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L'oeil de Crazy Bug : Centurion
Publié le
par lefilmdujour
Neil Marshall, 2009, film sorti en salles le 7 juillet 2010
Sorti sur les écrans français en plein été 2010 dans un quasi-anonymat, Centurion est réalisé par Neil Marshall, déjà auteur de l'excellent The Descent, film d'horreur féministe, viscéral et spéléologique. Le réalisateur reprend ici la légende de la IXe légion romaine, disparue corps et biens lors d'une attaque en règle contre les Pictes, un peuple farouche vivant au début de notre ère sur les landes écossaises. Un massacre qui fut à l'origine de l'édification par les Romains du mur d'Hadrien, dressé grosso modo sur la frontière actuelle entre l’Écosse et l'Angleterre et censé protéger l'Empire contre ces tribus insoumises. Cette histoire de mur semble être une obsession pour Neil Marshall. Dans Doomsday, film d'anticipation réalisé juste avant Centurion, le gouvernement britannique élève à son tour un mur infranchissable pour isoler l’Écosse en proie à un virus mortel...
Bref, dans Centurion, nous sommes au IIe siècle après Jésus-Christ. Un centurion, qui a survécu à l'attaque de sa garnison par les Pictes, rejoint la IXe légion envoyée donner une leçon définitive aux "barbares". Aguerris avant l'heure aux techniques de la guérilla, ces derniers tendent une embuscade et réduisent à néant le bataillon d'élite. Seul le centurion (qui a décidément la peau dure) et quelques comparses échappent au carnage. A charge pour eux de rallier les lignes romaines après avoir tenté de sauver leur général, fait prisonnier par ces satanés Pictes.
Disons-le d'emblée, tout le début du film laisse le spectateur dubitatif entre enjeux mal définis, scènes d'action peu lisibles et abus de sang numérique. Centurion acquiert toutefois sa vitesse de croisière à partir de la scène de l'embuscade, relativement bien menée. Certes, on reste dans les schémas classiques du film de poursuite et de traque. Le petit groupe formé par les survivants de la IXe légion s'avère néanmoins bien typé ; ce sont presque tous des "non-Romains" d'origine, trait qui, apparemment, était le lot commun des troupes de l'Empire romain. Les paysages sont magnifiques et sauvages, les scènes violentes, voire gore, sont bien amenées et assez réussies, les acteurs sont virils et justes. Mention spéciale au centurion Michael Fassbender, à la fois physique et cérébral, qui sait décidément tout jouer, entre films de genre (Eden Lake, Inglorious Basterds) et œuvres d'auteur (Hunger, Fish Tank, Shame, A Dangerous Method). On reconnaîtra dans le rôle d'une Picte muette, revancharde et mauvaise comme la gale la belle Olga Kurylenko, James Bond girl dans Quantum of Solace.
Télescopage temporel intéressant, quelques mois après Centurion sortit sur les écrans L'aigle de la neuvième légion de Kevin MacDonald, film qui brode également sur la disparition de ce régiment d'élite dans le nord de la Grande-Bretagne. Une œuvre, à mon humble avis, quand même plus réussie que le film de Neil Marshall, qui laisse un peu sur sa faim.