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Jean Aymar de Thou dit tout : Au-delà
Publié le
par lefilmdujour
Clint Eastwood, 2010, film sorti en salles le 19 janvier 2011
Débarrassons-nous tout de suite de ce qui fâche dans Au-delà, le dernier opus de Clint Eastwood : la vision "américaine" (donc complètement déconnectée de la réalité) de l'Hexagone et de son élite. Clint Eastwood, de ce côté-là, ne fait ni mieux ni moins bien que ses collègues US. Conséquemment, le rôle de journaliste TV en vogue jouée par Cécile de France apparaît complètement artificiel et peu crédible... C'est le rôle qui veut ça et ce n'est pas la faute de l'actrice, impeccable comme à son habitude (à l'exception de sa coiffure, atroce).
A ce bémol près, Au-delà est un excellent film, d'un très grand classicisme (aux dernières nouvelles, ce n'est pas une tare, excepté pour les thuriféraires d'Apichatpong Weerasethakul et de son fumeux, soporifique et emmerdant Oncle Boonmee... j'en baille rien qu'en écrivant ces mots). Clint Eastwood mêle avec une grande habileté trois destins marqués par la mort : un médium solitaire incapable de nouer des relations amicales ou amoureuses (Matt Damon franchement impressionnant), un enfant douloureusement marqué par le décès accidentel de son frère jumeau, et une journaliste française rescapée d'un tsunami ayant fait une EMI (Expérience de mort imminente). On notera à cet égard la qualité des effets spéciaux lors des premières scènes du film, particulièrement saisissantes.
Évidemment, l'amateur de films fantastiques ne pourra qu'être déçu à la vision d'Au-delà. Car la dernière œuvre de Clint Eastwood est aux antipodes du spectaculaire, l'épisode du tsunami mis à part. Dans Au-delà, le réalisateur s'attache à tisser des fils pour ramener vers la vie trois êtres perdus, à leur corps plus ou moins défendant, aux lisières de la mort. Une démarche à l'opposé de celle qui avait présidé à des films comme Mystic River, Million Dollar Baby ou Gran Torino, mais tout aussi maîtrisée !