Felipe Cazals (1937-2021)
Le réalisateur mexicain Felipe Cazals, qui avait reçu l’Ours d’argent et Grand prix du jury au festival de Berlin 1976 pour Canoa (1975), film considéré comme un classique du cinéma mexicain, est décédé le 16 octobre 2021 à l’âge de 84 ans.
Réalisé dans un langage presque documentaire, Canoa est la reconstitution de faits réels (le lynchage d’étudiants par des villageois dont la haine est attisée par un prêtre local) et fait implicitement référence aux événements du 2 octobre 1968 à Mexico où, sur la place Tlatelolco, une manifestation estudiantine fut réprimée dans le sang par les forces de police.
« Cazals fait alterner le reportage sociologique, la chronique journalistique et le cinéma à suspense », peut-on lire dans Le Cinéma espagnol, paru aux éditions Gremese.
Felipe Cazals, qui a réalisé dans sa carrière une quarantaine de documentaires, séries TV et longs métrages pour la télévision et le cinéma, avait bénéficié au début des années 1960 d’une bourse pour étudier à l’IDHEC à Paris. Après avoir signé plusieurs documentaires, il avait mis en scène son premier long métrage en 1968. On lui doit aussi le film à gros budget Il était une fois Zapata (1970) avec Antonio Aguilar, célèbre acteur et chanteur mexicain, ou le film d’aventures historiques Le Jardin de tante Isabelle (1971) avec Claudio Brook.
L’année 1975 avait constitué un tournant dans sa carrière. Après Canoa, il avait réalisé El apando (Le mitard en français) (1976) sur les conditions de vie des prisonniers de droit commun. Felipe Cazals s’était à nouveau attaqué à une histoire vraie tirée de faits réels avec Los motivos de Luz (Les raisons de Luz en français) (1985), celle d’une jeune femme pauvre et ignorante, accusée par sa belle-mère et son mari d’avoir tué ses quatre enfants. « Cazals ne se focalise pas sur le fait lui-même, mais sur les problèmes psychologiques engendrés par la pauvreté, en suggérant les raisons qui ont pu pousser Luz à commettre ces crimes », détaille Aurora Chiaramonte dans Le Cinéma espagnol.
En novembre 2021, lors du Festival des 3 continents à Nantes, sera projeté Quotidienneté (Familiaridades) (1969) du réalisateur. Ce film qui relate une journée de la vie de Betty, jeune femme indépendante qui a rompu avec son amant, est une « comédie grise sur l’ennui et la médiocrité de la classe moyenne » (selon le site du festival nantais).