Ciné actu par Jean Aymar de Thou : Les Éternels (Ash is Purest White)
Un film de Jia Zhang-Ke (2017), sorti en salles le 27 février 2019
Le réalisateur Jia Zhang-Ke possède l’art et la manière de mêler histoires intimes et évolution de la société chinoise. Il y a trois ans Au-delà des montagnes traitait du destin d’une jeune femme partagée entre deux hommes sur vingt-cinq ans (entre 1999 et 2025).
Plus réussi, Les Éternels s’intéresse aux relations fluctuantes sur une vingtaine d’années entre, là encore, une jeune femme (toujours incarnée par l’excellente Zhao Tao, épouse à la ville du metteur en scène) et un chef de la pègre locale dont elle est la maîtresse.
Alors que la société chinoise évolue rapidement dans ses aspects économique et technologique, l’homme reste accroché à des rites et des hiérarchies claniques d’un autre temps, hérités de la Chine impériale, tandis que l’héroïne s’adapte tant bien que mal. Tout du moins au niveau matériel avec, notamment, l’entrée dans sa vie des nouvelles technologies dont est particulièrement friand l’Empire du milieu (téléphonie mobile, messagerie instantanée WeChat, vidéosurveillance, etc.).
Car son attachement sentimental, lui, reste inchangé malgré les vicissitudes et les coups du sort qui marquent la vie d’un gang où la femme, même si elle est prête à tous les sacrifices, n’est qu’un accessoire, plus ou moins utile. A la fois thriller noir, mélo, romance sociale, film féministe et pamphlet politique, Les Éternels est un grand film.
Jean Aymar de Thou