Arnaldo Jabor (1940-2022)

Publié le par lefilmdujour

Le cinéaste brésilien Arnaldo Jabor, qui avait remporté un Ours d’argent au festival de cinéma de Berlin en 1973 pour son film Toute nudité sera châtiée, est décédé le 15 février 2022 à l’âge de 81 ans.

A ses débuts, Arnaldo Jabor, qui signe d’abord des documentaires comme O Circo (1965) sur la décadence du cirque et A Opinião Pública (1967) sur l’aliénation de la classe moyenne, s'inscrit dans la tradition du "Cinema Novo" brésilien, dont les représentants les plus connus sont Nelson Pereira dos Santos et Glauber Rocha.

Mouvement surtout actif entre 1959 et 1972, le Cinema Novo, qui fut quasi contemporain de la Nouvelle Vague française et du Free Cinema britannique, est directement lié au contexte sociopolitique de l'époque. S'inscrivant dans la continuité du néoréalisme italien, les jeunes réalisateurs brésiliens qui émergèrent à ce moment-là s'efforcèrent de trouver un langage visuel et personnel apte à restituer la réalité des problèmes du Brésil, pays en proie à la violence, à la famine et à une grande injustice sociale.

Le premier long métrage de fiction d'Arnaldo Jabor, Pindorama (1970), est présenté au festival de Cannes 1971 en compétition officielle. L’échec retentissant du film contraint le cinéaste à une profonde remise en cause et il rompt avec la radicalisme esthétique et politique du mouvement.

Après Toute nudité sera châtiée, critique acerbe de la bourgeoisie brésilienne et, notamment, de son hypocrisie sexuelle, il tournera encore cinq longs métrages entre 1973 et 2010 et filmera les actrices emblématiques Sania Braga (Eu Te Amo, présenté au festival de Cannes 1981 dans la catégorie Un certain regard) et Fernanda Torres (Parle-moi d’amour, 1986, film qui permet à la jeune actrice d’à peine 19 ans de décrocher le Prix d’interprétation au festival de Cannes 1986).

Arnaldo Jabor s'est toujours voulu en marge du Cinema Novo brésilien... bien qu'on le puisse le voir, tout comme Nelson Pereira dos Santos et Glauber Rocha, dans le court-métrage documentaire intitulé Cinema Novo (1967) signé par Joaquim Pedro de Andrade. Le réalisateur n'hésita pas, ainsi, à qualifier le mouvement, dont il épousait néanmoins les objectifs, de "branlette" et de "chapelle minable"...

Publié dans Claps de fin

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