Olivia De Havilland (1916-2020)
Dernière grande star de l’âge d’or hollywoodien, elle avait accédé à une célébrité mondiale grâce au rôle de la douce et altruiste Melanie face à la volcanique Scarlett (Vivien Leigh) dans l’indéboulonnable Autant en emporte le vent (Fleming, 1939). Olivia De Havilland est décédée le 25 juillet 2020 à l’âge très honorable de 104 ans, quelques mois après Kirk Douglas, un autre centenaire qui a marqué le 7e art.
Olivia De Havilland et Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent (1939)
Britannique née à Tokyo, naturalisée américaine puis française, Olivia De Havilland débute sa carrière au cinéma au milieu des années 1930 avec le rôle d’Hermia dans Le Songe d’une nuit d’été (1935) de Max Reinhardt et William Dieterle. Elle devient rapidement la partenaire attitrée d’Errol Flynn dans une suite de films d’aventures, de comédies et de westerns souvent signés Michael Curtiz : Capitaine Blood (1935), La Charge de la brigade légère (1936), Quatre au paradis (1938), Les Aventures de Robin des Bois (1938), Les Conquérants (1939), La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre (1939), La Piste de Santa Fe (1940)… Les deux acteurs sont également au générique de La Charge fantastique (1941) de Raoul Walsh.
Olivia De Havilland et Errol Flynn dans Capitaine Blood (1935)
Souvent cataloguée dans des personnages de bonne épouse, de fidèle amie ou de demoiselle en détresse, Olivia De Havilland finit dans les années 1940 « par décrocher des rôles à la hauteur de son tempérament énergique et indomptable qui était le sien dans la vraie vie » (Antoine Sire, Hollywood, la cité des femmes, éditions Institut Lumière Actes Sud). D’autant que l’actrice s’est engagée dans un bras de fer avec Jack Warner, le dirigeant des studios du même nom. Un bras de fer dont elle sort vainqueur et qui se conclut par une décision de justice sans précédent mettant un terme à la mainmise inique des studios sur les acteurs. On parle même de la « loi de Havilland ».
Olivia De Havilland dans L'Héritière (1949)
Olivia De Havilland incarne alors deux jumelles dont l’une est machiavélique dans La Double énigme (1946) de Robert Siodmak, joue une malade mentale dans La Fosse aux serpents (1948) d’Anatole Litvak, s’enlaidit en devenant une jeune femme riche qui prend conscience que seul son argent intéresse ses soupirants dans L’Héritière (1949) de William Wyler, un rôle qui lui vaut son second Oscar de la meilleure actrice.
Elle avait décroché sa première statuette trois ans plus tôt pour son interprétation d’une mère à la recherche de son fils durant la Seconde Guerre mondiale dans A chacun son destin (1946) de Mitchell Leisen. L’actrice avait auparavant été nommée à l’Oscar du meilleur second rôle féminin pour son interprétation de Melanie dans Autant en emporte le vent, Oscar finalement remporté par Hattie McDaniel (Mammie la nounou dans le film), première actrice afro-américaine à recevoir une telle récompense.
Olivia De Havilland avait engrangé une première nomination à l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans Par la porte d’or (1941) où elle est une jeune institutrice dans un village frontalier du Mexique, séduite par un soi-disant émigré roumain attendant un visa d’entrée pour les États-Unis. Mais elle avait été battue par sa propre sœur, et rivale de toujours, Joan Fontaine, couronnée pour son rôle dans Soupçons (1941) d’Alfred Hitchcock.
Olivia De Havilland avait aussi décroché une nomination pour La Fosse aux serpents, sans doute sa meilleure performance avec celle(s) de La Double énigme.
Au cours des années 1950, l’actrice s’éloigne de Hollywood. Après avoir refusé sous la pression de son premier mari, l’écrivain Marcus Goodrich, le rôle principal d’Un tramway nommé Désir (Kazan, 1950), finalement tenu par… Vivien Leigh, Olivia De Havilland vient s’installer à Paris puis épouse en secondes noces le journaliste de Paris Match Pierre Galante (dont elle divorce en 1962). On la voit néanmoins face aux côtés d’Alan Ladd dans le western Le Fier rebelle (Curtiz, 1958) et de Dirk Bogarde dans La nuit est mon ennemie (Asquith, 1959). Dans Lumière sur la piazza (G. Green, 1961), elle incarne la mère d’une jeune et belle handicapée mentale (Yvette Mimieux) et dans Une femme dans une cage (Grauman, 1964), elle est coincée dans l’ascenseur privé d’une luxueuse villa et en butte à des marginaux.
La même année, elle retrouve Bette Davis avec qui elle a déjà collaboré dans trois films (L’Aventure de minuit, Mayo, 1937 ; La Vie privée d’Elisabeth d’Angleterre où Bette Davis incarne la souveraine ; L’Amour n’est pas en jeu, Huston, 1942). Toutes les deux sont à l'affiche du gothique et extravagant Chut Chut chère Charlotte (1964) de Robert Aldrich où elle remplace au pied levé Joan Crawford qui, deux ans auparavant, avait ferraillé avec Bette Davis dans Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? du même Aldrich…
Avant de tirer sa révérence au cinéma à la fin des années 1970, Olivia De Havilland avait participé à quelques films catastrophe aux côtés d’autres « vieilles gloires hollywoodiennes » à l’instar des Naufragés du 747 (Jameson, 1976) et de L’Inévitable catastrophe (I. Allen, 1978). A la télévision, on avait également vu l’actrice dans des miniséries comme Racines 2 (1979) et Nord et Sud II (1986).
On rappellera que la rivalité entre Olivia De Havilland et Joan Fontaine, née un an après son aînée, a toujours été féroce entre les deux sœurs. Joan Fontaine aurait dit un jour : « Je me suis mariée la première, j'ai gagné l'Oscar avant Olivia et, si je meurs la première, nul doute qu’elle sera blême parce que je serai encore passée devant elle ». Nul ne sait si Olivia De Havilland avait pâli en décembre 2013 à l’annonce du décès de sa sœur à qui elle n’avait plus adressé la parole depuis les années 1970…