Otar Iosseliani (1934-2023)
Cinéaste né en Géorgie à l’époque soviétique et naturalisé français, Otar Iosseliani est décédé le 17 décembre 2023 à l’âge de 89 ans. Passé à la réalisation à la fin des années 1950, Otar Iosseliani signe des « œuvres étrangement poétiques, délicatement burlesques et ironiques, nourries chez René Clair, Buster Keaton et Jacques Tati » (La Cinémathèque française). Des œuvres qui eurent toutefois maille à partir avec la censure de l’URSS. La Chute des feuilles (1966), son premier long métrage, qui s’intéresse à deux jeunes hommes qui font leurs premières armes dans une coopérative vinicole en Géorgie, est retiré de la distribution mais le film est néanmoins présenté à Cannes.
Il était une fois un merle chanteur (1970), portrait d’un timbalier charmeur et paresseux, est interdit à l’exportation mais est finalement projeté lui aussi à Cannes en 1974. Pastorale (1976), histoire de quelques étudiants en musique de la ville envoyés dans un kolkhoze voisin, est interdit jusqu’en 1979, année ou Iosseliani est nommé Personnalité émérite des Arts de Géorgie.
A partir de 1982, le réalisateur travaille en France et signe en 1984 Les Favoris de la lune, galerie de personnages aux profils divers et variés (avec la première apparition sur grand écran de Mathieu Amalric) qui reçoit le Grand prix du jury au festival de Venise.
Dans les années qui suivent, Otar Iosseliani est régulièrement récompensé. Et la lumière fut (1989), chronique d’un village africain menacé par la déforestation, remporte lui aussi le Grand prix du jury à Venise. Adieu plancher des vaches (1998) se voit décerner le prix Louis-Delluc 1999. Pour Lundi matin (2001), le cinéaste reçoit l’Ours d’argent du meilleur réalisateur au festival de Berlin.
Otar Iosseliani a également signé La Chasse aux papillons (1991), Brigands, chapitre VII (1995), distingué encore par un Grand prix du jury à Venise, Jardins en automne (2005), Chantrapas (2009), histoire d'un cinéaste géorgien qui, empêché de travailler librement et censuré par le pouvoir politique en place dans son pays d'origine, le quitte pour partir travailler en France, et Chant d’hiver (2015). A noter que le cinéaste Pierre Etaix, dont l'univers n'est pas si éloigné de celui du réalisateur géorgien, est apparu dans plusieurs films réalisés par Otar Iosseliani (Jardins en automne, Chantrapas, Chant d’hiver).