Le Film du jour n°141 : Larry le dingue et Mary la garce
Titre original : Dirty Mary, Crazy Larry
Un film américain de John HOUGH (1973) avec Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow, Fred Daniels, Roddy McDowall, Lynn Borden...
Attention, film culte ! Tout du moins pour les amateurs de films avec bolides aux moteurs surdimensionnés, courses de voiture aussi haletantes qu'interminables et filles qui n'ont pas froid aux yeux... ni aux nibards.
Dans la dernière partie de Boulevard de la mort (2007), Quentin Tarantino, metteur en scène "référentiel" s'il en est, rend explicitement un hommage à ce genre cinématographique immortalisé par Point limite zéro (Sarafian, 1971), Larry le dingue et Mary la garce et La grande casse (Halicki, 1974). Au rayon films avec course poursuite en voitures, nous citerons également le mémorable Bullitt (Yates, 1968) avec un Steve McQueen dévalant les rues de San Francisco au volant de sa Ford Mustang et L'équipée du Cannonball (Needham, 1981) avec Burt Reynolds, Roger Moore et Farrah Fawcett.
Susan George et Peter Fonda: Mary la garce et Larry le dingue ! (image : www.bionicdisco.com)
Larry le dingue et Mary la garce, l'histoire : Amateurs de courses automobiles, Larry et Deke ont besoin d'argent pour acheter une voiture de course et participer à une compétition. Pour récupérer des pépettes, ils montent un hold-up audacieux. Ils prennent en otage l'épouse du directeur du supermarché d'une petite ville pour obtenir du monsieur la recette du magasin. Comme ce dernier tient à sa dulcinée (eh oui, les couples qui fonctionnent, ça existe !), le coup réussit. Les deux gangsters du dimanche, accompagnés de l'encombrante petite amie de Larry, la fameuse Mary, prennent la fuite. La police, menée par un officier non conformiste et efficace (eh oui, ça existe aussi...), se lance à leurs trousses. Et c'est parti pour une poursuite endiablée qui dure... la moitié du film ! Quand on aime, on ne compte pas !
Larry le dingue et Mary la garce est le premier film américain de John Hough, un réalisateur britannique né en 1941 qui démarra sa carrière sous les auspices du studio Hammer, firme spécialisée dans les films d'horreur et les films fantastiques. C'est ainsi à John Hough que l'on doit des réussites comme Les sévices de Dracula (1971) avec l'excellent Peter Cushing et La maison des damnés (1973) avec Roddy MacDowall (que l'on retrouve d'ailleurs dans Larry le dingue et Mary la garce).
Bette Davis dans Les yeux de la forêt (1981) de John Hough
Après son premier essai américain (Larry le dingue et Mary la garce... si vous suivez...), le réalisateur se fait embaucher par les studios Disney. Pour la maison Mickey, il signe La montagne ensorcelée (1975) et sa suite officielle, Les visiteurs d'un autre monde (1978), avec, pour ce dernier film, une Bette Davis vieillissante mais épatante comme à son habitude. Toujours dans le registre de l'épouvante, John Hough filme aussi le terrifiant Incubus (1980) avec John Cassavetes. Bette Davis repassera encore devant la caméra du réalisateur en 1981 pour Les yeux de la forêt.
Au-delà du genre fantastique, John Hough a coréalisé, avec Antonio Margheriti et Andrea Bianchi (voir Nue pour l'assassin), une version de L'île au trésor (1971) - Orson Welles y est Long John Silver. Il a également mis en boîte un thriller politique assez moyen (La cible étoilée, 1978, avec Sophia Loren et John Cassavetes) et un excellent western (Le triomphe d'un homme appelé Cheval, 1982, avec, dans le rôle titre, Richard Harris qui avait déjà joué dans les deux premiers volets des aventures de ce Blanc adopté par les Indiens après des épreuves initiatiques particulièrement terribles et sadiques (notamment, une suspension par des crochets enfichés dans les pectoraux... j'en frémis encore...).
