Le Film du jour n°172 : Dieu merci, c'est vendredi !
Titre original : Thank God, It's Friday
Un film américain de Robert KLANE (1978) avec Valerie Landsburg, Terri Nunn, Chick Vennera, Donna Summer, Jeff Goldblum...
Qui se souvient que Donna Summer, l'interprète inoubliable de "Love to love you, baby", "I feel love", "I need you", Could it be magic", "Hot Stuff" et "Bad Girls", alla jusqu'à traîner ses guêtres dans un long métrage de cinéma ? Pas grand-monde, si ce n'est les nostalgiques vieillissants de boules à facettes, de lumières psychédéliques, de maxi-45 tours et de rythme martelé à la grosse caisse à 120 battements à la minute. Toujours est-il que Dieu merci, c'est vendredi ! est le seul long métrage de cinéma où le fan enamouré peut admirer la grande prêtresse du disco dans ses œuvres. Malheureusement, Donna Summer est décédée le 17 mai 2012 à l'âge de 63 ans des suites d'un cancer.
Si le film a sombré dans un oubli général mérité, Thank God it's Friday rafla quand même l'Oscar 1979 de la meilleure chanson originale, décerné pour le tube "Last Dance" que l'on entend encore régulièrement sur les ondes. Le Film du jour est fier de préciser qu'il possède le double album original de la BO de Dieu merci c'est vendredi !, avec, à l'intérieur et en bonus, un maxi-45 tours à une seule face (si, c'est possible !) sur lequel Donna Summer interprète une version de "Je t'aime (moi non plus)" ! Oui, vous avez deviné, l'auteur de ces lignes était né en 1978... A l'époque, il était moche, avec la moustache mitée et la tronche couverte de boutons... Bon, ça s'est guère amélioré depuis...
A l'exception de Donna Summer et des Commodores, Dieu merci, c'est vendredi ! ne compte guère de célébrités internationales au générique. On y découvre quand même des têtes destinées à un succès ultérieur comme Jeff Goldblum, alors âgé de seulement 26 ans. L'acteur deviendra mondialement célèbre en interprétant La mouche (1986) de David Cronenberg aux côtés de Geena Davis, qui fut son épouse de 1987 à 1990. On déniche aussi, aux détours de quelques scènes, Debra Winger, 23 ans au compteur à l'époque. L'actrice accéda à la notoriété quelques années plus tard avec ses rôles dans Officier et gentleman (Hackford, 1982) et Tendres passions (J. Brooks, 1983).
Jeff Goldblum dans Dieu merci, c'est vendredi !
Dieu merci, c'est vendredi ! l'histoire : C'est vendredi (on s'en doute, vu le titre !). Tout un chacun se fait tout beau, toute belle pour passer la soirée et la nuit sur la piste de la discothèque en vogue. Les Commodores (dont Lionel Richie, membre du groupe à l'époque) doivent y donner un concert. Nicole compte bien saisir l'occasion pour devenir une star du disco (et ça va marcher... pfff, c'est normal, c'est Donna Summer...). D'autres espèrent gagner le concours de danse prévu ce soir-là, d'autres encore vont tenter de glisser un peu de piment dans leur relation conjugale...
La vogue du disco, dont la meilleure période s'étend de 1975 à 1979, n'a pas épargné le cinéma. Pour le meilleur et, surtout, pour le pire ! Certes, La fièvre du samedi soir (Badham, 1978) est un film qui se laisse encore voir : le réalisateur connaît son métier, John Travolta, avec 30 kilos de moins, s'en sort pas mal, et il faut être particulièrement bégueule pour ne pas apprécier les chansons des Bee Gees. Mais le reste de la production cinématographique consacrée au disco oscille entre l'atroce et le ringard... absolus. A cet égard, deux films, sortis sur les écrans français, remportent le pompon haut la main ! En matière de dommages collatéraux, ils ont même réussi à saborder définitivement les carrières de leurs acteurs principaux.
Olivia Newton-John chante le titre-phare de "Xanadu" sur une musique d'Electric Light Orchestra
Le premier, répondant au doux nom de Xanadu (Greenwald, 1980), narre l'histoire de l'une des neuf muses descendue sur terre pour inspirer à un jeune musicien l'idée de bâtir un temple à la gloire du disco... avec une piste pour patins à roulettes s'il vous plaît... On se demande comment un producteur a pu débourser des millions de dollars sur un sujet aussi débile, d'autant que les deux acteurs principaux (Olivia Newton-John et Michael Beck) ont toutes les peines à tenir debout sur lesdits patins.
