Le Film du jour n°182 : Que fais-tu... grande folle ?

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°182 : Que fais-tu... grande folle ?
Titre original : Splendori e miserie di Madame Royale
Un film italien de Vittorio CAPRIOLI (1970) avec Ugo Tognazzi, Maurice Ronet, Vittorio Caprioli, Jenny Tamburi, Carlotta Mea...
Huit ans avant le célébrissime La cage aux folles (Molinaro, 1978) où il joue le compagnon de longue date de Zaza di Napoli (Michel Serrault), Ugo Tognazzi s'était déjà glissé dans la peau d'un homosexuel légèrement maniéré pour Que fais-tu... grande folle ?, un film réalisé par l'acteur Vittorio Caprioli (1921-1989).
Le Film du jour n°182 : Que fais-tu... grande folle ?

Vittorio Caprioli, acteur et réalisateur

Déjà responsable d'un long métrage innocemment intitulé Et si on faisait l'amour ? (1968), avec Pierre Clémenti et Claudine Auger à l'affiche, Vittorio Caprioli est bien connu des spectateurs français qui l'ont vu dans de nombreuses comédies telles Zazie dans le métro (Malle, 1960) avec Philippe Noiret, Le magnifique (de Broca, 1973) avec Jean-Paul Belmondo, La moutarde me monte au nez (Zidi, 1974) avec Jane Birkin et Pierre Richard, Catherine et compagnie (Boisrond, 1975) avec Jane Birkin et Patrick Dewaere, L'aile ou la cuisse (Zidi, 1976) avec de Funès et Coluche, ou Le coup du parapluie (Oury, 1980) avec Valérie Mairesse et Pierre Richard.
Le Film du jour n°182 : Que fais-tu... grande folle ?

Jane Birkin et Vittorio Caprioli dans Catherine et Cie (Boisrond, 1975) (image : www.toutlecine.com)

En Italie, Vittorio Caprioli, en tant qu'acteur, a également écumé les comédies, et pas forcément les plus fines à l'instar de Comment j'ai appris à aimer les femmes (Salce, 1966), Ce cochon de Paolo (Vicario, 1972), La belle et le puceau (Dallamano, 1973), Mademoiselle Cuisses-Longues (Martino, 1973), La prof donne des leçons particulières (Cicero, 1975), etc.
Plus sérieusement, il a aussi joué pour Federico Fellini (Les feux du music-hall, 1950), Roberto Rossellini (Le général Della Rovere, 1959 ; Le messie, 1974), Jacques Rozier (Adieu Philippine, 1960), Jean-Luc Godard (Tout va bien, 1972) et Bernardo Bertolucci (La tragédie d'un homme ridicule, 1981). Et, sur ses vieux jours, Vittorio Caprioli n'a jamais craché sur le film de fesses, puisqu'il est aussi à l'affiche de monuments du genre comme Le trouble-fesses (Foulon, 1976), Messaline, impératrice et p... (B. Corbucci, 1977) - il y joue l'empereur Claude - ou Vices et caprices (1987) du "maître" de l'érotisme italien Tinto Brass.
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Ugo Tognazzi et Vittorio Caprioli dans Que fais-tu... grande folle ?

Que fais-tu... grande folle ? l'histoire : Alessio (Ugo Tognazzi) est un ancien danseur de ballet qui a abandonné le monde du spectacle pour s'occuper de Mimmina, la fille d'un vieil ami. Mais Mimmina fait les quatre cents coups et risque d'être arrêtée à la suite d'un avortement, acte encore illégal à l'époque. Un commissaire de police exerce alors un chantage sur Alessio qui, sous le nom de Madame Royale (cf. le titre original du film), organise régulièrement des soirées déguisées pour la communauté homosexuelle. S'il ne veut pas voir sa protégée sous les verrous, Alessio devra fournir des informations à la police sur certains de ses invités, légèrement trafiquants sur les bords. Pris entre deux feux, Alessio va se voir abandonné de tous. Et ça finira mal...
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Jenny Tamburi en une d'un magazine intellectuel...

