Ciné actu par Jean Aymar de Thou : Conclave
Un film d’Edward Berger (2023), sorti en salles le 4 décembre 2024
L’élection d’un nouveau pape est le cadre idéal d’un huis clos propice aux complots et aux petits arrangements entre cardinaux de plus ou moins bon aloi, progressistes ou conservateurs, prompts à s’affronter à fleurets pas forcément mouchetés autour de thématiques propres à la religion catholique, mais aussi sur des sujets politiques, sociaux et sociétaux.
Un tel sujet n’a été qu’effleuré par le cinéma, notamment dans Les Souliers de saint Pierre (1968) de Michael Anderson avec Anthony Quinn en archevêque ukrainien, fraichement libéré des camps sibériens et promu cardinal par un pape qui meurt peu après… alors que les tensions avec l’URSS et la Chine s’exacerbent.
Conclave du réalisateur allemand Edward Berger fait d’un conclave qui va permettre de désigner un nouveau pape le sujet même du film, l’action se passant stricto sensu entre la mort du souverain pontife et l’élection de son successeur. En le pimentant de façon intelligente (et haletante pour le spectateur) de conspirations tortueuses, de basses manœuvres d’arrière-cour, de joutes épiques entre progressistes et ultraconservateurs, le tout sur fond d’attentats islamistes (dont les échos n’arrivent qu’atténués aux oreilles des cardinaux enfermés).
Adapté d’un roman de Robert Harris, Conclave arrive à entretenir un suspense de tous les diables sous le plafond de la chapelle Sixtine, soutenu par un casting cinq étoiles avec des acteurs empourprés au sommet de leur art à l’instar de Ralph Fiennes, Stanley Tucci, John Lithgow et Sergio Castellito, sans oublier Isabella Rossellini dans le rôle secondaire mais ô combien important d’une religieuse qui ne dit presque rien mais qui entend tout. Le film se termine sur un coup de théâtre, bien dans l’air du temps.
Jean Aymar de Thou