Fernando Solanas (1936-2020)
Connu pour ses documentaires militants, le cinéaste argentin Fernando Solanas, qui fut l’un des fondateurs et théoriciens du groupe Cine Liberación, est décédé à Paris le 6 novembre 2020 à l’âge de 84 ans des suites du coronavirus. Son documentaire L’Heure des brasiers (1967), coréalisé avec Octavio Getino, est entré dans l’histoire pour avoir été le premier film modèle de la cinématographie politique argentine.
Manifeste esthétique et politique d’un mouvement à l’échelle de toute l’Amérique latine, L’Heure des brasiers, œuvre divisée en trois parties (Néocolonialisme et violence, Acte pour la libération, Violence et libération) se veut anticolonialiste, péroniste et activiste et fut interdit jusqu’à la fin de la dictature de la Révolution argentine en 1973. Après la parenthèse péroniste, Fernando Solanas est contraint à l’exil à Paris pendant la dictature militaire (1976-1983) et témoignera de son expérience dans Tangos, l’exil de Gardel (1985). Ce film avec Marie Laforêt, Philippe Léotard, Miguel-Angel Sola et Marina Vlady décroche le Grand prix spécial du jury au festival de Venise.
Fernando Solanas avait aussi été distingué par le Prix de la mise en scène au festival de Cannes pour Le Sud (1988) et par le Grand prix de la Commission supérieure technique, également à Cannes, pour Le Voyage (1992). On lui doit aussi Le Nuage (1997), « quand l’humour tangue sur un air de bandonéon » (dixit l’affiche française), les documentaires Mémoire d’un saccage (2003), La Dignité du peuple (2005), tous deux sur la crise économique argentine, et Le Grain et l’ivraie (2018), dénonciation du modèle agricole argentin.
Fernando Solanas, qui avait été honoré d’un Ours d’or d’honneur au festival de Berlin en 2004, est le père du réalisateur Juan Solanas (Nordeste, 2004, avec Carole Bouquet ; Upside Down, 2010, avec Kirsten Dunst ; Femmes d’Argentine, 2019, documentaire sur le combat des femmes argentines pour la légalisation de l’IVG).