Le Film du jour n°119 : Le château des quatre obèses

Publié le par lefilmdujour

Le Film du jour n°119 : Le château des quatre obèses
Un film français d'Yvan NOE (1939) avec Pierre Alcover, Marcel Carpentier, Léon Larive et Fred Poulain (les quatre gros messieurs du titre), Lucas Gridoux, André Brûlé, Sylvia Bataille, Marguerite Moréno...
Le château des quatre obèses fait partie d'un diptyque policier avec, en vedettes, le docteur Carter (non, pas celui de la série Urgences, tsss...) et son assistante, interprétés respectivement par André Brûlé et Sylvia Bataille. Intitulé L'étrange nuit de Noël (1940), le deuxième film de ce diptyque est également signé Yvan Noé, un scénariste, réalisateur et producteur français né en 1895 et décédé en 1963. L'homme avait débuté sa carrière de réalisateur à Hollywood en bouclant Le chanteur de Séville (1930), la version française d'une comédie musicale avec Ramon Novarro en tête d'affiche (ledit Novarro avait accédé au statut de star durant la période du muet en interprétant le rôle-titre du monumental Ben Hur de Fred Niblo (1926), film à voir absolument, presque meilleur que le Ben Hur (1959) de William Wyler avec Charlton Heston).
Le Film du jour n°119 : Le château des quatre obèses

Le docteur Carter (André Brûlé) et son assistante (Sylvia Bataille) revinrent hanter les écrans une deuxième fois dans ce film réalisé aussi par Yvan Noé (image : www.cinema-francais.fr)

En France, Yvan Noé a fait tourner Danielle Darrieux dans Mademoiselle Mozart (1935), la chanteuse Florelle (vue aussi chez Renoir) dans Gigolette (1936), Marguerite Moréno dans Mes tantes et moi (1937), Marie Bell dans Ceux du ciel (1941) et Madeleine Sologne (inoubliable dans L'éternel retour de Cocteau) dans Les hommes sans peur (1941).
On lui doit aussi un Saturnin de Marseille (1939) ainsi qu'une excellente Cavalcade des heures (1943) avec quelques grands acteurs de l'époque... choisis parmi ceux qui étaient restés en France pendant l'Occupation : Fernandel, Charles Trenet, Gaby Morlay, Charpin, Jean Chevrier, Jeanne Fusier-Gir, etc. On y voit même le fameux Jules Ladoumègue, un grand coureur de demi-fond des années 30 (sept fois recordman du monde et vice-champion olympique du 1500 mètres en 1928).
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Fernandel dans La cavalcade des heures (1943), film à sketches signé Yvan Noé

Les films que réalisa Yvan Noé après-guerre n'eurent guère de retentissement et le cinéaste est tombé dans un oubli où personne n'est encore venu le chercher... En 1933, Yvan Noé écrivait : "Le cinéma américain tend à nous abêtir, à détruire par ses enfantillages et ses fadaises admirablement présentées notre jugement, notre bon sens et notre esprit critique, et à paralyser notre esprit tout court". Au vu de la plupart des longs métrages issus des studios hollywoodiens, peut-on affirmer aujourd'hui que la situation a vraiment changé ? Vous avez quinze jours pour remettre vos copies...
Le château des quatre obèses, l'histoire : Dans un château isolé habité par quatre frères bien en chair (d'où le titre du film... ouarff ouarff...), débarquent un soir de tempête le docteur Carter, accompagné d'une jeune fille foldingue, Madame Heurteaux et un couple de jeunes mariés. Ils demandent et obtiennent l'hospitalité. Au cours de la nuit, le pendentif de Madame Heurteaux est volé et les quatre frères sont assassinés les uns après les autres. Leurs cadavres disparaissent. Le mystère s'approfondit... Finalement, le docteur Carter, aidé de sa malade qui n'était pas plus folle que vous et moi, découvre le secret de l'énigme... Si vous croyez que je vais vous le dévoiler, vous vous mettez le doigt dans l’œil...
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Sylvia Bataille

Dans Le château des quatre obèses et dans L'étrange nuit de Noël, l'assistante zélée du docteur Carter est interprétée par Sylvia Bataille dont la carrière d'actrice est somme toute assez brève mais qui restera dans l'histoire du cinéma pour son rôle inoubliable dans Une partie de campagne (1936) de Jean Renoir. Elle y joue le rôle de Henriette, la jeune fille promise à un homme fade, moche, malingre et souffreteux (comme l'auteur de ces lignes) et qui, l'espace d'un après-midi, sent que sa vie pourrait basculer vers un peu plus de folie et de poésie...
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Georges Darnoux, Jacques Brunius, Sylvia Bataille et Jane Marken dans Partie de campagne (1936-1946) de Jean Renoir (image : www.histoire-image.org)

Née en 1908 et décédée en 1993, Sylvia Maklès devient Sylvia Bataille à l'âge de vingt ans en épousant l'écrivain Georges Bataille dont elle gardera le nom toute sa vie. Sa carrière à l'écran ne commence véritablement qu'en 1933 lorsqu'elle interprète la femme de Noël-Noël dans Adhémaï aviateur (Tarride, 1934). Elle remporte un grand succès auprès du public avec son rôle de victime de l'affreux Jules Berry dans Le crime de Monsieur Lange (1935) de Jean Renoir. C'est à peu près à la même époque qu'elle rencontre le psychanalyste Jacques Lacan, un ami de Georges Bataille, dont elle devient la maîtresse. Dès 1938, ils vivent ensemble mais ils ne se marieront qu'en 1953.
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Louis Jouvet et Sylvia Bataille dans Forfaiture (1937) de Marcel L'Herbier (image : www.toutlecine.com)

Côté cinéma, Sylvia Bataille jouera aussi pour des grands noms du cinéma français comme Marcel Carné (Jenny, 1936), Robert Siodmak (Le chemin de Rio, 1936), Marcel Pagnol (Topaze, 1936), Claude Autant-Lara (L'affaire du courrier de Lyon, 1937), Marcel L'Herbier (Forfaiture, 1937), Jacques Feyder (Les gens du voyage, 1938) et Christian-Jaque (L'enfer des anges, 1939). Mais, petit à petit, Sylvia Bataille se détache de l'univers du cinéma. A partir de 1940, elle disparaît inexorablement des écrans et tournera pour la dernière fois devant une caméra en 1949 dans Julie de Carneilhan de Jacques Manuel.
Ci-dessous, Sylvia Bataille et Jane Marken font de la balançoire dans Partie de campagne de Jean Renoir :

Publié dans Titres étranges

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