Jean Aymar de Thou dit tout : Minuit à Paris

Woody Allen, 2010, film sorti en salles le 11 mai 2011

Avec Minuit à Paris, Woody Allen renoue avec bonheur avec le fantastique, genre cinématographique qui lui avait déjà porté chance avec Zelig, La rose pourpre du Caire, Alice ou Le sortilège du scorpion de jade. Voici donc un couple jeune en voyage prénuptial dans la capitale française. Lui, scénariste à succès, veut écrire un roman. Elle, légèrement superficielle, est flanquée de ses parents, des Américains bon teint comme nous, Français, aimons les détester (ils sont réacs, francophobes et mesurent tout à l'aune du fric).

Nostalgique du Paris des années 20, alors vivier culturel et repère des écrivains américains en quête d'inspiration, le futur mari préfère donc, le soir venu, flâner seul dans les rues de la capitale idéalisée et magnifiée par le regard de Woody Allen. Par un tour de passe-passe, aux douze coups de minuit, notre héros va alors rencontrer les personnages célèbres de l'entre-deux-guerres parisien littéraire et artistique : Hemingway, Fitzgerald, Gertrude Stein, Dali, Bunuel, Picasso, Man Ray, Josephine Baker, etc. Woody Allen enchaîne alors les scènes savoureuses, hilarantes et jouissives, faisant de Minuit à Paris un vrai petit bijou. Dans le même temps, le réalisateur traite en filigrane d'un sujet intemporel : la nostalgie d'un passé considéré comme un âge d'or perdu, et ce quelle que soit l'époque (dans 50 ans, on considérera les années 2010, passablement craignos, comme particulièrement exquises, n'en doutons pas...).

Dans Minuit à Paris, on croisera de-ci de-là quelques acteurs français plus ou moins connus dont les apparitions sont autant de clins d’œil bien appréciables : Gad Elmaleh (en détective suspicieux), Marcial di Fonzo Bo (en Picasso), Olivier Rabourdin (en Gauguin), Michel Vuillermoz et Marianne Basler (en roi et reine surpris au petit-déjeuner), etc. Le rôle de la première dame de France (Carla Bruni-Sarkozy), qui a fait les choux gras d'une certaine presse, n'est qu'anecdotique et accessoire.

Jean Aymar de Thou