L’œil de Crazy Bug : La lune de Jupiter

Publié le par lefilmdujour

Un film de Kornél Mundruczó (2016), sorti en salles le 22 novembre 2017

Après White God, qui instillait déjà une dose de fantastique dans une fable sociale où l’on voyait une ville prise d’assaut et envahie par une meute canine emmenée par un bâtard dressé à la dure pour devenir un chien de combat, le réalisateur hongrois Kornél Mundruczó inscrit son dernier film, La lune de Jupiter, dans une réalité hyperconcrète pour y glisser du merveilleux et de l’étrange. 

On y suit un jeune migrant abattu à la frontière de la Hongrie par la police (le pays, sous le pouvoir autoritaire d’Orbán, n’est pas franchement « accueillant » en ce moment) et qui s'avère doué de lévitation. Un médecin très limite en délicatesse avec sa hiérarchie cherche alors à profiter dudit don pour récupérer rapidement de l’argent et acheter le silence d’une famille en deuil à cause d’une erreur médicale qu’il a commise. 

Le sujet est lourd et le réalisateur n’hésite pas à mettre le doigt là où ça fait mal en exposant la précarité des migrants et les violences dont ils sont victimes, certes, mais aussi la complaisance de certaines autorités corrompues qui, en fermant les yeux, laissent glisser entre les mailles des terroristes en puissance.

La caméra, virtuose, fébrile, souvent au plus près des corps, se calme et accompagne en s'élevant les lévitations du jeune migrant qui prend alors des allures de figure christique (ce qui n'est pas innocent dans un pays où le christianisme est très ancré et qui explique le déchaînement d’une certaine critique gaucho-bobo contre le film). A noter une scène assez époustouflante où le cinéphile se remémorera la séquence de Mariage royal où Fred Astaire dansait sur les murs et le plafond d'une chambre d'hôtel.

On aimera ou on détestera le film, c’est selon, mais en l’état, et malgré deux-trois longueurs, La lune de Jupiter ne peut pas laisser indifférent.

Crazy Bug

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