Agusti Villaronga (1953-2023)
Son premier long métrage Prison de cristal (1987), mêlant l’horreur au cinéma d’art et d’essai, est l’un des rares films cultes du cinéma espagnol. Le réalisateur Agusti Villaronga est décédé le 22 janvier 2023 à l’âge de 69 ans.
José Tirado Muñoz dans Le Cinéma espagnol (éditions Gremese) écrit : « Le début d’Agusti Villaronga exposa l’obsession qui allait traverser toute sa carrière : chercher le lyrisme dans le sordide, convaincu qu’il était de pouvoir tirer des fleurs de l’ordure ».
Prison de cristal, avec notamment Marisa Paredes au générique, montre la transformation d’une victime en bourreau. C’est l’histoire d’un ancien tortionnaire de camp de concentration nazi aux penchants pédophiles qui, des années plus tard, cloué dans un lit avec un poumon d’acier, est soigné par un jeune homme… qui a survécu aux tortures du passé et qui est finalement autant fasciné que révulsé par le vieillard.
Porté aux nues par la critique à la sortie du film, Agusti Villaronga vit son deuxième long métrage, El niño de la luna, présenté en compétition au festival de Cannes 1989. On y suit les aventures d'un enfant qui fuit une organisation secrète et dont l'unique obsession est d'arriver en Afrique pour l'accomplissement d'une ancienne prophétie. La lune et deux femmes vont l'aider à réaliser son destin. Au générique figurent notamment la chanteuse Lisa Gerrard et l’actrice italienne Lucia Bosé.
Réalisateur du clip Fuck Them All (2005) de Mylène Farmer, Agusti Villaronga avait signé en 2010 Pain noir, tourné en langue catalane et adaptation du roman éponyme de l’écrivain Emili Teixidor.
Ce film connut un succès retentissant en Espagne en raflant neuf récompenses lors de la cérémonie des Goya (l’équivalent hispanique des César) dont le meilleur film, le meilleur réalisateur, la meilleure actrice (Nora Navas), la meilleure révélation féminine (Marina Comas), le meilleur second rôle féminin (Laia Marull) et la meilleure révélation masculine (Francesc Colomer)… Le film parle du bourbier moral où est plongé un village catalan après la guerre d’Espagne, évoque d’obscurs règlements de comptes, des secrets sordides, et traite de l’influence de la misère des adultes sur le monde des enfants.