Le Film du jour n°159 : Le tigre sort sans sa mère

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Da Berlino, l'apocalisse

Un film franco-germano-italien de Mario MAFFEI (1967) avec Roger Hanin, Margaret Lee, Peter Carsten, Claude Dauphin, Ivan Desny, Helga Sommerfeld..

Le fameux Tigre du titre n'est autre que le surnom de l'excellent agent secret français interprété au cinéma par le tout aussi fameux Roger Hanin, dans sa période pré-pied noir truculent à la sauce Grand Pardon (voir Le gorille a mordu l'archevêque). C'était la troisième fois que le gros Roger endossait le costume de l'espion hexagonal après Le tigre aime la chair fraîche (1964) et Le tigre se parfume à la dynamite (1965), deux films signés par un Claude Chabrol en roue libre.

Signalons quand même que le personnage du Tigre se nomme réellement Louis Rapière... tout du moins dans les deux longs métrages de Chabrol. Dans Le tigre sort sans sa mère, il s'appelle Julien Saint-Dominique. Allez comprendre ! En tout cas, dans les trois films, la vedette est bien le futur Navarro, déjà légèrement grassouillet... Tout le monde ne peut pas jouer les James Bond avec pectoraux saillants, à l'instar de Sean Connery ou Daniel Craig...

Un assez bon western-spaghetti signé Mario Maffei

Si Le tigre sort sans sa mère ne vaut pas tripette, on doit quand même à son metteur en scène Mario Maffei, un monsieur qui fut essentiellement assistant-réalisateur, un assez bon western-spaghetti intitulé Sous la loi de Django (1965) (en v.o. La grande notte di Ringo...). Pourquoi Ringo est-il devenu Django en franchissant les Alpes ? Ça, c'est l'un des grands mystères de la distribution cinématographique à la française, cf. l'affaire Trinita traitée dans Même à l'ombre, le soleil leur a tapé sur la tête.

Le film est connu pour être le tout premier avec l'acteur d'origine autrichienne William Berger (1928-1993), une figure récurrente des westerns-spaghettis entre 1965 et 1975. Le cinéphile averti l'aura repéré dans des films comme El Cisco (Bergonzelli, 1966), Le dernier face à face (Sollima, 1967), Sartana (Parolini alias Kramer, 1969), Sabata (Parolini alias Kramer, 1969), Sartana dans la vallée des vautours (Mauri, 1970), Quand les colts fument... on l'appelle Cimetière (Carnimeo alias Ascott, 1971) ou Keoma (Castellari, 1976).

L'affiche italienne du film

Le tigre sort sans sa mère, l'histoire : Julien Saint-Dominique, célèbre agent français surnommé Le Tigre (je l'ai déjà dit mais tant pis...), est envoyé à Berlin-Ouest pour enquêter sur la mystérieuse disparition d'un haut fonctionnaire, Reischau, qui affirmait être en possession d'informations de la plus haute importance concernant la préparation d'une troisième guerre mondiale. Eh oui, une organisation secrète contrôlée par une puissance "asiatique" tente de provoquer un conflit entre l'Est et l'Ouest afin de tirer les marrons du feu... Mais Le Tigre est là et ça ne vas pas se passer comme ça, c'est moi qui vous le dis !

Inutile de revenir sur la carrière de Roger Hanin (pour celles et ceux qui défaillent à la vue du beau-frère de feu Mitterrand, prière de consulter Le gorille a mordu l'archevêque).

Margaret Lee

Intéressons-nous plutôt à la sublime Margaret Lee, que le Film du jour a déjà évoquée succinctement dans New York appelle SuperDragon et qui est notre Pépée du jour n°13.

Née en 1943 (mais certains goujats affirment qu'elle a vu le jour en 1939), la britannique Margaret Lee, sorte de starlette ultime, a su étaler sa plastique irréprochable sur de nombreux magazines de charme dans les années 60 et 70. Cela ne l'a guère empêchée de se trémousser aussi dans près de soixante-dix films et de maîtriser autant la langue de Shakespeare que celle de Dante. Voilà pourquoi la belle fit la plus grande partie de sa carrière cinématographique en Italie.

