Ciné émotion par Anna le Gésic : Douleur et gloire
Un film de Pedro Almodovar (2018), sorti en salles le 17 mai 2019
Avec Douleur et gloire, Pedro Almodovar fait un peu son Huit et demi, toutes proportions gardées évidemment.
Tout comme Fellini faisait aussi appel aux souvenirs (et à des fantasmes) pour raviver un cinéaste en pleine crise existentielle, l'Espagnol fait surgir des images du passé, des réminiscences de l'enfance et des personnages (presque) oubliés pour insuffler à nouveau des perspectives d'avenir à un réalisateur en panne de créativité, perclus de douleurs et recroquevillé dans une solitude mortifère.
Pour incarner ce cinéaste (qui n'est autre qu'Almodovar lui-même comme le montre l'affiche où l'ombre est bien celle du réalisateur), l'auteur de Talons aiguilles, qui délaisse ici toutes ses excentricités et ses "tics" pour filmer tout en tendresse et émotion, a fait appel à son alter ego, Antonio Banderas, qui n'a sans doute jamais été aussi "habité" (son prix d'interprétation à Cannes est une juste récompense).
La mise en scène fait alterner avec élégance passé et présent, tout en parsemant le film de petits sémaphores qui nous remémorent certaines des œuvres précédentes de Pedro Almodovar, et nous rappelle que l'art peut tout sauver. Un chef-d'oeuvre assurément.
Anna le Gésic