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Jean Aymar de Thou dit tout : La dame de fer
Publié le
par lefilmdujour
Phyllida Lloyd, 2011, film sorti en salles le 15 février 2012
Film centré sur le personnage de Margaret Thatcher, célèbre dure à cuire qui logea au 10, Downing Street à Londres de 1979 à 1990, La dame de fer commet d’emblée une erreur impardonnable. Dès l’entame du long métrage, la caméra s’attarde sur une mémé en pleine confusion mentale, devisant avec son mari décédé depuis plusieurs années.
A moins d’être un cœur de pierre, le spectateur ne peut que ressentir de l’empathie pour une vieille dame un peu perdue, infantilisée par son entourage et se remémorant par bribes un passé glorieux. Or, pour une figure du XXe siècle qui a déchaîné autant de passions contradictoires que Margaret Thatcher, c’est une faute grave de la part des scénaristes et de la réalisatrice que de prendre en otage le spectateur d’une manière aussi éhontée. Il eût fallu plutôt s'attarder sur une Maggie jeune fille se projetant dans l'avenir et qui réussira à s'imposer dans un univers odieusement machiste et à imposer un conservatisme outrancier et finalement mortifère à toute une classe politique. Si encore le film était, je ne dis même pas bon, mais simplement correct, on pourrait à la rigueur excuser une telle faute de goût. Mais nous sommes ici face à une purge télévisuelle purement factuelle qui survole son sujet sans jamais approfondir le caractère (sans doute) complexe de l’ex-Prime Minister et sans jamais mettre en perspective ses (très) graves erreurs.
Le spectateur - à qui l’on indique en 5 secondes chrono que la Dame de fer a laissé mourir de faim une dizaine de membres de l’IRA (peut-être ces derniers était-ils coupables d’assassinat, mais rien ne justifie cette peine de mort déguisée), qu’elle a plongé dans la misère des familles de mineurs exsangues après neuf mois de grève, qu’elle a maté à coups de gourdin des manifestations au risque de mettre en péril les vies de femmes et d’enfants défilant dans les cortèges – est sommé de pardonner à cette dame qui souffre aujourd’hui, comme c’est triste, de la maladie d’Alzheimer (comme si cela pouvait excuser tout). Et ce alors que l’épisode des Malouines, traité comme un haut fait de guerre, est étiré à l’extrême. La scène où Maggie place, devant un ambassadeur américain médusé, l’engagement des Britanniques dans la guerre des Malouines au même niveau stratégique que la riposte des États-Unis à l’attaque de Pearl Harbor, est d’ailleurs proprement ahurissante. C’est malheureusement l’un des très rares moments où le film semble prendre un peu de distance avec son personnage principal.
La prestation de Meryl Streep est impeccable – surtout en vieille Maggie, ce qui est un comble – mais on est en droit d’attendre de l’actrice des rôles un peu plus complexes dans des films d’un autre niveau que cette Dame de fer passablement molle du genou… Bon c'est vrai que la réalisatrice, Phyllida Lloyd, lui a fait gagner une fortune avec Mamma mia ! mais quand même...