Françoise Arnoul (1931-2021)
Actrice chez Jean Renoir, Henri Verneuil, Henri Decoin, Marcel Carné ou Julien Duvivier, la comédienne française Françoise Arnoul, qui fut aussi un sex-symbole des années 1950, quelque part entre Martine Carol et Brigitte Bardot, est décédée le 20 juillet 2021 à l’âge de 90 ans.
C’est dans L’Épave (1949) de Willy Rozier que débute en fanfare Françoise Arnoul. Quelques scènes de nu valent au film une interdiction aux moins de 18 ans. La même année, la jeune comédienne tourne un petit rôle dans Rendez-vous de juillet de Jacques Becker et donne la réplique dans une courte scène à Martine Carol dans Nous irons à Paris de Jean Boyer, comédie musicale où elle chante également avec Ray Ventura et son orchestre.
Devenue célèbre quasiment du jour au lendemain, Françoise Arnoul va enchaîner une quarantaine de longs métrages durant les années 1950, souvent dans des rôles un tantinet sulfureux… Elle est définitivement consacrée face à un Fernandel troublé dans Le Fruit défendu (1952) de Henri Verneuil (photo ci-dessus), cinéaste avec qui elle tourne également Le Mouton à cinq pattes (1954), avec à nouveau Fernandel, Les Amants du Tage (1954), d’après Kessel, avec Daniel Gélin, Des gens sans importance (1955), où elle est la jeune maîtresse d’un routier solitaire incarné par Jean Gabin, et Paris Palace Hôtel (1956) face à Charles Boyer.
A la même époque, Françoise Arnoul travaille aussi à plusieurs reprises avec le réalisateur Ralph Habib, habitué des sujets légèrement scabreux comme dans Les Compagnes de la nuit (1953), La Rage au corps (1953) ou le sketch Rivera-Express de Secrets d’alcôve (1953). Elle est également une habituée des tournages du metteur en scène Henri Decoin qui la filme dans Le Désir et l’amour (1951), Les Amants de Tolède (1952), Dortoir des grandes (1953) et surtout dans le diptyque La Chatte (1958) et La Chatte sort ses griffes (1959) où elle est, sous le nom de code de La Chatte, membre d’un réseau de la Résistance capturée par les Allemands. Dans un imperméable noir devenu mythique, l’érotisme dégagé par l’actrice joue à plein.
Françoise Arnoul dans La Chatte (1958)
Tout en tournant avec des cinéastes bien établis comme Jean Renoir (French Cancan, 1954, déjà face à Jean Gabin), Marcel Carné (Le Pays d’où je viens, 1956), Pierre Chenal (La Bête à l’affût, 1956) ou Julien Duvivier (Le Diable et les dix commandements, 1962), Françoise Arnoul collabore avec des réalisateurs de la nouvelle génération comme Roger Vadim (Sait-on jamais ? 1956), Pierre Kast (La Morte-saison des amours, 1960 ; Vacances portugaises, 1962), Michel Deville (Lucky Jo, 1964)… Et elle joue la maîtresse d’un Alain Delon débutant dans Le Chemin des écoliers (1959) de Michel Boisrond.
Dans la deuxième moitié des années 1960 et les années 1970, l’actrice se fait moins présente au cinéma. Elle a rencontré le cinéaste Bernard Paul sur le tournage de Compartiment tueurs (1964) de Costa-Gavras, est devenue sa compagne et a mis sa carrière en sommeil pour l’assister dans le tournage de ses films à l’instar du Temps de vivre (1969), de Beau masque (1972) et de Dernière sortie avant Roissy (1976) où elle tient un rôle. (Bernard Paul est décédé en 1980 à l’âge de 50 ans.)
Dans Violette et François (1976) de Jacques Rouffio, la mère de Violette (Isabelle Adjani) n’est autre que Françoise Arnoul. Les années 1980 et 1990 voient la comédienne alterner les rôles sur le petit et le grand écran. Dans Ronde de nuit (1983) de Jean-Claude Missiaen, on la remarque en journaliste qui soutient deux inspecteurs de la police judiciaire (Eddy Mitchell et Gérard Lanvin) dans une affaire de spéculations immobilières. Françoise Arnoul travaille alors avec des réalisateurs plus confidentiels comme Guy Gilles (Nuit docile, 1987), Jean Marboeuf (Voir l’éléphant, 1990 : Temps de chien, 1996), Claude Faraldo (Merci pour le geste, 1999).
Sa dernière apparition sur grand écran datait de 2016 avec Le Cancre de Paul Vecchiali, peinture facétieuse de la vieillesse avec aussi Catherine Deneuve, Édith Scob, Annie Cordy et Françoise Lebrun. Françoise Arnoul avait été mariée à Georges Cravenne, le créateur des César du cinéma, de 1956 à 1964.