Caroline Cellier (1945-2020)

Publié le par lefilmdujour

© MATTON YANN/SIPA

Actrice tout aussi élégante que discrète, passant du théâtre à la télévision, second rôle de luxe au cinéma, Caroline Cellier est décédée le 15 décembre 2020 à l’âge de 75 ans. Elle avait fait ses premiers pas sur scène en 1963, puis fait ses débuts à la télévision en 1964 en jouant la sœur cadette de Rosy Varte dans La Mégère apprivoisée d’après Shakespeare, diffusé le soir de Noël.

Caroline Cellier tourne son premier rôle au cinéma en 1965 dans La Tête du client de Jacques Poitrenaud où elle est la fille de Michel Serrault et la nièce de… Jean Poiret. Une rencontre qui fait des étincelles puisque Caroline Cellier va partager la vie de Jean Poiret jusqu’en 1992, année du décès de l’acteur et humoriste à seulement 65 ans.

Caroline Cellier et Michel Duchaussoy dans Que la bête meure (1969)

La comédienne travaille ensuite avec Claude Lelouch (La Vie, l’amour, la mort, 1968) puis avec Claude Chabrol. Dans Que la bête meure (1969), Caroline Cellier joue un rôle-pivot, celui d’Hélène, la maîtresse de Charles (Michel Duchaussoy) dont le fils a été écrasé par un chauffard, et la belle-sœur de Paul (Jean Yanne), un être immonde qui est sans doute le conducteur du véhicule. L’actrice tournera à nouveau pour Lelouch (Mariage, 1974 ; Hommes femmes, mode d’emploi, 1996) et Chabrol (Poulet au vinaigre, 1974, avec Jean Poiret en inspecteur Lavardin).

Caroline Cellier enchaîne avec deux longs métrages réalisés par Édouard Molinaro. Dans Les Aveux les plus doux (1970), elle forme avec Marc Porel un jeune couple en butte aux pressions abusives de deux inspecteurs (Roger Hanin et Philippe Noiret). Dans L’Emmerdeur (1973), elle est Louise Pignon, l’épouse de François Pignon/Jacques Brel.

Caroline Cellier participe aussi à des films moins populaires comme Une femme, un jour (Keigel, 1974), qui traite de l’homosexualité féminine, Les Fougères bleues (1976), unique réalisation de Françoise Sagan avec aussi Françoise Fabian, ou Certaines nouvelles (1976), premier film de Jacques Davila, histoire d’un week-end apparemment tranquille en pleine guerre d’Algérie, prix Jean-Vigo 1979.

Caroline Cellier et Valérie Kaprisky dans L'Année des méduses (1984)

Les années 1980 marquent un tournant dans la carrière au cinéma de Caroline Cellier et lui apportent une réelle popularité. Elle est l’épouse de Patrick Dewaere dans Mille milliards de dollars (1981) d’Henri Verneuil, forme avec Guy Marchand les parents du P’tit con (1983) de Gérard Lauzier, joue les séductrices mûres dans Femmes de personne (1983) et L’Année des méduses (1984), deux longs métrages de Christopher Frank. Dans ce dernier film, elle interprète la mère de la jeune fille sans tabous jouée par Valérie Kaprisky qui voit en elle une rivale. Pour sa prestation, Caroline Cellier décroche le César de la meilleure actrice dans un second rôle.

Caroline Cellier dans Poker (1987)

Elle reforme un couple avec Guy Marchand dans Grand guignol (1986) de Jean Marbœuf et Charlie Dingo (1987) de Gilles Béhat, retrouve Bernard Giraudeau après L’année des méduses dans Vent de panique (1987) de Bernard Stora, incarne une droguée du jeu dans Poker (1987), le premier long métrage de Catherine Corsini, puis une prostituée dans La Contre-allée (1990) d’Isabel Sebastian.

En 1991, l’actrice joue pour la première fois sous la direction de son mari Jean Poiret dans Le Zèbre, adaptation du roman d’Alexandre Jardin, et son interprétation lui vaut une nomination au César de la meilleure actrice. (Jean Poiret décédera trois mois avant la sortie du film sur les écrans.)

Au cours des années 1990, Caroline Cellier est une épouse criminelle pour Francis Girod (Délit mineur, 1993), rencontre le castrat Farinelli à Londres dans le film du même nom (1994) de Gérard Corbiau, devient une aristocrate ruinée et calculatrice dans L’Élève (Schatzky, 1996), d’après un roman de Henry James, s’avère la propriétaire du labrador qui se transforme en humain dans Didier (1996) d’Alain Chabat, participe au film choral Le Plaisir (et ses petits tracas) (1997) de Nicolas Boukhrief.

Caroline Cellier s’éloigne alors du cinéma et on ne la reverra plus au cinéma que dans trois films, Jean-Philippe (Tuel, 2005), Fragile(s) (Valente, 2006) et Thelma, Louise et Chantal (Pétré, 2009) où elle forme avec Catherine Jacob et Jane Birkin un trio d’amies embarqué dans un voyage où elles partagent coups de cœur et coups de gueule. La dernière apparition de Caroline Cellier dans une fiction datait de 2011 ; elle était l’une des clientes du Grand restaurant II, un divertissement télévisuel de Pierre Palmade.

Parallèlement à sa carrière au cinéma, l’actrice avait enchaîné de grands rôles à la télévision et au théâtre où elle incarna notamment Blanche Dubois dans Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams.

Publié dans Claps de fin

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