Nadja Tiller (1929-2023)

L’actrice autrichienne de théâtre, de télévision et de cinéma Nadja Tiller, qui donna la réplique à Jean Gabin et à Jean Marais sur grand écran, est décédée le 21 février 2023 à l’âge de 93 ans.

Fille d’un acteur et d’une chanteuse d’opérette, elle étudie la comédie, remporte le titre de Miss Autriche 1949 et entame aussitôt une carrière cinématographique. Dans les années 1950, Nadja Tiller enchaîne les comédies musicales et les comédies en costumes, spécialités allemandes et autrichiennes à cette époque, et se fait remarquer en 1955 dans la saga familiale La Famille Barring (1955) de Rolf Thiele. Un réalisateur qui la fera tourner une dizaine de fois et notamment dans Lulu (a.k.a. Les Liaisons douteuses) (1962), film basé sur deux pièces de Frank Wedekind (qui servirent aussi  de points de départ à l’opéra d’Alban Berg).

Entre-temps, l’actrice s’est internationalisée. En 1957, Nadja Tiller est au générique du film de cape et d’épée La Tour, prends garde de Georges Lampin avec Jean Marais dans le rôle-titre. L’année suivante, elle est une riche héritière toxicomane face à Jean Gabin en policier dans Le Désordre et la nuit  de Gilles Grangier (photo ci-dessus) et, dans Du rififi chez les femmes d’Alex Joffé, elle est une propriétaire d’une boîte de nuit face à Robert Hossein et Roger Hanin.

Cette même année 1958, Nadja Tiller tient peut-être son meilleur rôle dans La Fille Rosemarie de Rolf Thiele (photo ci-contre), celui d’une demi-mondaine de Francfort lancée dans l’espionnage industriel sur l’oreiller qui a réellement existé… avant d’être assassinée en 1957 dans des conditions très mystérieuses. L’œuvre est acclamée à la Mostra de Venise et reçoit le prix du meilleur film étranger aux Golden Globes 1958. Dans L’Affaire Nina B. (1961) du vétéran Robert Siodmak, elle est la femme du riche aventurier joué par Pierre Brasseur. Selon le Dictionnaire du cinéma, Nadja Tiller incarne dans ces deux derniers films « des personnages de ravageuse sur le plan sexuel »…

Toujours très présente sur le grand écran dans les années 1960, l’actrice travaille sous la direction de Julien Duvivier et face à Jean-Claude Brialy et Perrette Pradier dans La Chambre ardente (1961), adaptation d’un roman policier de John-Dickson Carr), tourne pour Roberto Rossellini (Âme noire, 1962), retrouve Jean Marais dans Pleins feux sur Stanislas (Dudrumet, 1965) et Jean Gabin dans Du rififi à Paname (De la Patellière, 1965), serre dans ses bras Jean-Paul Belmondo dans Tendre voyou (1966) de Jean Becker, partage le haut de l’affiche de Comment l’ai appris à aimer les femmes (Salce, 1966) avec Michèle Mercier, Elsa Martinelli, Anita Ekberg, Romina Power et Sandra Milo.

A partir des années 1970, Nadja Tiller se consacre de plus en plus à la télévision tout en se réservant de temps en temps des seconds rôles au cinéma comme dans Le Moine (1972) d’Ado Kyrou avec Franco Nero et Nathalie Delon ou La Baby-sitter (1975) de René Clément avec Maria Schneider et Sidne Rome (photo ci-dessus).

Présente à l’écran jusqu’à la fin des années 2000, Nadja Tiller avait été mariée à l’acteur allemand Walter Giller de 1956 à sa mort en 2011 à l’âge de 84 ans.