Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez
Un film franco-tunisien de Philippe CLAIR (1979) avec Anne Berger, Philippe Clair, Geneviève Fontanel, Gérard Hernandez, Evelyn Selena...
Parodie du Cid (c'est pas moi qui le dis, c'est l'affiche...), Rodriguez au pays des merguez est le troisième long métrage de Philippe Clair à accéder à l'appellation contrôlée "Film du jour", après Par où t'es rentré, on t'a pas vu sortir et Tais-toi quand tu parles ! Le réalisateur, sur lequel nous nous garderons bien de revenir, est un as du titre qui fait mouche et un spécialiste du nanar rigolo au énième degré... En un mot, un visionnaire ! (Les lecteurs sérieux, eux, classeront tout ça au rayon "bouses" sans état d'âme et ils n'auront peut-être pas tort).
Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez

Philippe Clair

Quoi qu'il en soit, Rodriguez au pays des merguez se veut la quintessence de l'humour pied-noir et de la culture "merguez". Nous laisserons aux lecteurs le soin de juger sur pièces si, au cinéma, cette culture rime avec ringard... Le Film du jour s'interdit d'entrer dans ce débat !
On notera toutefois que sur grand écran, le genre pied-noir nous a valu quelques "monuments" de la cinéphilie comme Le grand pardon (Arcady, 1981), décalque à peine déguisé du Parrain, et Le grand pardon II (1992), qui transfère toute l'action à Miami sur les traces de Scarface/Al Pacino. Le grand pardon II est signé du même homme que le premier volet (Alexandre Arcady), un monsieur qui a donné naissance à un fils plutôt doué pour la mise en scène (Alexandre Aja, réalisateur des excellents, quoique éprouvants pour les nerfs, Haute tension, La colline a des yeux et Piranhas 3D).
Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez

Le grand pardon (Arcady, 1981), le grand moment du film pied-noir (image : www.toutlecine.com)

Côté humour pied-noir, à signaler que Robert Castel (qui ne joue malheureusement pas dans Rodriguez au pays des merguez) a lui-même écrit et interprété deux productions "mergueziennes" en diable, le fameux Mais qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? (Saint-Hamont, 1980) et le non moins célèbre C'est facile et ça peut rapporter... vingt ans (Luret, 1983). Soyez assurés que le Film du jour reviendra ultérieurement sur cette dernière perle.
Rodriguez au pays des merguez, l'histoire : Philippe Clair s'inspire de "La parodie du Cid", signée par le journaliste et écrivain Edmond Brua, et écrite à la fois en vers et en langage dit "pataouète" (caractéristique du parler pied-noir). Rodrigue y devient Roro (fendard...), fils du marchand de brochettes Dodièze (Don Diègue chez Corneille) (désopilant...). Chimène est transformée en Chipette (hilarant...), fille du coiffeur Gongormatz (le comte de Gormas dans Le Cid, le vrai...) (tordant...).
Nous sommes à Bab el Oued en pleine effervescence électorale. Deux candidats, deux clans. Dodièze et Roro soutiennent Fernand et ce dernier décore Dodièze au grand dam de Gongormatz qui le gifle d'un soufflet à braises (dédié aux brochettes). Vous aurez reconnu sans peine l'allusion (plus marrant, tu meurs...) au fameux "soufflet" que le comte inflige à Don Diègue dans le Cid... Roro se retrouve donc dans une situation cornélienne (ah ah ah...).
Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez

Geneviève Fontanel

Dans Rodriguez au pays des merguez, le rôle de Chipette est endossé par Geneviève Fontanel. Née en 1936 à Paris, elle grandit à Casablanca (ceci explique sans doute cela) avant de revenir en métropole. Là, elle apprend l'art dramatique à l'école de la rue Blanche et au Conservatoire dont elle ressort avec deux premiers prix. Engagée à la Comédie française, elle y reste quatre ans avant de se consacrer principalement au théâtre et à la télévision (Vidocq, Les évasions célèbres, Maguy, etc.).
Le Film du jour n°145 : Rodriguez au pays des merguez

Geneviève Fontanel (à côté de Victor Lanoux) dans L'affaire Dominici (Bernard-Aubert, 1972) (image : www.sanbartolome.fr)

Effectivement, le bilan de la carrière cinématographique de Geneviève Fontanel est plutôt maigrichon. Sur la trentaine de films aux génériques desquels apparaît l'actrice, on retiendra surtout ses tout premiers rôles dans Un singe en hiver (Verneuil, 1962), où elle est la servante du couple joué par Suzanne Flon et Jean Gabin, et Angélique, marquise des Anges (Borderie, 1964).
En 1972, on la voit à la fois dans Une femme en bleu (Deville) aux côtés de Léa Massari et Michel Piccoli, et dans L'affaire Dominici (Bernard-Aubert), où elle interprète l'une des belles-filles du patriarche Gaston (joué, faut-il le rappeler, par un Jean Gabin tout en nuances...).
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Geneviève Fontanel dans L'homme qui aimait les femmes (Truffaut, 1976) (image : www.allocine.fr)

En 1976, Geneviève Fontanel est au générique de L'homme qui aimait les femmes de François Truffaut et le rôle lui vaut une nomination au César du meilleur second rôle féminin (décroché toutefois par Marie Dubois pour La menace d'Alain Corneau). Puis Moshe Mizrahi l'embauche pour La vie devant soi (1977) et Chère inconnue (1979), deux films avec Simone Signoret. L'actrice interprète aussi la mère de l'héroïne dans Cocktail Molotov (Kurys, 1979) et côtoie Alain Delon dans Notre histoire (Blier, 1984).
Son dernier rôle au cinéma à ce jour, Geneviève Fontanel l'a tenu dans Une pour toutes (1999) de Claude Lelouch. Au cinéma, Geneviève Fontanel a croisé Annie Girardot par trois fois (Un monsieur de compagnie de Philippe de Broca en 1964 ; Cours après moi que je t'attrape de Robert Pouret en 1976 ; La zizanie de Claude Zidi en 1977). Geneviève Fontanel est mariée depuis 1960 à l'acteur de théâtre Jacques Destoop.

Publié dans Titres à nanars

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