José Mojica Marins (1936-2020)
Créateur et interprète du personnage de Zé do Caixão (Zé du Cercueil en bon français, Coffin Joe chez l'Oncle Sam), fossoyeur maléfique exerçant son "art" dans les patelins reculés et bigots du Brésil, l’acteur et réalisateur José Mojica Marins, metteur en scène le plus renommé et le plus important du cinéma underground au pays des Cariocas, est décédé le 19 février 2020 à l’âge de 83 ans.
Nabot barbu en haut de forme et muni de (vrais) ongles de plus de dix centimètres de long, Zé do Caixão, qui a des difficultés pour rencontrer l’âme sœur et fait subir les pires avanies à des jeunes filles en détresse dans sa quête de la femme parfaite qui lui donnera un fils, est l’anti-héros de plusieurs films d’épouvante de José Mojica Marins (qui n'hésite pas à incarner aussi le personnage dans la vie réelle…).
Il apparaît pour la première fois dans A minuit, je posséderai ton âme (1964) et continue ses méfaits dans Cette nuit ton corps m’appartiendra (a.k.a. Cette nuit je m’incarnerai dans ton cadavre) (1966), un film qui tiendra deux ans à l'affiche à Sao Paulo et figurerait toujours dans la liste des dix films brésiliens ayant engrangé le plus de recettes. Le personnage est aussi au centre du "documentaire" L'étrange monde de Zé do Caixão (1968), puis revient dans L'éveil de la bête (1969).
Infatigable, le réalisateur avait bouclé en 2008 une nouvelle aventure de Zé do Caixão sous le titre Embodiment of Evil (Encarnação do Demônio). Si José Mojica Marins est surtout connu pour ses films d'horreur, sa filmographie, qui compte une quarantaine de courts et longs métrages, égrène des films de différents genres, allant du western au film d'aventures en passant par le film dramatique et la comédie érotique. "Assez peu connu en dehors du Brésil, il était dans son pays une véritable icône de la contre-culture", écrit Laurent Aknin dans Cinéma bis : 50 ans de cinéma de quartier, paru aux éditions Nouveau monde.