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Jean Aymar de Thou dit tout : Poupoupidou
Publié le
par lefilmdujour
Gérald Hustache-Mathieu, 2010, film sorti en salles le 12 janvier 2011
Poupoupidou a tous les atouts pour séduire. Paumé au beau milieu d'un paysage franc-comtois figé sous la neige, un écrivain en mal d'inspiration (Jean-Paul Rouve) tente de reconstituer le destin d'une vedette locale, blonde égérie du fromage Belle de Jura, morte à la fleur de l'âge d'une overdose de somnifères (apparemment...). Et c'est en enquêtant auprès des proches de la disparue que le héros va découvrir l'étrange parallèle entre la vie privée et professionnelle de la jeune femme et celle de Marilyn Monroe. Le réalisateur multiplie alors les clins d’œil à la star, souvent subtils (les poses suggestives pour un calendrier, la dernière séance photo, les confidences au psy, la partie de jokari des Désaxés) mais quelquefois grossiers et surlignés par le scénario (comme les amours malheureuses avec un sportif, un intellectuel et un homme politique).
Hélas, l'accumulation de références alourdit et plombe le deuxième long métrage de Gérald Hustache-Mathieu qui fait ici à nouveau appel à l'excellente Sophie Quinton, déjà détentrice du rôle-titre d'Avril, sorti en 2006. Car, dans Poupoupidou, le réalisateur convoque aussi au détour d'une scène, d'un plan, d'un détail, des noms prestigieux comme Hitchcock (l'évier qui se vide avec un fondu-enchaîné sur un œil, réminiscence de Psychose), les frères Coen (l'hiver glacé de Fargo) ou l'Atom Egoyan des Beaux lendemains, film lui aussi tourné dans un paysage de glace. Que la psy soit jouée par Arsinée Khanjian, l'épouse et égérie du cinéaste canado-arménien, n'est ici certainement pas un hasard. D'aucuns ont même vu dans Poupoupidou des relents de David Lynch, Otto Preminger ou Gus Van Sant. N'en jetez plus !
Bref, le film suffoque de ce trop-plein théorique qui étouffe l'aspect émotionnel d'une œuvre hésitant maladroitement entre humour et gravité. C'est avec les personnages secondaires que Poupoupidou respire un peu, et le spectateur avec lui. On appréciera comme il se doit la jeune gothique qui travaille à l'accueil de l'hôtel où loge le "héros" (et ses tentatives avortées de séduction), ainsi que le jeune policier subtilement équivoque qui seconde l'écrivain dans son enquête.