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Ciné glouglou n°10 : Abyss
Publié le
par lefilmdujour
James Cameron, 1989
Comment ça, Abyss, c’est pas du ciné glouglou ? C’est pas parce que les sous-marins sont petits avec des bras articulés que l’on ne va pas en parler, non ? Et puis prenez la première scène du film. On est dans un vrai sous-marin de l’US Navy. En cinq minutes, James Cameron nous décline le scénario standard du film glouglou : un commandant téméraire, une attaque à la torpille (OK, elle est bizarre la torpille) et la chute dans les grands fonds. Coulé l'USS Montana ! Et oui, tous morts les valeureux soldats. C’est très impressionnant et le film ne fait que commencer.
Le pitch : il faut aller récupérer les ogives nucléaires du sous-marin qui a sombré. Pour ce faire, l’armée envoie une équipe sur le Deepcore, une plate-forme sous-marine de prospection pétrolière située non loin de l’épave. Commence une confrontation de plus en plus tendue entre le commando militaire et le gang des joyeux glandus prospecteurs. D’autant qu’il se passe des choses vraiment étranges là-dessous.
Nous n’allons pas ergoter : il est exact qu'Abyss ne se situe pas exactement dans le genre glouglou. C’est d’abord un film de science-fiction, mais il se passe entièrement sous l’eau et nous avons déjà souligné la parenté entre les sous-marins et les vaisseaux spatiaux. Il a donc droit à une place dans cette rubrique.
Critiquer un film de Cameron est un exercice facile, comme toujours. Il est aisé, par exemple, de se moquer de la fin à l’eau de rose et de son message sur l’humanité sauvée par un texto d’amour. Facile de railler le manque de profondeur de ses personnages (quoiqu’on aille jusqu’à moins 5000, là). Reste la virtuosité du réalisateur, son sens du spectacle et, comme souvent avec lui, quelques idées de grande classe. Ainsi en va-t-il du désormais célèbre effet spécial de la sculpture aquatique vivante (un procédé réellement saisissant qu’il reprendra jusqu’à plus soif dans Terminator 2). L’exploration de l’épave du sous-marin constitue également un moment de choix.
Citons enfin cette scène où Bud (Ed Harris) et Lindsey (Mary Elizabeth Mastrantonio), sa compagne, se retrouvent bloqués dans un mini sous-marin accidenté qui se remplit d’eau, alors qu'ils ne disposent que d’un seul scaphandre. Elle lui intime l’ordre d’enfiler l’équipement. Elle se laissera mourir et il la ramènera en hypothermie jusqu’à la base et la réanimera. De fait, elle meurt noyée dans les bras du brave Bud qui ramène son corps aussi vite qu’il peut et passe un bon moment à essayer de la ressusciter. Y arrive-t-il ? Ne comptez pas sur votre serviteur pour vous le dire. Autre idée et scène saisissante : quand Bud essaie pour la première fois le scaphandre spécial amené par les militaires dont la particularité est d’alimenter son occupant en oxygène par un liquide dont le bougre doit s’emplir les poumons. Le pauvre se noie littéralement dans son casque rempli d’une sorte de liquide amniotique rosâtre, avant d’en avaler une bonne goulée et de revenir à la vie.
Le casting ? On ne peut pas s’en plaindre vu qu'Ed Harris le grand est de la partie. Mary Elizabeth Mastrantonio est un tantinet agaçante. Les autres sont bons. Mention spéciale à Michael Biehn, relooké en Freddy Mercury, qui nous campe avec talent un chef de commando en pleine dépression paranoïaque.
On l’aura compris, Abyss constitue en définitive un excellent spectacle truffé d’idées lumineuses. Un film du reste très apprécié par certains cinéphiles. A l’époque de sa sortie, Arnaud Desplechin en disait grand bien à des journalistes des Cahiers du cinéma médusés, citant notamment la scène ou Bud essaie de récupérer son alliance après l’avoir jetée dans les waters. Il y parvient mais son bras est tout bleu. Desplechin avait adoré. Nous aussi.