Lenny Barre se marre : On aura tout vu
Un film de Georges Lautner (1976) avec Pierre Richard, Miou-Miou, Jean-Pierre Marielle...
Avec On aura tout vu et l’aide de Francis Veber au scénario, le réalisateur Georges Lautner s’attaque de façon humoristique au cinéma porno qui envahissait les écrans en ce milieu des années 1970. Les deux hommes y font se confronter l’idéalisme et la naïveté de Pierre Richard, ici en apprenti réalisateur désireux de tourner son premier long métrage « sans concession », et la fraîcheur et le naturel de Miou-Miou, en compagne empathique mais néanmoins intraitable sur ses valeurs, à la vulgarité et l’appétit financier d’un producteur de films X, Bob Morlock, interprété avec gourmandise et jubilation par Jean-Pierre Marielle.
Avec un ami (Henry Guybet), François Perrin (Pierre Richard) a écrit pour son futur premier film une histoire d’amour, Le Miroir de l’âme, tombée dans les mains de Morlock qui souhaite la mettre « au goût du jour » avant de lancer le tournage. Confié à un "script doctor" spécialisé dans les situations salaces (Gérard Jugnot, hilarant), Le Miroir de l’âme est devenu La Vaginale (sans commentaires…) et, la mort dans l’âme, le cinéaste en herbe, dans sa volonté exacerbée d’entrer dans le monde du cinéma, finit par céder à l’emprise du X.
Remis dans son contexte de l’époque, On aura tout vu tient la route en évitant le scabreux et le crapoteux, l’ensemble restant somme toute bon enfant. (Veber et Lautner arrivent même à rendre émouvante une scène où Miou-Miou nue lit du Molière.) En cerises sur le gâteau, les apparitions (plus ou moins) fugaces d’autres membres émérites de l’équipe du Splendid d’alors (avant Les Bronzés) comme Michel Blanc, Valérie Mairesse, Marie-Anne Chazel et Thierry Lhermitte. Ainsi que Sabine Azéma dans son premier rôle au cinéma.
On se souviendra qu’On aura tout vu avait été diffusé fin mars 1981 à la télévision dans le cadre d’un Dossier de l’écran consacré au porno. Lors du débat qui avait suivi, l’ex-actrice de films X Sylvia Bourdon et une femme représentant les ligues de vertu s’étaient lancé moult invectives, interrompues par l’arrivée impromptue du mari de la dame, exhortant son épouse à quitter le plateau sous cette exclamation lancée à la cantonade : « Ah, elle est belle, la France de Giscard ! » Moins de deux mois après, le président de la République laissait sa place à un autre…
Lenny Barre