Le Film du jour n°134 : C'est toujours oui quand elles disent non
Titre original : I will, I will... for now
Un film américain de Norman PANAMA (1975) avec Elliott Gould, Diane Keaton, Paul Sorvino, Victoria Principal, Robert Alda...
Nous laisserons au distributeur français de C'est toujours oui quand elles disent non la responsabilité d'un titre qui pourrait faire rugir les plus féministes des lectrices du Film du jour... Nous préciserons seulement que ce long métrage appartient au cycle des comédies conjugales que l'américain Norman Panama (1914-2003) signa à la fin de sa carrière de metteur en scène. Comédies que l'on qualifiera de "ratées" pour rester aimable. "Satire passable sur la frigidité, l'infidélité, la consultation conjugale et les cliniques de sexothérapie", c'est en ces termes repris d'un critique américain que Coursodon et Tavernier décrivent C'est toujours oui quand elles disent non.
Elliott Gould et Diane Keaton dans C'est toujours oui quand elles disent non (image : www.virtual-history.com)
Remontons un peu dans le passé. Avant de se la jouer en solo, Norman Panama avait travaillé main dans la main avec Melvin Frank, un autre réalisateur américain que nous avons déjà évoqué ici (voir Une maîtresse dans les bras, une femme sur le dos... décidément, les femmes mariées sont pas à la fête avec les deux cocos...). Les deux hommes signèrent conjointement sept films entre 1950 et 1956. Il faut mettre à leur crédit deux longs métrages assez amusants avec le comique Danny Kaye en vedette, Un grain de folie (1954) et Le bouffon du roi (1956).
Norman Panama et Melvin Frank ont aussi coréalisé, entre autres joyeusetés, une comédie romantique avec la délicieusement et désespérément insipide June Allyson (Une rousse obstinée, 1950), un film romancé (!) sur la vie du pilote de l'Enola Gay, l'avion qui lâcha la bombe atomique sur Hiroshima (Le grand secret, 1952, avec Robert Taylor et Eleanor Parker), ainsi qu'un long métrage avec le comique Bob Hope (Si j'épousais ma femme, 1956).
Tout seul, Norman Panama livra un policier sympathique mais conventionnel (Dans la souricière, 1959, avec Richard Widmark), un piteux Bob Hope/Bing Crosby (Astronautes malgré eux, 1962) et, donc, quelques comédies conjugales plutôt balourdes comme, notamment, Deux minets pour Juliette (1966) avec Tony Curtis et George C. Scott se disputant les faveurs de Virna Lisi, et le film dont il est question ici.
Une autre comédie signée par Norman Panama en 1966
C'est toujours oui quand elles disent non, l'histoire : "Tu fais l'amour comme si tu voulais attraper un bus sur la Cinquième avenue", lui dit-elle. "Tu fais l'amour comme si tu jouais aux échecs", lui rétorque-t-il. On l'aura compris, nos deux tourtereaux (Diane Keaton et Elliott Gould) ne sont pas sur la même longueur d'onde au plumard... Divorcés et malheureux, ils se sont remariés mais ils sont toujours aussi malheureux... Qu'à cela ne tienne ! Une voisine sympa glisse sous le manteau de Monsieur un livre sur "Les joies du sexe"... Patatras, il se flingue le dos en suivant les instructions... Il ne reste au couple qu'une direction possible : celle de la clinique de sexothérapie. Mais rien n'y fait. "Donnez-moi un mot de cinq lettres pour relation sexuelle", demande le sexothérapeute en chef à Madame. "Amour", répond-elle... Un cas désespéré, qu'on vous dit !
Diane Keaton aujourd'hui (image : cdn-premiere.ladmedia.fr)
Madame est ici jouée par Diane Keaton. Née en 1946, Diane Keaton, de son vrai nom Diane Hall (un patronyme que l'on retrouvera dans Annie... Hall, et non, ce n'est pas une coïncidence), est surtout connue en tant que deuxième égérie de Woody Allen. Elle remplaça Louise Lasser, une autre actrice, dans le cœur du sympathique binoclard (voir La bible ne fait pas le moine).
