Le Film du jour n°178 : La mariée a du chien
Titre original : Wild and Wonderful
Un film américain de Michael ANDERSON (1963) avec Tony Curtis, Christine Kaufmann, Larry Storch, Marty Ingels, Jules Munchin, Pierre Olaf, Marcel Dalio...
Certes, La mariée a du chien n'est pas un titre à se tordre de rire et à faire pipi sous soi... mais le titre d'un Film du jour, ça peut aussi être le charme désuet, l'expression démodée, les bouffées de naphtaline... n'en déplaise à certains lecteurs (et lectrices) qui voudraient que les arrière-trains sifflent trois fois à chaque numéro !
Trêve de plaisanterie. Au cinéma, la mariée, depuis 1895, a l'habitude d'être accommodée à toutes les sauces, des plus subtiles aux plus indigestes. Entre le cinéma de boulevard poussiéreux (Il a été perdu une mariée de Léo Joannon, 1932 ; Le coucher de la mariée de Roger Lion, 1933), le comique troupier lourdingue (La mariée du régiment de Maurice Cammage, 1935) en passant par la "screwball comedy" plus ou moins enlevée (La mariée célibataire de Alexander Hall, 1940), la comédie familiale sympathique (Le père de la mariée de Vincente Minnelli, 1950, et son remake tourné en 1990 par Charles Shyer), la comédie romantique nunuche (La mariée est folle de Norman Taurog, 1948), le marivaudage de bon aloi avec notre BB nationale au sommet de sa beauté (La mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit, 1956), le thriller classieux (La mariée était en noir de François Truffaut, 1967), le film de vampires à sous-texte lesbien (La mariée sanglante, Aranda, 1972) et le film franco-kurde (Vive la mariée... et la libération du Kurdistan ! de Hiner Saleem, 1997), le cinéphile a l'embarras du choix ! Il ne restait plus qu'à filer un chien, forcément cabot, entre les mains de la promise, ce qui fut fait en 1964, et nous avons La mariée a du chien !
Christine Kaufmann et Tony Curtis dans La mariée a du chien
Descendu en un seul et unique mot ("soporifique") dans le Guide des films de Jean Tulard, La mariée a du chien est à mettre au compte du réalisateur britannique Michael Anderson, né en 1920 et toujours de notre monde. Bon faiseur, on lui doit quelques longs métrages relativement connus comme Le tour du monde en 80 jours (1956) avec David Niven en Phileas Fogg, les deux derniers films tournés par Gary Cooper (Cargaison dangereuse, 1959, et La lame nue, 1960) ainsi que L'âge de cristal (1976) avec Michael York et Chroniques martiennes (1979) avec Rock Hudson, deux œuvres de science-fiction qui ont leurs supporters.
Michael York et Jenny Agutter dans L'âge de cristal (1976), célèbre film de science-fiction signé Michael Anderson (image : allocine.fr © Collection Christophe L.)
Michael Anderson a également signé, entre autres, deux films de guerre réussis (Les briseurs de barrages, 1955, et Opération Crossbow, 1965), des adaptations plus ou moins ratées de célèbres romans (1984, 1957 ; Les souliers de Saint-Pierre, 1968) ainsi qu'un avatar des "Dents de la mer" où le requin est remplacé par une orque femelle à la dent exceptionnellement dure (Orca, 1977, avec Richard Harris et Charlotte Rampling).
Le réalisateur s'est par ailleurs fendu d'une mise en images d'une pièce de théâtre écrite par un dénommé Karol Wojtyla (Jean-Paul II, pour les billes et les mécréants...) (La boutique de l'orfèvre, 1989, avec Burt Lancaster). Pinocchio et Gepetto (2000) est le dernier film bouclé pour le cinéma par Michael Anderson... à ce jour (mais on imagine mal que l'homme, à 90 ans passés, puisse encore réaliser d'autres films pour le grand écran). C'est Martin Landau qui endosse la défroque de Gepetto dans cette énième adaptation cinématographique de l’œuvre de Collodi.
