Le Film du jour n°143 : De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites

Publié le par lefilmdujour

Titre original : Effect of gamma rays on man-in-the-moon marigolds

Un film américain de Paul NEWMAN (1972) avec Joanne Woodward, Roberta Wallach, Nell Potts, Judith Lowry, Carolyn Coates...

Né en 1925 et décédé en 2008 d'un cancer du poumon, Paul Newman ne fut pas qu'un acteur dont les prunelles bleues faisaient chavirer les cœurs les plus endurcis. En tant que réalisateur pour le cinéma, son importance est loin d'être négligeable.

Rachel, Rachel (1968), son premier long métrage avec l'actrice Joanne Woodward (son épouse depuis 1958), avait surpris par son sujet difficile, sa sensibilité et sa délicatesse. Avec le rôle d'une jeune fille prolongée de trente ans au bord de la névrose, Joanne Woodward avait d'ailleurs été nommée à l'Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation (mais c'est Katharine Hepburn pour Un lion en hiver et Barbra Streisand pour Funny Girl qui, ex æquo, lui chipèrent la précieuse statuette).

Joanne Woodward dans Rachel, Rachel (1968), film réalisé par Paul Newman, son époux à la ville (image : www.toutlecine.com)

Après Le clan des irréductibles (1971), film sur une famille de bûcherons de l'Oregon pris en cours de route par l'acteur/réalisateur, Paul Newman signa donc De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, titre à rallonge qui n'est autre que celui du roman dont il s'inspire et qui valut en 1971 le prestigieux Prix Pulitzer à son auteur (Paul Zindel). C'est à nouveau Joanne Woodward qui interprète le rôle principal, un rôle qui, cette fois-ci, lui valut le Prix d'interprétation féminine au festival de Cannes 1973.

Joanne Woodward (à droite) et Paul Newman dans L'affrontement, film réalisé par l'acteur en 1983 (image : www.toutlecine.com)

Paul Newman réalisa par la suite L'affrontement (1983), drame sur des relations difficiles entre un père et son fils. Un film où Newman mit beaucoup de son expérience personnelle puisqu'il perdit un fils suite à une overdose (Scott Newman, l'un des trois enfants qu'il eut avec sa première épouse, est décédé en 1978).

Enfin, il a filmé en 1987 La ménagerie de verre, œuvre inspirée de la pièce de théâtre de Tennessee Williams. Un écrivain qui porta chance à Paul Newman puisque l'acteur livra deux de ses meilleures interprétations dans La chatte sur un toit brûlant (Brooks, 1958) (nomination à l'Oscar à la clé) et Doux oiseau de jeunesse (Brooks, 1962), deux films adaptés de pièces de cet auteur.

Karen Allen et Joanne Woodward dans La ménagerie de verre (Newman, 1987) (image : www.toutlecine.com)

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, l'histoire : Veuve, Béatrice Hunsdorfer (Joanne Woodward) vit modestement dans une maison de banlieue avec ses deux filles qu'elle tente d'élever de son mieux. Névrosée, elle est une mère imparfaite. Ruth (Roberta Wallach), l'aînée âgée de seize ans, est sujette à des crises d'épilepsie et ne songe qu'à sortir de chez elle entre deux scènes l'opposant à sa mère. La plus jeune, Tilly (Nell Potts), douze ans, est terriblement introvertie, mais sa passion pour les sciences naturelles (d'où le titre du film...) la sauve.

Joanne Woodward

Née en 1930, Joanne Woodward, spécialiste, on l'aura compris à la lecture de ce qui précède, des rôles de névrosée, fut repérée par un agent alors qu'elle suivait les cours de l'Actor's Studio. La jeune actrice démarre sa carrière sur les planches en 1953 avec "Picnic", pièce qui sera adaptée à l'écran en 1956 par Joshua Logan... mais sans elle (ce sont Kim Novak, Rosalind Russell et Susan Strasberg qui sont au générique).

Après de nombreuses apparitions dans des séries TV et plusieurs rôles secondaires au cinéma - le western L'étreinte du destin (1955) de George Sherman, le thriller L'étreinte fatale (1956) de Gerd Oswald -, l'actrice connaît un premier vrai succès grâce à son interprétation d'une jeune femme souffrant de dissociation mentale (et, donc, affligée de personnalités multiples) dans Les trois visages d'Eve (Johnson, 1957). Eh oui, encore un rôle de névrosée... Joanne Woodward en profite néanmoins pour décrocher l'Oscar de la meilleure actrice.

Avec ce film, Jeanne Woodward décrocha l'Oscar pour son interprétation d'une jeune femme atteinte de personnalités multiples

Le réalisateur Martin Ritt en fait alors l'une de ses interprètes favorites. Elle est ainsi au générique de quatre films signés par l'Américain : Les sensuels (1957), Les feux de l'été (1957) où figure également un dénommé Paul Newman qui devient son mari en 1958, Le bruit et la fureur (1958) et Paris Blues (1960). Dans ce dernier film, elle retrouve à nouveau Paul Newman qui, lui aussi, figure au rang des acteurs favoris de Martin Ritt (Aventures de jeunesse en 1962, Le plus sauvage d'entre tous en 1963, L'outrage en 1964 et Hombre en 1967).

Paul Newman et Joanne Woodward sur le tournage des Feux de l'été (Ritt, 1957)

Passé à la réalisation, son acteur de mari offre alors à Joanne Woodward des rôles magnifiques comme ceux qu'il lui confie dans Rachel, Rachel et De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites.

A partir du milieu des années 70, l'actrice, qui jouait déjà assez peu, limite considérablement ses apparitions à l'écran. On la voit néanmoins dans La toile d'araignée (Rosenberg, 1975), film policier avec Newman en vedette, dans la comédie Suicidez-moi docteur (1978) interprétée et réalisée par Burt Reynolds, dans L'affrontement (1983) et La ménagerie de verre (1987), deux films mis en scène par son époux, et dans Mr and Mrs Bridge (Ivory, 1990) où Joanne Woodward et Paul Newman se glissent dans les peaux du vieux couple du titre.

Joanne Woodward et Paul Newman dans La toile d'araignée (Rosenberg, 1975) (image : www.toutlecine.com)

Son dernier rôle au cinéma, Joanne Woodward le tient en 1993 dans Philadelphia de Jonathan Demme. Elle y interprète la mère du personnage principal, un avocat atteint du SIDA (Tom Hanks). Ajoutons que dans la version originale du Temps de l'innocence (1993) de Martin Scorsese, c'est elle qui prête sa voix à la narratrice.

Joanne Woodward et Paul Newman sont les parents de trois filles (Newman avait eu un garçon et deux filles de son premier mariage). L'une d'entre elles, Nell Potts, née en 1959, joue la fille cadette de Joanne Woodward dans De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Dans ce film, la fille aînée est interprétée par Roberta Wallach, fille dans la vraie vie de l'acteur américain Eli Wallach (Les sept mercenaires, Le bon, la brute et le truand, Le parrain III, Mystic River).

Précisons que Joanne Woodward et Paul Newman ont battu un record en 2008, peu de temps avant le décès de l'acteur : celui du mariage célébré à Las Vegas à avoir duré le plus longtemps ! Les deux (vieux) tourtereaux avaient fêté leurs noces d'or le 29 janvier 2008.

Publié dans Titres étranges

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