Kira Mouratova (1934-2018)
La réalisatrice ukrainienne Kira Mouratova, dont les longs métrages furent longtemps interdits du temps de l’URSS pour avoir présenté une image de la société soviétique non conforme aux canons officiels, mais qui obtint le Prix spécial du jury au festival de Berlin 1990 pour Le Syndrome asthénique (1989), est décédée le 6 juin 2018 à l’âge de 83 ans.
Son premier grand film, Brèves rencontres (1967), raconte « l’histoire d’une fille de la campagne qui monte à la ville, y devient la servante d’un membre du soviet de district, pour se retrouver au centre d’un triangle amoureux » (501 réalisateurs, éditions Omnibus). Épinglant ouvertement la bureaucratie soviétique, le film est peu apprécié par la censure et ne sortira officiellement que vingt ans plus tard. Une bonne partie des œuvres de la réalisatrice connaîtra le même sort.
Avec la ressortie de ses films en 1987 au moment de la Perestroïka, la popularité de Kira Mouratova, dont les films mettent souvent en scène des maîtresses femmes, ira grandissante tant en URSS qu’à l’étranger. Elle est ainsi membre du jury de la Mostra de Venise en 1990. Réalisé en 1992, Le Milicien amoureux, production franco-ukrainienne, rencontre le succès en Occident. Les films suivants, comme Trois histoires (1997), ne font que renforcer sa réputation internationale. L’Accordeur (2004), notamment, a été en compétition au festival de Venise. L’Éternel retour (2012), son dernier film, a été présenté au festival international de Rome.
Selon 501 réalisateurs, les films de Kira Mouratova « révèlent la difficulté de la vie quotidienne, utilisant des techniques de films expérimentaux pour exprimer les tourments des personnages. Ce n’est que grâce au sens comique de l’absurde que le spectateur peut respirer ».