L'oeil de Crazy Bug : L'oiseau au plumage de cristal

Publié le par lefilmdujour

L'oeil de Crazy Bug : L'oiseau au plumage de cristal
Dario Argento, 1969, film sorti en salles le 30 juin 1971
En ce mois de novembre 2010, Wild Side Vidéo a l'excellente idée de ressortir en DVD la plupart des films réalisés par Dario Argento avant 1985. Une occasion rêvée pour (re)voir les premières œuvres du papa d'Asia et, notamment, L'oiseau au plumage de cristal. Opus n°1 du cinéaste italien, ce long métrage est l'une des pierres de touche du giallo, genre de thriller à l'italienne avec, comme figure obligée, le fameux tueur ganté de noir, adepte des armes blanches (couteau acéré ou lame de rasoir étincelante) et pourfendeur de jolies filles gentiment déshabillées. Ici, nous suivons un écrivain américain en mal d'inspiration lancé aux trousses d'un serial killer tout de noir vêtu qui zigouille à tour de bras des beautés italiennes. Le hasard, en effet, a voulu que notre héros assiste, impuissant, à une tentative de meurtre et qu'il devienne de ce fait un témoin clé de l'affaire.
Plus de quarante ans après sa sortie sur les écrans, L'oiseau au plumage de cristal tient étonnamment bien le coup, comparé à bon nombre de giallos qui lui succédèrent dans les salles obscures. Le scénario est excellent et crédible et la mise en scène de Dario Argento est déjà parfaitement maîtrisée. Le film porte déjà en son sein les obsessions du cinéaste et, notamment, cette volonté du héros de revenir sans cesse, consciemment ou non, sur une scène fondamentale qui pourrait lui donner la clé de l'identité du tueur. On retrouvera cette idée dans Les frissons de l'horreur, le chef-d'oeuvre ultime de Dario Argento. L'intérêt du réalisateur pour l'art en général et l'architecture en particulier est également déjà très présent dans L'oiseau au plumage de cristal.
Coté sources d'inspiration, le réalisateur va puiser chez Mario Bava, autre père du giallo (La fille qui en savait trop, Six femmes pour l'assassin, deux films antérieurs de quelques années), mais aussi chez Sergio Leone, en particulier au niveau de certaines prises de vues (gros plans sur les yeux des protagonistes par exemple), et dans la dilatation temporelle de certaines scènes (les meurtres évidemment). Hitchcock est également cité plus ou moins explicitement par Dario Argento, lorsque le héros - enfermé dans le sas d'entrée d'un immeuble - ne peut intervenir (tout comme le spectateur) sur le drame qui se déroule quelques mètres devant ses yeux. C'était, faut-il le rappeler, le ressort dramatique de Fenêtre sur cour ! Le réalisateur rend d'ailleurs un hommage au maître du suspense en confiant le rôle d'un tueur à l'acteur d'origine autrichienne Reggie Nalder qui n'était autre que l'assassin caché, lors du concert final, derrière le rideau d'une loge du Royal Albert Hall de Londres dans L'homme qui en savait trop, version 1956.
Au cours du film, le spectateur reconnaîtra une scène que Brian de Palma reprendra quasiment à l'identique dans Pulsions : l'attaque à la lame de rasoir d'une jeune femme enfermée dans un ascenseur...
Bref, pour un coup d'essai, c'est quasiment un coup de maître !
Crazy Bug
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