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Jean Aymar de Thou dit tout : Oncle Boonmee
Publié le
par lefilmdujour
CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES
Apichatpong Weerasethakul, 2009, film sorti en salles le 1er septembre 2010
Selon l'excellent mensuel de cinéma Positif, le dernier opus d'Apichatpong Weerasethakul ne souffrirait pas la tiédeur critique. Alors adepte de l'adoration béate ou disciple du rejet systématique ? Votre serviteur se range sans hésitation dans la deuxième catégorie et peine encore à croire qu'on ait pu décerner la Palme d'or à une œuvre qui appartient plus au cinéma expérimental, voire à l'installation d'art contemporain (non, non, je n'ai pas écrit fumisterie...).
Oncle Boonmee nous conte donc l'histoire d'un homme à l'article de la mort qui croise des fantômes de son passé et marche sur les traces de ses vies antérieures. Certes, les images sont parfois d'une beauté à couper le souffle (les premières minutes du film et toutes les scènes tournées dans la forêt), mais pas la moindre émotion ne vient ne serait-ce qu'effleurer le cœur du spectateur. Et que l'on ne vienne pas me dire que je ne supporte pas l'extrême lenteur du long métrage... Dans le même genre, chaque instant de Mère et fils du russe Sokourov, long métrage qui retraçait, sur un rythme quasi immobile, les derniers jours d'une vieille femme seule avec son fils était bouleversant !
Ici, le manque de charisme des acteurs contribue à laisser le spectateur de marbre sinon apathique, d'autant que le film frise l'hermétisme le plus abscons. En l'absence d'un contact si ce n'est intellectuel tout du moins sensoriel avec le film, le spectateur est condamné au sommeil du juste. Les insomniaques apprécieront à leur juste valeur des scènes d'un ridicule le plus achevé, notamment celles où apparaissent des humanoïdes hideux couverts de poils noirs et dotés de diodes lasers rouges en guise de yeux (créatures qui ne dépareilleraient pas dans une bande ultra-Z, c'est pour dire). Et ne parlons pas de la princesse qui se fait lécher le minou par un poisson-chat !
Bref, inutile de vous déplacer... et laissez donc Oncle Boonmee mourir de sa belle mort, seul dans son coin de forêt thaïlandais.