Dès 1962, Margaret Lee apparaît sur les écrans transalpins et enchaîne les films à petit budget, les péplums notamment, comme Maciste contre les monstres (Malatesta, 1962) et Samson l'invincible (Boccia, 1963). Claude Chabrol, qui a l’œil, la repère et la fait jouer dans Le tigre se parfume à la dynamite (1964), aux côtés de Roger Hanin déjà. Margaret Lee écume alors les films d'espionnage européens tournés avec trois francs, six sous et la liste est longue : Fureur sur le Bosphore (Grieco, 1965) avec Ken Clark, New York appelle SuperDragon (Ferroni, 1966) avec Ray Danton, Le carnaval des barbouzes (Cardone, 1966) avec Stewart Granger, Opération Marrakech (Sharp, 1966) avec Tony Randall, Ramdam à Rio (Maiuri & Levin, 1966) avec Raf Vallone, Le tigre sort sans sa mère, etc.

Margaret Lee et Ray Danton dans New York appelle SuperDragon (Ferroni, 1966) (image : www.toutlecine.com)

L'actrice réussit tout de même à donner la réplique à Jean Gabin dans Le soleil des voyous (Delannoy, 1967), Vittorio Gassman dans Fantômes à l'italienne (Castellani, 1967), Gian Maria Volonte dans Bandits à Milan (Lizzani, 1967) et même Rita Hayworth, plutôt au bout du rouleau, dans Le bâtard (Tessari, 1968). On la croise également dans Coplan sauve sa peau (1968) d'Yves Boisset et dans Pas de roses pour OSS117 (1968) d'André Hunebelle. Le réalisateur espagnol culte Jesus Franco, qui sait dénicher les belles créatures, l'embauche aussi pour un film d'horreur avec Christopher Lee en vedette (Le trône de feu, 1969).

Jean Gabin donne une correction à Margaret Lee (ou sa doublure) dans Le soleil des voyous (Delannoy, 1967)

C'est toutefois dans le film sexy que Margaret Lee va offrir ses plus belles prestations. A son actif : L'auberge des plaisirs (Antel, 1968) où elle joue une Pauline Bonaparte en nuisette, Liz et Helen (Hampton, alias Freda, 1969), giallo à la sauce lesbienne, Vénus en fourrure (Franco, 1969), "à mi-chemin entre Russ Meyer et David Lynch" selon un spectateur qui s'y connaît, Le dépravé (Dallamano, 1970) avec un Dorian Gray interprété par Helmut Berger, etc. Aux côtés de Rosalba Neri, Jane Garret et Gioia Desideri, elle est aussi l'une des Insatisfaites poupées érotiques du Docteur Hichcock (Di Leo, 1971). Malheureusement, en 1975, Margaret Lee décide de raccrocher les jarretelles. A la plus grande stupéfaction de ses fans...

Klaus Kinski et Margaret Lee dans Les insatisfaites poupées érotiques du Dr Hitchcock (Di Leo, 1971)

On ne verra plus l'actrice que dans deux films italiens au début des années 80, dont Les derniers monstres (Risi, 1981). Des rumeurs, que le Film du jour n’a toutefois pas réussi à confirmer en surfant sur Internet, indiquent qu'en 1975, Margaret Lee aurait été emprisonnée cinq ans pour avoir zigouillé un fan trop assidu. A sa libération, Ciné-Revue aurait publié un dossier photo dans lequel elle s'offre nue à deux hommes, un dossier titré : "La prison l'a rendue plus fougueuse encore !" (l’info émane du mensuel Mad Movies).

Margaret Lee a eu deux enfants, dont le producteur Roberto Malerba (Ocean's Twelve, V pour Vendetta, Speed Racer). On prête également à la belle créature des aventures tumultueuses avec Kim Brown, le chanteur des Renegades.

Publié dans Titres débiles

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J
C'est vrai que le titre fait sourire !! Quelle idée... En tous cas, ce blog est rempli de petites trouvailles et de trucs sympas. Je continue ma lecture de ce pas.
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