Liliane de Kermadec (1928-2020)
Connue pour Aloïse (1974), biographie d’Aloïse Corbaz, une femme internée pour aliénation vers la fin de la Première Guerre mondiale qui parvint à s’exprimer par la peinture, la scénariste et réalisatrice Liliane de Kermadec est décédée le 13 février 2020 à l’âge de 91 ans.
Photographe de plateau sur des films d’Agnès Varda (Cléo de 5 à 7), d’Alain Resnais (Muriel) ou d’Yves Robert (Bébert et l’omnibus), Liliane de Kermadec réalise un premier court métrage documentaire en 1963, Le temps d’Emma, avec Emma Stern, alors octogénaire, figure de la peinture naïve du XXe siècle qui ne commença à peindre qu’à l’âge de 70 ans.
Suivront le court métrage Qui donc a rêvé ? (1965) avec Delphine Seyrig et les Frères Jacques, puis un premier long, Home Sweet Home (1972) avec Julien Guiomar et elle-même. C’est Aloïse, avec Isabelle Huppert et Delphine Seyrig (photo ci-dessus) qui interprètent le personnage principal à deux âges de sa vie, qui lui vaut d’être remarquée par la profession et le public.
Liliane de Kermadec signera encore une dizaine d’œuvres pour le cinéma et la télévision, tout en coproduisant (généralement avec Paul Vecchiali) de nombreux films. Pour le grand écran, elle a aussi réalisé La Piste du télégraphe (1993) d’après l’histoire vraie de Lillian Alling, femme de chambre à New York en 1927 qui décida de retourner dans sa Sibérie natale… à pied (par le détroit de Béring). Dans le rôle principal, Elena Safonova, l’actrice principale des Yeux noirs (1986) de Nikita Mikhalkov. On lui doit aussi Le Murmure des ruines (2008), « le premier film de fiction du Haut Karabagh », et le documentaire Le Cri des fourmis (2016) où la réalisatrice recueille les témoignages des militantes du Mouvement national de libération Tupamaro en Uruguay qui prôna l’action directe et la guérilla urbaine dans les années 1960 et 1970.