Johnny Hallyday (1943-2017)
Plus de 1 000 titres enregistrés, 50 albums studio, 110 millions de disques vendus, 29 millions de spectateurs à ses concerts, 40 disques d’or, 22 de platine, 5 de diamant, 10 victoires de la musique, Johnny Halliday est décédé le 6 décembre 2017 à l’âge de 74 ans. Mais Johnny Halliday, c’est aussi le cinéma et près de quarante longs métrages tournés pour le grand écran dont plusieurs où il joue son propre rôle comme dans Cherchez l’idole (1963) de Michel Boisrond, Les poneyttes (1967) de Joël Le Moigne, L’aventure c’est l’aventure (1971) de Claude Lelouch – il y organise son propre enlèvement à des fins publicitaires –, Paparazzi (Berberian, 1997), Rock’n Roll (2016) de Guillaume Canet ou Chacun sa vie (2016) de Claude Lelouch encore.
Dans un certain nombre de films, il incarne aussi un personnage de chanteur plus ou moins proche de lui comme Lennox, le rocker fatigué de Love me (1999) de Laetitia Masson, ou le dénommé Jean-Philippe Smet (son vrai nom), un homme qui n’est pas devenu une vedette dans l’univers parallèle décrit dans Jean-Philippe (2005) de Laurent Tuel.
Johnny Hallyday avait fait sa première incursion (très furtive) au cinéma dans Les diaboliques (1954) de Henri-Georges Clouzot. Il faudra attendre le début des années 1960 pour le voir un petit peu plus longtemps sur grand écran. Dans Dossier 1413 (1960), il interprète rapidement un petit rock ; dans le film à sketchs Les Parisiennes (1962), il chante "Retiens la nuit" à Catherine Deneuve ; dans D’où viens-tu Johnny ? (Howard, 1963) – où joue aussi une certaine Sylvie Vartan qu’il épousera en 1965 – Johnny Hallyday, sur fond de Camargue, entonne notamment (et à cheval) "Pour moi la vie va commencer".
Ce n’est qu’en 1969 que Johnny se verra confier un rôle plus inattendu dans le western-spaghetti Le spécialiste de Sergio Corbucci qui avait tourné deux ans plus tôt le beaucoup plus réussi Le grand silence (1967) avec Jean-Louis Trintignant. En 1970, il tourne dans le policier un peu oublié Point de chute de et avec Robert Hossein (où son visage est couvert par un masque blanc pendant la première partie du film…).
Absent ensuite du grand écran pendant une quinzaine d’années – à part quelques apparitions éclair comme dans L’animal (Zidi, 1977) ou Le jour se lève et les conneries commencent (Mulot, 1981) –, Johnny Hallyday tourne Détective (1985), son « premier vrai film » (c’est lui qui le dit) aux côtés de sa compagne Nathalie Baye et devant la caméra de Jean-Luc Godard. La même année, il travaille pour Costa-Gavras qui s’essaie (et se rate) à la comédie dans Conseil de famille.
Suivent quelques mauvais films comme le nanar Terminus (1986), œuvre de science-fiction à la Mad Max signée par le pourtant très talentueux directeur de la photographie Pierre-William Glenn, la série TV David Lansky (1989) ou La gamine (Palud, 1991) face à une toute jeune Maïwenn, 15 ans à l’époque. Johnny Hallyday ne revient au cinéma que quelques années plus tard dans le rôle secondaire d’un ancien torero, père d’une jeune fille homosexuelle, dans Pourquoi pas moi ? (Giusti, 1998).
En 2002, il incarne un gangster vieillissant (ce qui restera sans doute son meilleur rôle) face à Jean Rochefort, décédé il y a quelques semaines, dans L’homme du train de Patrice Leconte. Sa prestation lui vaut d’ailleurs le prix Jean-Gabin (remis à un « espoir » du cinéma francophone…). Présent aux côtés de Gérard Depardieu, Harvey Keitel et Renaud dans le polar Wanted (Mirman, 2002), ermite borgne dans Les rivières pourpres 2 (Dahan, 2003), Johnny Hallyday surprend en rejoignant l’univers noir du cinéaste hongkongais Johnny To dans Vengeance (2008) présenté au festival de Cannes. Son dernier rôle important, il l’avait tenu aux côtés de son complice de toujours Eddy Mitchell dans Salaud, on t’aime (2013) de Claude Lelouch. So long Johnny !