Georges Lautner (1926-2013)
Réalisateur des Tontons flingueurs (1963), film désormais culte où Lino Ventura, Bernard Blier, Francis Blanche, Jean Lefebvre et Robert Dalban font assaut de répliques hilarantes signées Michel Audiard, Georges Lautner est décédé le 22 novembre 2013 à l’âge de 87 ans.
Fils de l’actrice Renée Saint-Cyr, célèbre dans les années 1930 et 1940, Georges Lautner commence sa carrière au Service cinématographique de l’Armée avant de faire ses armes comme assistant-réalisateur au cours de la décennie 1950. Passé à la mise en scène en 1958 avec La Môme aux boutons, Georges Lautner se fait un nom dès son quatrième film, Le Monocle noir (1960), où Paul Meurisse, en agent du deuxième bureau flegmatique en butte à des nostalgiques du Troisième Reich, fait merveille.
Un succès qui se concrétisa par deux nouvelles aventures du Monocle : L’Oeil du monocle (1962) et Le Monocle rit jaune (1964). C’est donc surtout dans le style parodique et la comédie que le réalisateur se taille une réputation non usurpée avec des œuvres inoubliables comme Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes (1964), Laisse aller… c’est une valse (1970), La Valise (1973), etc.
Bernard Blier, Albert Rémy et Paul Meurisse dans Le Monocle noir (1960)
Le nom de Georges Lautner est également indissociablement lié à celui de Mireille Darc. L’actrice intègre "la bande à Lautner" dès Des pissenlits par la racine (1963) et on la retrouve, toujours aussi magnifique, dans Les Barbouzes, Les Bons vivants (1965), Ne nous fâchons pas (1965), Fleur d'oseille (1967), Laisse aller… c'est une valse, Il était une fois un flic (1971), La Valise (1973) et, dans un rôle tragique auprès d’Alain Delon, Les Seins de glace (1974).
Avec Galia (1965), puis La Grande sauterelle (1966), Georges Lautner lui confie aussi des rôles de femme indépendante, moderne, libre, bien dans sa tête et dans son corps, qui la consacrent grande vedette et qui marquent à cette époque une étape importante dans l’émancipation de la femme à l’écran.
Dans les années 1960 et 1970, tout le gratin du cinéma français passe devant la caméra de Georges Lautner : Bernard Blier dès le drame Le Septième juré (1961), Lino Ventura et Michel Constantin évidemment, Louis de Funès (Des pissenlits par la racine, Les Bons vivants), Jean Gabin (Le Pacha, 1967), Jean Yanne (Laisse aller… c’est une valse), Miou-Miou (Pas de problème, 1975 ; On aura tout vu, 1976 ; Est-ce bien raisonnable, 1980 ; Attention, une femme peut en cacher une autre, 1983), Pierre Richard (On aura tout vu), Alain Delon (Les Seins de glace, Mort d’un pourri, 1977), Jean-Paul Belmondo (Flic ou voyou, 1978 ; Le Guignolo, 1979 ; Le Professionnel, 1980 ; Joyeuses Pâques, 1984). Georges Lautner fait même tourner Rita Hayworth dans La Route de Salina en 1969 !
Après le semi-échec de Joyeuses Pâques, la carrière de Georges Lautner marque quelque peu pas, à l’exception de La Maison assassinée (1988), histoire criminelle menée de main de maître avec Patrick Bruel. Des œuvrettes oubliables et médiocres comme Le Cow-boy (1985) avec Aldo Maccione, La Cage aux folles III (1985), L'Invité surprise (1988) avec le comique aujourd'hui oublié Eric Blanc n'apportent rien à la réputation du réalisateur.
Georges Lautner, qui était présent à Lyon le 14 octobre pour l'ouverture du Festival Lumière, avait terminé sa carrière de réalisateur avec le remake des Inconnus dans la maison (1992) et Belmondo dans le rôle initialement tenu par Raimu.