n°186 : Que peut-on faire avec sept femmes ?

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°186 : Que peut-on faire avec sept femmes ?
Titre original : Si puo fare molto con sette donne
Un film italo-égyptien de Fabio PICCIONI (sous le pseudo de F.-A. KING) (1971) avec Richard Harrison, Aldo Bufi-Landi, Marcella Michelangeli, Maria-Luisa Zetha, Ahmad Ramzy...
Que peut-on faire avec sept femmes ? interroge ingénument le titre du Film d'aujourd'hui. S'il est somme toute aisé de savoir ce qu'il est possible de faire avec sept nains (demandez à Blanche-Neige...), on peut effectivement se poser la question de l'utilité d'avoir sous la main sept créatures de sexe féminin, surtout simultanément...
Le chiffre sept, quoi qu'il en soit, a toujours été une source d'inspiration pour les réalisateurs, de Sept hommes, une femme (Yves Mirande, 1936) - la figure inversée du titre du Film du jour, oserait-on dire -, au film israélien Les sept jours (Ronit et Schlomi Elkabetz, 2007) - sept jours durant lesquels les proches d'un défunt se réunissent dans sa maison pour s'y recueillir... au risque de réveiller les secrets de famille enfouis.
Le Film du jour n°186 : Que peut-on faire avec sept femmes ?

Richard Harrison a sorti la moustache à l'occasion de Que peut-on faire avec sept femmes ?

Les sept samouraïs (Akira Kurosawa, 1954), Sept ans de réflexion (Billy Wilder, 1955, avec Marilyn Monroe), Les sept mercenaires (John Sturges, 1960), Sept morts sur ordonnance (Jacques Rouffio, 1975, avec Michel Piccoli), Sept ans au Tibet (Jean-Jacques Annaud, 1997, avec Brad Pitt) sont sans doute les plus connus des films avec le chiffre sept.
Mais on peut aussi citer quelques perles comme La maison des sept péchés (Tay Garnett, 1940, avec John Wayne et Marlène Dietrich), La ferme des sept péchés (Jean Devaivre, 1948), J'avais sept filles (Jean Boyer, 1954, avec un Maurice Chevalier cabotinant outrageusement), Sept hommes et une garce (Bernard Borderie, 1966, avec Jean Marais), Sept Écossais explosent (Franco Giraldi, 1966), Le camp spécial n°7 (Robert-Lee Frost, 1972) ou l'improbable Nonne et les sept pécheresses (Richard Jackson, 1972), une "œuvre" que le Film du jour se fera un plaisir de vous détailler dans un futur numéro !
Le Film du jour n°186 : Que peut-on faire avec sept femmes ?

Les femmes ne se laissent pas faire dans Que peut-on faire avec sept femmes ? (image : www.ivid.it)

Que peut-on faire avec sept femmes ? l'histoire : Mike Spencer, un agent d'Interpol, enquête sur l'assassinat de sa collègue Maggie. Il s'introduit nuitamment dans la maison de rendez-vous de Betty Simms, là où Maggie travaillait sous un nom d'emprunt. Apprenant que les call-girls partent en "tournée" en Égypte, notre homme décide de les suivre. Il découvre un trafic d'héroïne, dont la maison de Betty Simms servait de couverture.
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Richard Harrison

Mike Spencer est ici interprété par le costaud Richard Harrison (aucun lien de parenté avec George Harrison...), un acteur incontournable du cinéma dit "bis". D'origine américaine et né en 1935, le jeune Richard s'adonne dès l'adolescence au culturisme et pose dans diverses revues de mode et de sport.
Dès 1957, son physique avantageux lui permet de décrocher de petits rôles au cinéma et on l'aperçoit dans quelques séries B comme Les feux de la bataille (Springsteen, 1959), un film sur la guerre de Corée, ou Le maître du monde (Witney, 1959), long métrage tiré de l’œuvre éponyme de Jules Verne avec Vincent Price et Charles Bronson. Alors que le péplum commence à percer en Italie, le producteur Italo Zingarelli, en mal d'acteurs musclés, le remarque et lui fait franchir l'Atlantique.
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Richard Harrison dans Persée l'invincible (De Martino, 1962) (image : www.toutlecine.com)