Le Film du jour a déjà évoqué l'actrice Jenny Tamburi (1952-2006) qui joue Mimmina dans Que fais-tu... grande folle ? On retrouvera en effet l'actrice aux côtés d'Aldo Maccione dans ce film sublime intitulé... Plus moche que Frankenstein, tu meurs (Crispino, 1975).
Que fais-tu... grande folle ! constitue la première apparition de Jenny Tamburi, alors âgée de 17 ans, sur grand écran. La mignonne qui n'a pas froid aux yeux (ni au torse...) se fera aussi remarquer dans La vie sexuelle dans une prison de femmes (Di Silvestro, 1973) et dans un classique de la "nunsploitation" (malheureusement inédit en France) intitulé Le scomunicate di San Valentino (Grieco, 1974), où une troupe de bonnes sœurs passablement déchaînées lui fait subir les derniers outrages.
Jenny Tamburi terminera sa carrière cinématographique en beauté dans La fille aux bas nylons (d'Amato, 1986), film où elle côtoie (de très, très près) Laura Gemser, l'actrice spécialisée dans le rôle d'Emanuelle (avec un M !!!).
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Maurice Ronet

Le commissaire de police ambigu de Que fais-tu... grande folle ?, quant à lui, est interprété par Maurice Ronet, né en 1927 de deux parents comédiens sous le nom de... Maurice Robinet. Son père Émile Robinet, qu'on voit dans quelques petits rôles au cinéma (Bécassine de Pierre Caron en 1940, Ma tante d'Honfleur de René Jayet en 1949, L'amour d'une femme de Jean Grémillon en 1954), avait déjà pris le pseudonyme de Ronet.
Après des débuts au théâtre ("Les parents terribles" de Jean Cocteau, "Roméo et Juliette" de Shakespeare, etc.), Maurice Ronet démarre au cinéma dans Rendez-vous de juillet (Jean Becker, 1949) aux côtés d'autres jeunes acteurs comme Daniel Gélin (né en 1921), Brigitte Auber (née en 1928) et Nicole Courcel (née en 1931). Dans ce film, ses parents sont joués par... son vrai père et sa vraie mère (Gilberte Ronet).
Les petits rôles s'enchaînent alors pour Maurice Ronet, qui marque les spectateurs par son allure de héros romantique légèrement désabusé. Mais il faudra attendre 1957 pour que l'acteur éclate vraiment avec le célèbre et inoubliable Ascenseur pour l'échafaud de Louis Malle. Entre-temps, Maurice Ronet avait épousé... et divorcé de Maria Pacôme. "La vraie raison de notre divorce tient à ce que nous avons été malheureux ensemble parce que nous étions pauvres. Je ne pouvais supporter d'avoir un témoin quotidien de mes frustrations", précisa-t-il à l'époque.
Le Film du jour n°182 : Que fais-tu... grande folle ?

Maurice Ronet dans Le feu follet (Malle, 1963) (image : www.toutlecine.com)

De 1959 à 1970, tout ira néanmoins pour le mieux pour Maurice Ronet qui va enchaîner les rôles mémorables, même s'il interprète une suite de personnages désespérés, avec suicide ou disparition violente à la clé, comme dans Plein soleil (Clément, 1959) - où il rencontre Alain Delon qui devient son ami -, La dénonciation (Doniol-Valcroze, 1961), Le feu follet (Malle, 1963) (sans doute son meilleur rôle) - film où il retrouve Jeanne Moreau croisée sur Ascenseur pour l'échafaud -, La ligne de démarcation (Chabrol, 1966, avec Jean Seberg) La femme infidèle (Chabrol, 1968, avec Stéphane Audran et Michel Bouquet), La piscine (Deray, 1968, avec Alain Delon, Romy Schneider et Jane Birkin) ou Raphaël le débauché (Deville, 1970, avec Françoise Fabian).
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Maurice Ronet face à Romy Schneider dans La piscine (Deray, 1968) (image : www.toutlecine.com)

Dans les années 70 et au début des années 80, les rôles interprétés au cinéma par Maurice Ronet sont nettement moins intéressants. On le remarque quand même dans Mort d'un pourri (Lautner, 1977, avec encore Alain Delon), Beau-père (Blier, 1981) et La balance (Swaim, 1982). L'acteur est aussi passé plusieurs fois derrière la caméra. Il a notamment signé deux longs métrages de fiction pour le cinéma : Le voleur de Tibidabo (1964) avec Anna Karina, et Bartleby (1976), excellente adaptation d'un conte d'Herman Melville, avec Michael Lonsdale.
Maurice Ronet est mort d'un cancer en 1983 en laissant derrière lui un fils (Julien Ronet), né en 1980 de sa relation avec Joséphine Chaplin, l'une des nombreuses filles de Charlie Chaplin. On a vu l'acteur pour la dernière fois au cinéma dans Surprise-partie (1983), un film de Roger Vadim.

Publié dans Titres débiles

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