La mariée a du chien, l'histoire : L'américain Terry Williams (Tony Curtis) vit à Paris. Un jour, il recueille un chien perdu... qui se trouve être une star du petit écran (un caniche dénommé Monsieur Cognac, pour la première fois à l'écran - c'est écrit sur l'affiche -). Terry tombe amoureux de sa propriétaire (Christine Kaufmann). Mais le chien-chien à sa mémère, tyrannique, ne l'entend pas de cette oreille et tente de s'interposer entre eux. J'sais pas vous, mais moi j'ai envie de bailler et d'aller faire coucouche panier...
Vrai mariage à la ville en 1963 pour Tony Curtis et Christine Kaufmann
Figurez-vous que Tony Curtis et Christine Kaufmann, à l'époque de La mariée a du chien, étaient... mari et femme dans la vraie vie ! Les deux tourtereaux s'étaient passé mutuellement la bague au doigt en 1963. Ils divorcèrent en 1967, non sans donner naissance à deux filles, Alexandra et Allegra, les demi-sœurs donc de l'actrice Jamie Lee Curtis, née en 1958 du précédent mariage de Tony Curtis avec l'actrice américaine Janet Leigh (immortalisée en étant lardée de coups de couteau sous la douche dans Psychose d'Alfred Hitchcock).
Née en 1945 d'un père allemand et d'une mère française, Christine Kaufmann avait rencontré Tony Curtis sur le tournage de Tarass Boulba (Jack Lee Thompson, 1962) alors qu'elle n'avait que 17 ans et son futur mari... vingt de plus.
Christine Kaufmann démarra sa carrière d'actrice à l'âge de 7 ans
Christine Kaufmann fit très tôt son entrée dans le monde artistique. Elle fut ballerine à l'Opéra de Munich et commença sa carrière d'actrice à l'âge de sept ans en 1952 dans une version cinématographique de l'indéboulonnable Auberge du cheval blanc, signée Willi Forst. Deux ans après, Rosen-Resli (Reinl, 1954), où elle interprète le rôle-titre, lui apporte la célébrité dans les contrées germaniques.
La jeune fille enchaîne alors avec un certain succès les films, d'abord en Allemagne (Le ciel n'est pas à vendre, Marischka, 1958 ; Jeunes filles en uniforme, Von Radvanyi, 1958, avec Lilli Palmer et une certaine Romy Schneider), puis en Italie (Brèves amours, Mastrocinque, 1959, avec Michèle Morgan ; Les derniers jours de Pompéi, Bonnard, 1959, avec Steve Reeves) et même en France (Un nommé La Rocca, Jean Becker, 1961, avec Belmondo).
Dans les bras de Steve Reeves lors des Derniers jours de Pompéi (Bonnard, 1959)
C'est toutefois aux côtés de Kirk Douglas dans Ville sans pitié (Reinhardt, 1961) que Christine Kaufmann accéde à la notoriété internationale. L'actrice décroche d'ailleurs en 1962 le Golden Globe de la révélation féminine de l'année, trophée qu'elle partage avec Jane Fonda et Ann-Margret.
Mariée à Tony Curtis, Christine Kaufmann va mettre en sourdine sa carrière pendant quatre ans... et disparaître de l'affiche, le turnover des actrices féminines étant impitoyables à Hollywood. Elle ne reprendra le chemin des studios qu'en 1968... et surtout à la télévision allemande. Au cinéma, on la croisera néanmoins chez Werner Schroeter (La mort de Maria Malibran, 1971 ; Willow Springs, 1972 ; Flocons d'or, 1976 ; Le jour des idiots, 1981), Rainer W. Fassbinder (Lili Marleen, 1980 ; Lola, une femme allemande, 1981) et Peter Fleischmann (Un dieu rebelle, 1990). C'est aussi Christine Kaufmann qui joue la tatoueuse blasée dans le célébrissime Bagdad Café (Adlon, 1987).
Christine Kaufmann dans les années 2000