Kiju Yoshida (1933-2022)

Publié le par lefilmdujour

Le réalisateur japonais Kiju Yoshida (également connu sous le nom de Yoshishige Yoshida) fut, au même titre que Nagisa Oshima et Masahiro Shinoda, l’un des piliers de la Nouvelle vague japonaise dans les années 1960. Il est décédé le 8 décembre 2022 à l’âge de 89 ans.

Comme Oshima, Yoshida réalise en 1960 deux premiers longs métrages marquants (Bon à rien ; Le Sang séché). Selon le Dictionnaire du cinéma japonais (paru aux éditions Nouveau monde), « est déjà présent ce qui mûrira pour devenir le style particulier de Yoshida : rigueur extrême de la forme, présence inouïe du cadre, traitement du sujet qui fait très tôt de ses films des équivalents cinématographiques de l’essai, bien plus que du roman ».

Si, grâce à son épouse et égérie, l’actrice Mariko Okada, le réalisateur livre de bouleversants portraits de femme (La Source thermale d’Akitsu, 1962 ; Histoire écrite sur l’eau, 1965 ; Le Lac des femmes, 1966 ; Flamme et femme, 1967…), il renouvelle aussi les possibilités narratives et plastiques du cinéma avec des œuvres comme Purgatoire éroïca (1970) qui fait écho à la réalité japonaise de la jeunesse de l’époque.

Avec Eros+Massacre (1970), Yoshida entrelace la vie de Sakae Osugi, anarchiste et militant de l’ère Taisho (1912-1926) assassiné par la police militaire, avec celle de deux étudiants du Japon moderne qui découvrent les idées politiques et le concept d’amour libre formulé par Osugi. Le film est généralement considéré comme l’un des plus beaux de la Nouvelle vague japonaise, et parfois comme l'un des meilleurs films japonais en général.

C’est aussi une forme très intellectualisée qui préside à la réalisation d’Aveux, théories et actrices (1971), qui suit la trajectoire de trois comédiennes. Après Coup d’état (1973), le réalisateur s’éloigne du cinéma, vit au Mexique, réalise une série documentaire pour la télévision, monte des pièces de théâtre et des opéras en France dans les années 1990.

Yoshida était revenu au cinéma au milieu des années 1980 en signant deux longs métrages, le drame familial Promesse (1986) et Onimaru (1987), adaptation des Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë. Son dernier film tourné pour le cinéma, Femmes en miroir (2001), avec Mariko Okada, est un drame avec trois générations de femmes hantées par le souvenir du bombardement atomique d’Hiroshima.

Publié dans Claps de fin

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