Susan George (image: www.leninimports.com)
Mary "la garce" est ici interprétée par l'actrice britannique Susan George, née en 1950. Déjà vedette miniature du petit écran outre-Manche au début des années 60, elle apparaît en 1966 dans le film d'horreur anglais La créature invisible de Michael Reeves aux côtés du célèbre Boris Karloff (le film est disponible en DVD dans l'Hexagone - après 25 ans d'invisibilité - sous son titre original The Sorcerers).
On la retrouve l'année suivante au casting féminin d'Un cerveau d'un milliard de dollars (Russell, 1967), film d'espionnage où Michael Caine et Françoise Dorléac jouent les rôles principaux. Susan George enchaîne alors les longs métrages au pays de la fidèle Albion : Chantage à la drogue (Greene, 1968) avec Michael York, Le miroir aux espions (Pierson, 1969), L'ange et le démon (Donner, 1969) avec Charles Bronson, Les inconnus de Malte (Hough, 1970). La belle se voit également confier le rôle principal de Die Screaming, Marianne (1971), l'un des premiers films de Pete Walker (voir La vie sexuelle de Greta en trois dimensions).
Susan George et Dustin Hoffman dans Les chiens de paille (Peckinpah, 1971) (image : www.toulecine.com)
En 1971, c'est la consécration. Susan George est retenue pour jouer la femme de Dustin Hoffman, victime d'un viol, dans Les chiens de paille, l'un des chefs-d’œuvre de Sam Peckinpah. Une composition qui lui ouvre tout grand les rôles "osés" comme celui de la nymphomane sudiste dans Mandingo (Fleischer, 1975), un film résolument sadique qui forme une sorte de négatif d'Autant en emporte le vent...
Susan George en voit de belles dans Mandingo (Fleischer, 1975)...
Susan George a aussi tâté du western-spaghetti (Far West Story, S. Corbucci, 1972) et tourné dans un succédané des Dents de la mer signé par le mexicain René Cardona Jr, un spécialiste des scènes malsaines et morbides (Du sang dans la mer, 1977). Elle fut également embauchée par l'inénarrable studio Cannon dirigé par Menahem Golan et Yoram Globus pour L'implacable ninja (Golan, 1980) (rien que le titre sent bon le navet...). Susan George est aussi de la distribution de Venin (Haggard, 1981), bon petit film de série B dont le héros est un mamba noir venimeux qui n'a pas de mal à voler la vedette à un Klaus Kinski en bout de course.
Susan George à l'affiche d'un avatar des Dents de la mer signé René Cardona Jr. (image : www.ivid.it)
Retour enfin au genre fantastique pour la belle Susan avec Fantômes à louer (Connor, 1984), avant une dernière apparition au cinéma dans un film anglo-yougoslave (L'été des roses blanches, 1989).
A partir du milieu des années 80, Susan George se tourne essentiellement vers la télévision (la série britannique Cluedo notamment) et se consacre au haras qu'elle gère avec son mari, l'acteur Simon MacCorkindale (Manimal à la TV), épousé en 1984 (mais décédé d'un cancer en octobre 2010).
Simon MacCorkindale et Susan George lors de leur mariage en 1984
Désormais soixantenaire et toujours magnifique, Susan George s'adonne également à la photographie (en se focalisant sur les équidés évidemment). Pour en savoir plus, consultez http://www.susangeorgeofficialwebsite.co.uk/
La vie de Susan George ne fut pas mouvementée que sur grand écran. Dans la vraie vie, on lui prête des aventures avec les chanteurs américains Jack Jones et Andy Gibb (le petit frère des Bee Gees) ainsi qu'avec le prince Charles d'Angleterre (à la fin des années 70... bien avant donc son mariage avec Lady Di... ouf, j'ai eu peur !).