Le Film du jour n°161 : La vie privée d'Adam et Eve
Titre original : The Private Lives of Adam and Eve
Un film américain de Mickey ROONEY et Albert ZUGSMITH (1960) avec Mamie Van Doren, Marty Milner, Mickey Rooney, Tuesday Weld, Paul Anka
Les "vies privées" sont très prisées au cinéma. En insérant ces deux mots dans le titre d'un film, peut-être les producteurs espèrent-ils attirer les spectateurs avides de détails croustillants, qui sait ? Quelques exemples parmi bien d'autres : Vie privée (Malle, 1961), où Brigitte Bardot joue son double assailli et acculé par la presse à sensation, La vie privée d’Elizabeth d'Angleterre (Curtiz, 1939) avec une Bette Davis impressionnante en Elizabeth Ire, La vie privée d'Henri VIII (Korda, 1935) avec Charles Laughton dans le rôle du souverain anglais aux six épouses (dont deux étêtées), La vie privée d'Hitler (Heisler, 1961), interprétation "sexuelle" de la destinée du dictateur, La vie privée d'un sénateur (Schatzberg, 1979) - sans commentaire - ou bien encore La vie privée de Sherlock Holmes (Wilder, 1969), film où le mythe du grand détective est passé à la moulinette de la subversion et de l'ironie.
Mamie Van Doren et Mickey Rooney dans La vie privée d'Adam et Eve (image : www.autograph-galery.co.uk)
Réalisé à quatre mains, La vie privée d'Adam et Eve est un assez mauvais film, disons-le d'emblée, mais avec un titre pareil qui aurait pu en douter ? Ce long métrage réunit toutefois derrière la caméra deux personnages qui sortent de l'ordinaire. Si (presque) tout le monde connaît l'acteur Mickey Rooney, petit par la taille (1,57 m) mais grand par le talent, le producteur et réalisateur Albert Zugsmith (1910-1993) jouit d'une célébrité nettement moindre.
Et pourtant, c'est lui qui, pour les studios Universal, produisit des films comme La soif du mal (1958), l'un des chefs-d’œuvre d'Orson Welles avec Charlton Heston et Janet Leigh, Écrit sur du vent (1956), l'un des plus beaux longs métrages de Douglas Sirk avec Rock Hudson, Robert Stack, Lauren Bacall et Dorothy Malone, et l'excellent film d'anticipation L'homme qui rétrécit (Arnold, 1957).
Lorsque à la fin des années 50, Hollywood se mit à s'intéresser aux problèmes de la jeunesse américaine afin d'attirer dans les salles les adolescents amateurs de rock'n'roll et désireux de bousculer un peu l'ordre établi, Albert Zugsmith sauta sur le filon. Il produisit Jeunesse droguée (Arnold, 1958) avec notamment Jerry Lee Lewis, ainsi que Les beatniks (Haas, 1959), deux perles emblématiques du genre "films de campus" alors très en vogue. Il passa lui-même derrière la caméra pour réaliser quelques spécimens du même tonneau comme College Confidential (1960) (inédit en France) et Sex Kittens Go to College (1960) (également inédit dans l'Hexagone) avec, dans ce dernier film, Mijanou Bardot, la propre sœur de Brigitte Bardot !
L'un des films dits de "campus" produits par Albert Zugsmith (image : www.fan-de-cinema.com)
En fait, Albert Zugsmith est surtout connu pour avoir réalisé un film totalement atypique avec Vincent Price en tête d'affiche et intitulé... Les confessions d'un mangeur d'opium (1962), d'après l’œuvre de l'écrivain britannique Thomas de Quincey qui, dans son livre, analyse lucidement son addiction à la drogue. Enfin, n'oublions pas qu'Albert Zugsmith, décidément hautement recommandable, produisit l'un des premiers films de Russ Meyer, spécialiste et amateur de grosses poitrines (Fanny Hill, 1964). Les deux hommes, apparemment, partageaient la même passion pour les femmes fortement nichonnées... comme nous le verrons un peu plus bas !
