Lina Wertmüller (1928-2021)
Première femme cinéaste à être nommée à l’Oscar de la meilleure mise en scène (en 1977 pour son film Pasqualino), la réalisatrice Lina Wertmüller, qui s’était vu décerner un Oscar d’honneur en 2019, est décédée le 9 décembre 2021 à l’âge de 93 ans.
Issue de la haute aristocratie suisse, Lina Wertmüller se consacre d’abord au théâtre. Engagée comme troisième assistante à la réalisation sur le plateau de 8 ½ (1962) de Federico Fellini, elle signe sa première réalisation, I basilischi, en 1963, film centré sur des jeunes désœuvrés habitant un village perdu des Pouilles. Après des comédies musicales avec la chanteuse Rita Pavone et un western-spaghetti avec Elsa Martinelli (Belle Starr, 1968), Lina Wertmüller se fait connaître internationalement par la farce satirique Mimi métallo blessé dans son honneur (1971) avec Mariangela Melato et Giancarlo Giannini, l’acteur fétiche de la réalisatrice avec qui il tournera neuf films.
C’est avec les deux mêmes acteurs que la réalisatrice tourne dans la foulée Film d’amour et d’anarchie (1972), qui vaut à Giancarlo Giannini le prix d’interprétation à Cannes, et Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été (1974), comédie satirique qui mêle guerre des sexes et lutte des classes. Elle signe aussi dans la même période Chacun à son poste et rien ne va (1973).
Si une certaine critique reste dubitative, jugeant l’œuvre de la réalisatrice "simpliste sur le plan politique et éprouvante d'un point de vue formel" (Dictionnaire du cinéma italien, éditions Nouveau Monde), ces films remportent les faveurs du public italien et suscite l’engouement aux États-Unis. Engouement qui culmine avec Pasqualino (1975), film qui aborde sur un ton là encore satirique la survie dans les camps de concentration et qui sera l’objet d’une polémique outre-Atlantique.
Lina Wertmüller met ensuite Giancarlo Giannini face à Candice Bergen dans La Fin du monde dans notre lit conjugal (1977) et réunit Sophia Loren, Marcello Mastroianni et à nouveau Giannini dans D’amour et de sang (1978). Après cette période faste, la réalisatrice continuera de signer des films pour le cinéma et la télévision ainsi que des documentaires jusque dans les années 2000, et notamment Camorra (1985) avec Angela Molina et Harvey Keitel, Par une nuit de clair de lune (1989) avec Rutger Hauer, Nastassja Kinski, Peter O’Toole, Faye Dunaway et Dominique Sanda, et Samedi, dimanche et lundi (1990) avec Sophia Loren.