Ajoutez à ça un Gene Kelly de 68 ans (ce fut son dernier film sur grand écran...) et vous obtenez un long métrage à peine regardable : on se sent obligé de détourner pudiquement les yeux au moment où le grand danseur qu'était Gene Kelly monte sur les patins à roulettes, de peur de voir sa moumoute tomber par terre au moindre geste brusque un peu malencontreux...
La bande-originale de "Xanadu" : avec Gene Kelly !
Autant dire que la carrière cinématographique d'Olivia Newton-John, pourtant portée au firmament deux ans plus tôt avec Grease (Kleiser, 1978), tourna court et la belle dut se tourner vers la télévision. Quant au beau Michael Beck, repéré en chef de bande dans Les guerriers de la nuit (W. Hill, 1979), il dut remballer ses espoirs et se cantonner par la suite à la TV et aux films de série B à petit budget. "Avec Les guerriers de la nuit, j'avais vu les portes d'Hollywood s'ouvrir en grand, précisa-t-il plus tard. Xanadu me les a fermées à jamais !".
Enfin, tout ça n'est que de la roupie de sansonnet à côté de Rien n'arrête la musique (Walker, 1980), plus connu sous son titre américain Can't Stop the Music... Le seul film avec les merveilleux Village People ! Nous y suivons le héros, futur génie du disco, qui, en compagnie de sa colocataire, monte de toutes pièces un groupe formé de six messieurs tous habillés d'un uniforme différent. Après quelques avanies, le groupe accédera au succès mondial ! Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé... etc., etc. etc.
La bande-annonce de "Rien n'arrête la musique" : y a pas à dire, ça donne envie
Le résultat dépasse tout ce que l'amateur de nanar peut espérer : tout est mal filmé, tous les décors sont de mauvais goût, tous les dialogues sont prononcés sur un ton hystérique, toutes les chansons sont à vomir (excepté YMCA qui est le seul tube chanté par les Village People dans le film).
Pour ceux qui avaient encore des doutes sur le type de public visé initialement par les inventeurs du groupe, la scène où est chanté YMCA les rassurera au plus haut point : tout est filmé dans les vestiaires masculins et dans la salle d'entraînement d'une vraie YMCA avec gros plans sur des musculatures avantageuses et des fessiers galbés, virées sous la douche, ralentis et zooms sur des corps en plein effort et des grands écarts au trampoline...
YMCA dans le texte !
A l'affiche, Steve Guttenberg, qui réussira quand même à se refaire une seconde jeunesse quatre ans plus tard avec la série (tout aussi débile) des Police Academy, et Valérie Perrine, pourtant détentrice en 1974 d'une nomination à l'Oscar de la meilleure actrice pour son rôle aux côtés de Dustin Hoffman dans l'excellent Lenny de Bob Fosse. Dans Rien n'arrête la musique, elle est très mauvaise et, par la suite, on la reverra assez peu au cinéma.
Rajoutez à cette tambouille, et dans un rôle principal, le champion olympique du décathlon aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976 (Bruce Jenner, qui passe, en un seul plan de coupe, du statut de jeune homme coincé, habillé d'un costume trois pièces gris souris, à celui de jeune déluré décomplexé vêtu d'un mini short moule-burnes en jeans et d'un t-shirt rikiki dévoilant des abdos en tablette de chocolat), et vous avez là un spectacle de haute volée ! Fait étonnant, Bruce Jenner, qui fut l'époux de Kris ex-Kardashian, a changé de sexe en 2015 et s'appelle désormais Caitlyn Jenner.
Quant à Nancy Walker, la réalisatrice de ce "monument' décédée en 1992, ce fut son premier et dernier film pour le grand écran. "Cette actrice à moitié célèbre faisait des pubs télé pour des serviettes en papier et, à part quelques épisodes de sitcoms, n'avait jamais rien réalisé de sa vie... Autant confier Star Wars à la mère Denis", précise François Kahn, dans L'encyclopédie du cinéma ringard... On ne saurait mieux dire !