L’œil de Crazy Bug : Thelma
Un film de Joachim Trier (2016), sorti en salles le 22 novembre 2017
Thelma est un peu une Carrie à la sauce nordique, les deux jeunes filles étant toutes les deux dotées du don de télékinésie, une faculté plus ou moins hypothétique qui permet d’agir sur la matière par la seule pensée… Mais là où Brian de Palma plaçait son héroïne complexée sous l’emprise d’une mère enfermée dans un mysticisme religieux complètement hystérique, le réalisateur norvégien Joachim Trier installe Thelma - une étudiante atteinte de convulsions étranges qui lui font perdre conscience tout en lui permettant d'agir sur le réel - sous l’attention bienveillante, quoique intrusive, de parents au puritanisme un tantinet répressif.
Ici nous baignons dans une atmosphère ouatée profondément nordique, bien loin des excès névrotiques d’une certaine civilisation américaine. Il n’empêche. A la lisière du fantastique et du thriller, le film est riche d’une mise en scène brillante qui évoque à petites touches l’éveil à la sexualité (ici l’homosexualité) d’une jeune fille qui, de façon plus ou moins inconsciente, doit rompre une à une les barrières mentale, sociale et religieuse que son éducation a dressées dans son esprit afin d’atteindre une véritable émancipation.
Thelma est d’autant plus captivant qu’un secret familial particulièrement terrible semble hanter la famille que l’on voit à l’écran et que le réalisateur instille par petites touches un climat anxiogène qui maintient au plus haut l’intérêt du spectateur. Eili Harboe, la jeune actrice qui incarne Thelma, est stupéfiante. A voir.
Crazy Bug