Micheline Presle (1922-2024)
Micheline Presle était née la même année qu’Ava Gardner, Judy Garland et Gérard Philipe, auquel elle donne la réplique dans Le Diable au corps (1946) de Claude Autant-Lara. La comédienne française de théâtre, de cinéma et de télévision est décédée le 21 février 2024 à l’âge de 101 ans. Elle rejoint au firmament des grandes vedettes féminines des années 1930, 1940, 1950 et 1960 Michèle Morgan (1920-2016) et Danielle Darrieux (1917-2017).
Alors qu’elle est apparue dans déjà deux-trois films, Micheline Presle, qui prend définitivement son nom d’artiste à cette occasion, connaît un premier succès dans le mélodrame Jeunes filles en détresse (1939) du grand réalisateur allemand Georg-Wilhelm Pabst.
S’ensuit une décennie fastueuse pour l’actrice où elle enchaîne les films marquants, de Paradis perdu (1939) d’Abel Gance aux Jeux sont faits (1947) de Jean Delannoy (sur un scénario original de Jean-Paul Sartre), en passant par La Nuit fantastique (1941) de Marcel L’Herbier, Félicie Nanteuil (1962) de Marc Allégret, Falbalas (1944) de Jacques Becker, Boule-de-Suif (1945) de Christian-Jaque et Le Diable au corps.
A la fin des années 1940, Micheline Presle se laisse tenter par une aventure hollywoodienne et tourne quelques films américains comme La Belle de Paris (1949) de Jean Negulesco face à John Garfield, La Taverne de New Orleans (1949) de William Marshall aux côtés d’Errol Flynn et Guérillas (1950) de Fritz Lang, où elle donne la réplique à Tyrone Power.
En 1950, l’actrice épouse en secondes noces le réalisateur William Marshall, qui avait divorcé en 1948 de Michèle Morgan. En 1951, naît de cette union Tonie Marshall, future actrice et réalisatrice, malheureusement décédée en 2020.
Dans les années 1950, Micheline Presle, qui divorce en 1954 de William Marshall (qui passera quelques années plus tard la bague au doigt à Ginger Rogers), retrouve le chemin des studios européens. Elle est Marguerite Gauthier dans La Dame aux camélias (1952) de Raymond Bernard, la marquise de Pompadour dans Si Versailles m’était conté (1953) et Hortense de Beauharnais dans Napoléon (1954), deux films de prestige de Sacha Guitry.
L’actrice tourne dans le dernier long métrage réalisé par Jean Grémillon (L’Amour d’une femme, 1953) et croise la route d’une nouvelle génération d’acteurs et d’actrices : Brigitte Bardot dans La Mariée est trop belle (1956) de Pierre Gaspard-Huit, Jeanne Moreau dans Les Louves (1956) de Luis Saslavski, Alain Delon dans Christine (1958) de Pierre Gaspard-Huit, Pascale Petit dans Une fille pour l’été (1959) d’Édouard Molinaro, Jean Seberg dans Les Grandes personnes (1960) de Jean Valère et L’Amant de cinq jours (1960) de Philippe de Broca.
Elle donne aussi la réplique à Jean Gabin dans Le Baron de l’écluse (1959) de Jean Delannoy.
Micheline Presle et Brigitte Bardot dans La Mariée est trop belle (1956)
Dans les années 1960, Micheline Presle, tout en tournant dans des comédies ambitieuses (Le Roi de cœur, 1966, de Philippe de Broca, qui restera son film préféré), n’est pas complètement ignorée de la Nouvelle Vague avec un vrai rôle chez Jacques Rivette (La Religieuse, 1965) et un passage chez Jacques Demy (le sketch La Luxure des Sept péchés capitaux, 1961) avant de retrouver le réalisateur dans Peau d’âne (1970) (photo ci-dessous) et L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune (1973). Côté télévision, l’actrice accroît encore un peu plus sa notoriété en jouant aux côtés de Daniel Gélin dans la série TV à succès Les Saintes chéries (1965-1971).
Si, après 1970, les premiers rôles se font plus rares pour Micheline Presle sur grand écran, la comédienne n’en jouera pas moins dans encore près de 70 films, dont plusieurs tournés par de jeunes cinéastes, et ce jusqu’à sa dernière apparition dans le documentaire Je veux être actrice (2015) de Frédéric Sojcher.
Claude Piéplu et Micheline Presle dans Beau temps mais orageux en fin de journée (1985)
De-ci de-là, on la voit chez Jacques Davila (Certaines nouvelles, 1976 ; Qui trop embrasse, 1986), Jean Yanne (Je me tiens, tu me tiens par la barbichette, 1978), Paul Vecchiali (En haut des marches, 1983), Claude Chabrol (Le Sang des autres, 1983), Alain Resnais (I Want to Go Home, 1988), Gérard Frot-Coutaz (Beau temps mais orageux en fin de journée, 1985 ; Après après-demain, 1989), Gérard Jugnot (Casque bleu, 1993 ; Fallait pas ! 1996), Jean-Pierre Mocky (Grabuge ! 2004)... Sans oublier ses prestations sous la direction de sa fille, Tonie Marshall, dans Pas très catholique (1994), Vénus Beauté (Institut) (1998) ou France Boutique (2002).
Nommée au César de la meilleure actrice dans un second rôle pour I Want to Go Home, Micheline Presle avait reçu un César d’honneur en 2004.