Le Film du jour n°137 : Cette nuit, ton corps m'appartiendra

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°137 : Cette nuit, ton corps m'appartiendra
Titre original : Esta noite encarnarei no teu cadaver
Un film brésilien de José Mojica MARINS (1966) avec José Mojica Marins, Roque Rodrigues, Nadia Tell, William Morgan, Tina Wohlers...
Que les coquines et les coquins se calment tout de suite ! Malgré son titre évocateur de plaisirs coupables, Cette nuit, ton corps m'appartiendra n'est définitivement pas un film de fesses... Ce long métrage est connu sous un autre nom : Cette nuit, je m'incarnerai dans ton cadavre... Là, c'est plus clair pour tout le monde. Il s'agit d'un film d'épouvante brésilien !
Son réalisateur, José Mojica Marins, né un vendredi 13 un petit jour de 1936, est le metteur en scène le plus renommé et le plus important du cinéma underground du pays des Cariocas. Il s'est fait connaître en 1963 en signant A minuit, je posséderai ton âme où, pour la première fois, apparaît Zé do Caixão (Zé du Cercueil en bon français, Coffin Joe chez l'Oncle Sam), un personnage haut en couleur que l'on retrouve avec "plaisir" dans Cette nuit, ton corps m'appartiendra.
Le Film du jour n°137 : Cette nuit, ton corps m'appartiendra

(image : www.stateofhorror.com)

Fossoyeur maléfique exerçant son "art" dans les patelins reculés et bigots du Brésil, le dénommé Zé, incarné à l'écran par José Mojica Marins himself, a des difficultés pour rencontrer l'âme sœur.
Faut dire qu'il est doté d'un physique quelque peu difficile. Nabot barbu en haut de forme, il est muni d'ongles de plus de dix centimètres de long (des vrais en plus ! Monsieur Marins, à plus de soixante ans, les exhibe encore avec fierté, voir photo ci-dessus...). En plus, il débite de longs discours athées et sacrilèges. Des discours qui ne furent pas du goût de la dictature brésilienne de l'époque et qui valurent au réalisateur de gros ennuis avec la censure ! Bref, Zé do Caixão n'a qu'une idée en tête : trouver la femme parfaite. Pour atteindre cet objectif somme toute louable, il n'hésite pas à faire subir à la gent féminine les pires expériences pour dénicher celle qui sera digne de lui...
Le Film du jour n°137 : Cette nuit, ton corps m'appartiendra

Le monsieur allongé semble effrayé... pourquoi ? (image : www.cinemabrasileiro.net)

Cette nuit, ton corps m'appartiendra, l'histoire : Cette nuit, ton corps m'appartiendra est la suite directe d’À minuit, je posséderai ton âme. Alors qu'on croyait l'ami Zé bel et bien mort, voilà-t-y pas qu'il ressuscite et qu'il repart à nouveau en quête de la femme parfaite. Toujours obsédé par la volonté d'assurer la descendance d'une nouvelle humanité.
"S'il trouve une femme digne de lui, il pourra avoir un enfant pur et détaché de la bêtise de son époque, écrit François Kahn au sujet du film dans L'encyclopédie du cinéma ringard. Pour sélectionner l'épouse idéale, celle qui n'aura jamais peur, rien de tel qu'un bon petit test comme de faire pleuvoir des tarentules sur elles : celle qui ne bougera pas sera la bonne. En définitive, Coffin Joe se rabat sur un morceau de choix : une fille qui n'a aucun scrupule à forniquer avec lui pendant l'enterrement de son propre frère alors que Zé vient de lui révéler qu'il était son assassin". On a effectivement connu des femmes plus regardantes sur la marchandise... Quoi qu'il en soit, le film se termine par une plongée aux Enfers absolument dantesque (en couleurs SVP, alors que le reste du film est tourné en noir et blanc).
Le Film du jour n°137 : Cette nuit, ton corps m'appartiendra

De vraies tarentules sur le corps de ces pauvres filles... saoulées à mort pour tourner la scène !

Il est bon de noter que les Brésiliennes plus ou moins sexy qui eurent l'insigne honneur de figurer au générique de Cette nuit, ton corps m'appartiendra furent soumises à rude épreuve. Pour preuve, cette citation de José Mojica Marins sur le site www.etrangefestival.com : "Dans l'une des scènes du film (voir photo ci-dessus), les actrices devaient se retrouver couvertes de tarentules. Comme elles refusaient de tourner la scène [NDLR : pff, elles sont nulles, ces filles...], je les ai fait boire jusqu'à ce qu'elles soient complètement saoules afin de parvenir à filmer la séquence. Le résultat est merveilleux". Pour lui, peut-être !
Précisons également que la séquence en couleurs où l'on voit ce bon vieux Zé littéralement traîné aux Enfers est la fidèle retranscription d'un rêve qui inspira à Marins le personnage du nabot fossoyeur... "Ma vision des Enfers était un peu différente de celle communément répandue, ajoute fièrement le réalisateur. Lors d'un plan, on voit, en effet, de la neige tomber. Certains critiques se sont émus de ce choix, ce qui m'a permis de leur demander s'ils avaient déjà été faire un tour en enfer pour connaître à ce point le sujet". Et toc...
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Zé do Caixão est revenu roder une dernière (?) fois sur les écrans en 2008 dans Embodiment of Evil (image : www.avoir-alire.com)

Le film tiendra deux ans à l'affiche à Sao Paulo et il figure toujours dans la liste des dix films brésiliens ayant engrangé le plus de recettes. Trois autres films de José Mojica Marins sont parvenus jusqu'à nos rivages : le "documentaire" L'étrange monde de Zé do Caixão (1968), L'éveil de la bête (1969) et La fin de l'humanité (1971). Infatigable, le réalisateur a bouclé en 2008 une troisième aventure de Zé do Caixão sous le titre Embodiment of Evil (Encarnação do Demônio). La trilogie est parue en DVD outre-Atlantique dans un beau coffret en forme de... cercueil ! Bon goût, quand tu nous tiens !

Publié dans Titres étranges

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