Le Film du jour n°131 : La bible ne fait pas le moine
Titre original : In God we tru$t
Un film américain de Marty FELDMAN (1980) avec Marty Feldman, Peter Boyle, Louise Lasser, Richard Pryor, Andy Kaufman...
Le distributeur français du Film d'aujourd'hui a tenté le bon vieux calembour pour traduire la subtilité typographique du titre original de La bible ne fait pas le moine... Pari à moitié réussi ! Mais, au moins, on nous aura épargné "Un homme travesti en vaut deux", "Autres temps, autres nurses", "C'est à prendre ou à lécher" (à mon avis, il doit bien y avoir un film porno qui se cache sous ce titre-là quelque part...), "Le hangar demeure mais ne se vend pas", "Il faut battre son frère quand il est chaud", etc.
Marty Feldman
Bref, soyons un peu sérieux. La bible ne fait pas le moine est l'un des deux films réalisés par l'acteur d'origine britannique Marty Feldman (1934-1982), immortalisé par le rôle du serviteur difforme Igor (prononcé Eye-gor) dans Frankenstein junior (1974) de Mel Brooks. Reconnaissable entre tous par son visage en lame de couteau et ses yeux exorbités affligés d'un strabisme divergent, Marty Feldman a d'abord travaillé à la télévision anglaise (avec les Monty Python notamment), puis à la télévision américaine, avant d'apparaître pour la première fois sur un écran de cinéma dans L'ultime garçonnière (Lester, 1969) avec Rita Tushingham et Ralph Richardson.
Marty Feldman dans Frankenstein junior (M. Brooks, 1974) (image : www.toutlecine.com)
L'homme a également tourné dans Le frère le plus futé de Sherlock Holmes (1975) de Gene Wilder (acteur/réalisateur qui joue le rôle principal de Frankenstein Junior) et La dernière folie de Mel Brooks (1976). Marty Feldman, qui a également réalisé la parodie Mon beau légionnaire (1977) avec Ann-Margret, Michael York et Peter Ustinov, est décédé d'une crise cardiaque sur le tournage de Barbe d'or et les pirates (1983) de Mel Damsky, film où sévissent les "comiques" Cheech et Chong (Cheech Martin et Tommy Chong).
La bible ne fait pas le moine, l'histoire : "Un enfant est un don de Dieu. Retournez celui-ci à l'envoyeur". Tels sont les mots encourageants laissés sur le berceau de l'enfant abandonné qui allait devenir Frère Ambroise. Pas traumatisé pour un sou, notre homme (un imbécile ou un naïf, au choix) mène une vie paisible au sein du monastère qui l'a recueilli. Jusqu'au jour où son supérieur lui ordonne d'aller quémander de l'argent auprès du missionnaire n°1 au box-office des prêcheurs : Armageddon T. Thunderbird himself. Lâché en pleins Sodome et Gomorrhe, version 1980, le malheureux Ambroise découvrira que la religion est un commerce dont profitent d'infâmes margoulins spéculant sur la crédulité populaire. Horrifié, il découvrira que D.I.E.U. est un ordinateur auquel on a soigneusement caché le christianisme.
Marty Feldman et Louise Lasser dans La bible ne fait pas le moine (image : www.ivid.it)
Louise Lasser, qui joue une prostituée au grand cœur recueillant le pauvre Ambroise dans La bible ne fait pas le moine, fut la première inspiratrice de Woody Allen, avant que ce rôle n'échoit à Diane Keaton puis à Mia Farrow. Née en 1939 et mariée à l'humoriste entre 1966 et 1969, elle joua dans les premiers films du réalisateur : Prends l'oseille et tire-toi (1969), Bananas (1971) et Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander (1972). Louise Lasser est également au générique de Quoi de neuf, Pussycat ? (C. Donner, 1966), dont le scénario est signé par le comique new-yorkais.
Woody Allen et Louise Lasser dans Bananas (W. Allen, 1971) (image : www.toutlecine.com)
Après une quinzaine d'années entièrement consacrées à la télévision (elle apparaît subrepticement aux côtés de Woody Allen dans Stardust Memories en 1980 et joue, exceptionnellement, dans La bible ne fait pas le moine), Louise Lasser revient au cinéma en 1985 avec un premier rôle dans le film délirant de Sam Raimi Mort sur le grill. On l'aperçoit ensuite dans Cordes et discordes (Belson, 1987) aux côtés de Sally Field et Michael Caine, dans la comédie horrifique Frankenhooker (Henenlotter, 1989) et dans Chassé-croisé (Leight, 1993) avec Matthew Broderick et Jeanne Tripplehorn.
Depuis une dizaine d'années, les réalisateurs américains un peu originaux et marginaux n'hésitent pas à faire appel à Louise Lasser. Elle joue ainsi la femme de Ben Gazzara dans le génial mais sulfureux Happiness (Solondz, 1998), interprète une amie compatissante d'une Ellen Burstyn sous addiction dans le fabuleux mais tétanisant Requiem for a dream (Aronofsky, 2000) et se voit confier des rôles par Amos Kollek dans Fast Food, Fast Women (2000) aux côtés de l'hypnotique Anna Thomson et dans Queenie in love (2001).
Louise Lasser (au fond), épouse d'un Ben Gazzara qui n'en peut mais dans Happiness (Solondz, 1998) (image : www.toutlecine.com)