Anouk Aimée (1932-2024)
Révélée dans un personnage à la Juliette qui connaît l’amour et un destin tragique comme l’héroïne de Shakespeare dans Les Amants de Vérone (1948) d’André Cayatte, inoubliable Lola, danseuse et chanteuse dans un cabaret de Nantes, dans Lola (1960) de Jacques Demy, à jamais popularisée face à Jean-Louis Trintignant grâce au succès d’Un homme et une femme (1965) de Claude Lelouch, la comédienne Anouk Aimée est décédée le 18 juin 2024 à l’âge de 92 ans.
Serge Reggiani et Anouk Aimée dans Les Amants de Vérone (1948)
C’est en 1946, alors qu’elle n’a que 14 ans, qu’Anouk Aimée passe pour la première fois devant la caméra (La Maison sous la mer, de Henri Calef). Sa prestation dans Les Amants de Vérone donne à la jeune actrice l’opportunité de travailler à l’international, et notamment en Angleterre (La Salamandre d’or, 1950, de Ronald Neame ; L’Homme qui regardait les trains, 1952, de Harold French…) et en Allemagne (L’Amour ne meurt jamais, 1956, de O. W. Fischer).
Anouk Aimée dans Lola (1960)
En France, Anouk Aimée tourne sous la direction d’Alexandre Astruc, réalisateur qui préfigure l’arrivée de la Nouvelle Vague (Le Rideau cramoisi, 1952 ; Les Mauvaises rencontres, 1955). Elle donne la réplique à Gérard Philipe dans Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier et Montparnasse 19 (1957) de Jacques Becker et participe aux premiers longs métrages de Georges Franju (La Tête contre les murs, 1958) et de Jean-Pierre Mocky (Les Dragueurs, 1959) et au deuxième long métrage de Philippe de Broca (Le Farceur, 1960).
Marcello Mastroianni et Anouk Aimée dans La Dolce Vita (1960)
Cette même année 1960, Anouk Aimée entre dans l'univers de Jacques Demy avec Lola, personnage qu’elle retrouvera dans Model Shop (1968), et dans celui de Federico Fellini (avec La Dolce Vita, puis dans Huit et demi, 1962).
Dans la foulée, l’actrice se perd quelque peu dans les productions transalpines et on la voit chez Vittorio De Sica, Alberto Lattuada, Gianfranco De Bosio, Sergio Corbucci, Alessando Blasetti, Dino Risi…
C’est Un homme et une femme de Lelouch qui relance sa carrière (et qui lui permet de décrocher un Golden Globe outre-Atlantique). Les États-Unis l’appellent et Anouk Aimée collabore alors avec Sidney Lumet (Le Rendez-vous, 1969) et George Cukor (Justine, 1969).
Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée dans Un homme et une femme (1965) de Claude Lelouch
A noter un beau rôle aussi pour l'actrice auprès d’Yves Montand dans Un soir un train (1967) du Belge André Belvaux sur fond d'incommunicabilité, de réalisme magique et de conflit linguistique.
Mariée à l’acteur britannique Albert Finney de 1970 à 1978, Anouk Aimée met sa carrière entre parenthèses durant cette période en s’installant à Londres.
Elle retrouve le chemin du grand écran avec Élie Chouraqui (dont elle est alors la compagne) (Mon premier amour, 1978 ; Qu’est-ce qui fait courir David ? 1981), Marco Bellochio (Le Saut dans le vide, 1980, qui lui vaut le Prix d’interprétation au festival de Cannes), Bernardo Bertolucci (La Tragédie d’un homme ridicule, 1981), Luciano Tovoli (Le Général de l’armée morte, 1983) et Jerzy Skolimowski (Le Succès à tout prix, 1984).
Dans les années qui suivent, l’actrice retrouve régulièrement Claude Lelouch (Viva la vie, 1983 ; Un homme et une femme 20 ans déjà, 1986 ; Il y a des jours… et des lunes, 1990 ; Hommes femmes : mode d’emploi, 1993 ; Une pour toutes, 1999 ; Ces amours-là, 2009 ; Les Plus belles années d’une vie, 2018).
Dans La Petite prairie aux bouleaux (2002) de Marceline Loridan-Ivens, Anouk Aimée, qui avait échappé aux rafles juives à Paris lors de l’Occupation, incarne Myriam, une femme qui vit à New York depuis une cinquantaine d’années, qui revient en Europe pour la commémoration annuelle des anciens d’Auschwitz et qui décide de retourner à Birkenau, où elle a connu l’enfer des camps de concentration.
Anouk Aimée, qui avait reçu un César d’honneur en 2002 et qui s’était aussi illustrée au théâtre et à la télévision, a notamment été mariée au réalisateur Nikos Papatakis (de 1951 à 1958), au chanteur Pierre Barouh, rencontré sur le tournage d’Un homme et une femme (de 1966 à 1969) et à l’acteur Albert Finney (de 1970 à 1978).
Anouk Aimée (pour Un homme et une femme) figure au rang des 13 actrices françaises à avoir été, à ce jour, distinguées par une nomination à un Oscar.