Robert Castel (1933-2020)
Comédien emblématique de l’humour pied-noir, Robert Castel s’était fait connaître au théâtre à la fin des années 1950 avec la pièce La Famille Hernandez aux côtés de Lucette Sahuquet (disparue en 1987), qui deviendra son épouse, et Marthe Villalonga. Il est décédé le 5 décembre 2020 à l’âge de 87 ans.
Fils de Lili Labassi, l’un des maîtres du chaâbi, musique aux sonorités arabo-andalouses et aux rythmes berbères typique du quartier populaire algérois de Bal-El-Oued, Robert Castel est d’abord instituteur puis critique musical avant de se lancer dans une carrière d’acteur et d’humoriste. Sur grand écran, on le verra dans une quarantaine de longs métrages où son accent pied-noir est souvent mis à contribution et pas seulement dans des comédies.
Alain Delon et Robert Castel dans L'Insoumis (1959)
On le remarque ainsi dans L’Insoumis (1959) d’Alain Cavalier où son personnage contribue, aux côtés de l’ancien légionnaire joué par Alain Delon, à enlever une avocate en pleine guerre d’Algérie. Il incarne également un Pied-Noir dans La Ville-bidon (1970) de Jacques Baratier, critique de l’urbanisme des villes nouvelles dans la banlieue parisienne. Dans Le Complot (1972), Robert Castel est l’un des membres de l’OAS qui décide de faire évader le général Challe, principal organisateur du putsch des généraux à Alger en 1961, emprisonné à Tulle.
Il retrouve Alain Delon, dont il est le voisin de palier vindicatif, dans Deux hommes dans la ville (1973) de José Giovanni. Et dans Dupont-Lajoie (1974) d’Yves Boisset, Robert Castel est le Pied-Noir propriétaire du camping qui tente de raisonner les « bons Français » qui veulent s’en prendre aux travailleurs arabes alors qu’une jeune fille (Isabelle Huppert) a été violée et tuée.
Pierre Richard et Robert Castel dans Je suis timide mais je me soigne (1978)
Robert Castel, bien évidemment, a participé à des nombreuses comédies tournées pour le cinéma et signées par de bons réalisateurs comme Serge Korber (Un idiot à Paris, 1966 ; L’Homme-orchestre, 1969), Yves Robert (Le Grand blond avec une chaussure noire, 1972), Gérard Pirès (Elle court, elle court la banlieue, 1972 ; Attention les yeux, 1975), Jean Girault (Le Permis de conduire, 1973), Robert Dhéry (Vos gueules les mouettes, 1974), Pierre Richard (Je suis timide mais je me soigne, 1978)…
Et comme tous les humoristes célèbres dans les années 1970, Robert Castel a participé à pas mal de nanars à la française bouclés par Jacques Lemoine (Le Plumard en folie, 1973), Richard Balducci (Les Démerdards, 1973), Michel Gérard (Soldat Duroc, ça va être ta fête, 1974 ; Arrête ton char bidasse, 1977), Michel Nerval (Les Borsalini, 1979 ; Le Bahut va craquer, 1980 ; On craque, 1982), Bernard Launois (Sacrés gendarmes, 1979), Jan Saint-Hamont (Mais qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour avoir une femme qui boit dans les cafés avec les hommes ? 1979) ou Jean Luret (C’est facile et ça peut rapporter vingt ans, 1982)…
Robert Castel dans Plus belle la vie (2005-2006)
Pendant quelques années, Robert Castel se fait plus discret, à part quelques apparitions à la télévision. Au début des années 2000, on le revoit dans Les Marchands de sable (2000) de Pierre Salvadori, 3 Zéros (2001) de Fabien Onteniente, Iznogoud (2004) de Patrick Braoudé et Du jour au lendemain (2005) de Philippe Le Guay. Il joue également dans une quinzaine d’épisodes de la série Plus belle la vie lors de la saison 2005-2006.
Robert Castel retrouve la scène en 2007 grâce au projet El Gusto, un orchestre de musiciens juifs pieds-noirs et arables algériens créé pour faire revivre le chaâbi. (Robert Castel avait débuté comme musicien, joueur de tar, puis guitariste, accompagnant son père.) Il est donc au générique du documentaire musical El Gusto (2011) de Safinez Boustia. On avait revu une dernière fois Robert Castel sur grand écran dans Ils sont partout (2015) d’Yvan Attal.