De l'autre côté des Alpes, Richard Harrison est immédiatement projeté en tête d'affiche et c'est le succès immédiat. Notre homme enchaîne alors les péplums, pas forcément très bons, comme un bon petit stakhanoviste qui porte bien la jupette romaine (ou grecque) : Le gladiateur invincible (Momplet, 1961), Les sept gladiateurs (Lazaga, 1962), Percée l'invincible (De Martino, 1962), Hercule contre les mercenaires (Lenzi, 1964), La fureur des gladiateurs (Caiano, 1964), La révolte des Prétoriens (Brescia, 1964), Fort Alésia (Dawson, 1964), etc.
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Richard Harrison, héros (aussi) de westerns-spaghettis

Il séduit tellement le public, le beau Richard, qu'on l'enrôle aussi dans des films d'aventures (Le boucanier des îles, Paolella, 1961, avec l'angélique Michèle Mercier), puis dans des westerns-spaghettis (Duel au Texas, Blasco, 1963 ; Cent mille dollars pour Ringo, De Martino, 1966 ; Avec Django, la mort est là, Dawson, 1968 ; Creuse ta tombe Garringo, Sabata revient, J. Wood, 1970 ; Deux frères appelés Trinita, J. London, 1972 ; etc.), des films d'espions à la petite semaine (Les espions meurent à Beyrouth, Donan, 1964 ; Bob Fleming, mission Casablanca, 1966 ; etc.), des films policiers (Steve, à toi de crever, Florio, 1966 ; Un casse pour des clous, Pradeaux, 1967 ; etc.), des films de guerre (36 heures en enfer, Bianchi-Montero, 1969 ; Les léopards de Churchill, Pradeaux, 1970 ; etc.)... N'en jetez plus !
Bien entendu, aucun chef-d’œuvre là-dedans, mais qu'importe ! Avec une centaine de films tournés de 1960 à 1975, Richard Harrison ne se plaint pas, loin s'en faut. Contrairement à d'autres bodybuildés, héros de péplums, bien plus musclés que lui (Steve Reeves en tête), il a su, lui, se convertir sans problème à d'autres genres cinématographiques.
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Après le péplum et le western spaghetti, Richard Harrison passe sans problème au film d'espionnage

Malheureusement, face à la décrépitude du cinéma italien populaire au milieu des années 70, Richard Harrison se voit obligé de changer son fusil d'épaule et de varier les zones géographiques de ses tournages. C'est ainsi qu'on le verra barboter dans des supernanars intersidéraux signés Luigi Batzella (Bourreaux SS n°2, 1978 ; Lorna, la lionne du désert, 1978), s'agiter dans quelques films d'origine hongkongaises (La révolte des boxers et Marco Polo, le guerrier de Kublai Khan, deux longs métrages de Chang Cheh réalisés en 1975), puis, dans les années 80, errer, l'âme en peine, dans de vagues productions yougoslaves, turques, iraniennes, philippines (Opération Cambodge, Gallardo, 1981) ou nord-africaines (Amok, Ben Barka, 1983).
A Hong-Kong, Richard Harrison est même victime d'une escroquerie. Alors qu'il est supposé faire acte de présence dans un ou deux films de ninjas (tout un programme des plus alléchants...), les quelques séquences tournées vont servir et resservir dans un nombre incroyable de films emballés dans la foulée : Ninja Fury (Ho, 1985), Golden Ninja Warrior (Lai, 1986), Diamond Ninja Force (Ho, 1986), Flic ou ninja (Ho, 1986), Black Ninja (Ho, 1987), sans compter les Ninja Terminator, Ninja Holocaust, Ninja Dragon, Ninja The Protector, Ninja Kill et autres Ninja Powerforce. Sans que notre ami touche le moindre kopeck supplémentaire ! On comprend que l'acteur en soit sorti complètement désabusé, comme le montre son faciès ci-dessous...
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Fin de carrière cinématographique sous la bannière des ninjas pour Richard Harrison...

Devant tant d'adversité, Richard Harrison préfère mettre un quasi-terme à sa carrière cinématographique au tout début des années 90. Sebastian Harrison, l'un des trois fils qu'il a eu de son premier mariage et qui a joué notamment auprès de son paternel dans L'implacable défi (Bruce Le, 1985), rendait un hommage à son père sur le site Web de sa société d'électronique baptisée Gladiator Electronics (clin d’œil à la carrière de Richard Harrison). Ce site (conséquence de la crise ?) a malheureusement fermé ses portes fin décembre 2008.
Pour en savoir plus, consultez l'excellent site Nanarland auquel Richard Harrison a accordé une interview il y a quelques années.

Publié dans Titres abscons

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