C'est en 1971 que les deux amoureux tournent pour la première fois ensemble dans Tombe les filles et tais-toi (H. Ross), adaptation cinématographique de la pièce écrite pour Broadway par Woody Allen. Normal, ce dernier avait engagé Diane Keaton en 1970 pour les représentations théâtrales !
Dès 1973, la jeune femme enchaîne les rôles dans les longs métrages de son mentor : Woody et les robots (1973), Guerre et amour (1975), Annie Hall (1977) (film pour lequel elle décroche l'Oscar de la meilleure actrice), Intérieurs (1978), Manhattan (1979) et Comédie érotique d'une nuit d'été (1982) où joue aussi une certaine... Mia Farrow. Pendant la période Mia Farrow de Woody Allen, Diane Keaton fera néanmoins une apparition dans Radio Days (1987) avant de faire son grand retour comme partenaire à plein temps dans l'hilarant Meurtre mystérieux à Manhattan (1992). L'actrice fut aussi célébrée pour son interprétation de la deuxième épouse de Michael Corleone (Al Pacino) dans Le parrain (1973), Le parrain II (1974) et Le parrain III (1990) de Francis Coppola.
Woody Allen et Diane Keaton dans Annie Hall (W. Allen, 1977) (image : www.toutlecine.com)
Évidemment, le reste de la filmographie de Diane Keaton fait un peu pâle figure par rapport à tous ces monuments du septième art... La jeune femme a néanmoins démontré de réels talents dramatiques dans A la recherche de M. Goodbar (1976), très bon film de Richard Brooks où elle interprète une jeune femme, éducatrice le jour et pilier de bars mal famés la nuit (tout ça finit très mal et le rôle perturba profondément l'actrice).
Elle est également excellente dans Reds (1980) (nomination à l'Oscar à la clé), le film de Warren Beatty où elle endosse la personnalité de Louise Bryant, la compagne du journaliste américain de gauche John Reed, celui-là même qui écrivit le fameux reportage sur la révolution bolchévique ("Dix jours qui ébranlèrent le monde").
Richard Gere et Diane Keaton dans A la recherche de M.Goodbar (R. Brooks, 1976) (image : www.cinemotions.com)
On a aussi beaucoup aimé Diane Keaton dans Crimes du cœur (Beresford, 1986), histoire de trois sœurs et de leurs démêlés avec les hommes. (Jessica Lange et Sissy Spacek interprètent les deux autres frangines.) Elle est également très drôle dans Baby Boom (Shyer, 1987).
En 1987, Diane Keaton est passée à la réalisation. Après le documentaire Heaven (1987), elle a signé Les liens du souvenir (1995) avec Andie MacDowell et John Turturro, et le nettement moins bon Raccroche ! (1999) avec Meg Ryan et elle-même. Récemment, on a vu Diane Keaton, toujours aussi charmante, séduire Jack Nicholson dans Tout peut arriver (Meyers, 2003) (quatrième nomination à l'Oscar), donner la réplique à Sarah Jessica Parker dans Esprit de famille (Bezucha, 2005), jouer les présentatrices de matinales télé aux côtés de Harrison Ford dans Morning Glory (Mitchell, 2010), incarner l'ex-épouse de Robert de Niro dans Un grand mariage (Zackham, 2012).
Diane Keaton, Jessica Lange et Sissy Spacek, sœurs dans Crimes du cœur (Beresford, 1986)
Dans les années 90, Diane Keaton avait joué la mère de Leonardo di Caprio dans Simples secrets (Zaks, 1996) (troisième nomination à l'Oscar à la clé) et la copine de l'espiègle Goldie Hawn et de la tonitruante Bette Midler dans Le club des ex (H. Wilson, 1996).