La vie privée d'Adam et Eve, l'histoire : A bord d'un bus, un groupe de voyageurs se dirige vers Reno. Mais un déluge s'abat sur eux, le car s'embourbe et la petite troupe se réfugie dans la petite église d'une bourgade dénommée Paradise. Les passagers s'endorment et rêvent qu'ils sont au jardin d’Éden (là, le film vire brusquement du noir au blanc à la couleur selon le procédé Spectacolor comme le clame l'affiche). Un couple mal assorti (dont l'épouse est jouée par la "pulpeuse" - le mot est faible... - Mamie Van Doren) se retrouve dans la peau d'Adam et Eve... juste avant que celle-ci ne croque la pomme fatidique. Détail particulièrement attristant, les longs cheveux blond platine de Mamie Van Doren, pourtant torse nu pour l'occasion, restent désespérément collés sur sa poitrine plantureuse... Remboursez !
Mamie Van Doren, plantureuse Eve dans La vie privée d'Adam et Eve (image : www.hollywoodpinup.com)
Née en 1931, Mamie Van Doren, la fameuse Eve du film, démarre sa carrière de manière plutôt tonitruante puisqu'elle est élue Miss Palm Springs en 1948. Sa plastique est immédiatement repérée par Howard Hughes, grand collectionneur d'actrices devant l’Éternel (il mit quand même dans son lit Jean Harlow, Katharine Hepburn, Bette Davis, Olivia de Haviland, Ginger Rogers, Jean Peters et Ava Gardner). Pas chien, celui-ci lui confie quelques pannouilles dans des films du studio RKO, propriété de l'avionneur à l'époque. Aussi aperçoit-on subrepticement Mamie Van Doren dans Fini de rire (Farrow, 1951, avec Robert Mitchum et Jane Russell), Double filature (Maté, 1953, avec Tony Curtis) et dans Les espions s'amusent (Von Sternberg, 1957, avec John Wayne et Janet Leigh).
Mamie tout en glamour... (image : www.mamievandoren.com)
En 1953, la pépée peroxydée est engagée par le studio Universal qui veut en faire une concurrente de Marylin Monroe qui, elle, exerce ses talents à la Fox. Mais, si les deux femmes partagent quelques points communs (les cheveux blond platine et une certaine opulence au niveau du torse), le talent de comédienne de Mamie Van Doren n'est apparemment pas sensationnel (elle a d'autres atouts, me direz-vous...). Tout juste la considère-t-on comme une pâle copie de Jayne Mansfield, autre actrice blond platine aux mensurations mammaires exceptionnelles.
Mamie Van Doren sait comment déformer un chandail...
A partir de 1956, Mamie Van Doren décroche quelques rôles plus consistants, notamment dans les productions et les réalisations d'Albert Zugsmith, apparemment séduit, lui aussi, par les rondeurs de la dame.
La bombe anatomique est ainsi au générique des quatre films cités plus haut, films qui restent, à ce jour, les plus grands titres de gloire de Mamie : Jeunesse droguée, Les beatniks, College Confidential et Sex Kittens Go to College. Liste à laquelle il convient d'ajouter cette Vie privée d'Adam et Eve, coréalisé par le même Zugsmith.
Dans les années 60, la trentaine bien tapée, les apparitions au cinéma de la créature vont néanmoins se raréfier . Citons néanmoins Obsession érotique (Noonan, 1964) - tout un programme - et ce joyau du n'importe quoi intitulé Voyage to the Planet of the Prehistoric Women (Bogdanovitch, 1968). Enfin, tout ça n'est pas bien grave puisque Mamie Van Doren est aujourd'hui devenue culte, notamment dans les milieux gay.
Mamie Van Doren en 2007
Entrée dans sa neuvième décennie, à peine décatie (à mon avis, il y a des chirurgiens esthétiques qui sont devenus millionnaires en travaillant sur la bête...) et toujours aussi peu avare de ses charmes, la dame continue de tenir ses fans au courant de ses moindres faits et gestes à travers son site Web
(www.mamievandoren.com). A consulter séance tenante ! Pour plus de détails croustillants, consulter la rubrique Pépée du jour.