Ciné actu par Jean Aymar de Thou : A Beautiful Day

Publié le par lefilmdujour

Un film de Lynne Ramsay (2016), sorti en salles le 8 novembre 2017

Ne vous inquiétez pas, si vous n’avez pas le moral en entrant dans une salle de cinéma voir A Beautiful Day, vous ne l’aurez pas retrouvé en sortant. Malgré son titre (Une belle journée en français), le dernier opus en date de la réalisatrice britannique Lynne Ramsay (dont le précédent film, We Need to Talk about Kevin, était déjà éprouvant bien qu’excellent) est un peu un voyage au bout de la nuit. Celle d’un homme à la limite de l’autisme, constamment assailli de visions de mort (c’est un ancien de la guerre d’Irak) et de violence (il a été traumatisé dans son enfance), devenu une espèce de tueur à gages chargé de récupérer des gamines kidnappées et qui se débarrasse de ses cibles à coups de marteau. 

Quelque part entre Taxi Driver, par ses longues traversées en voiture d’un New York poisseux et glauque, et Drive, par le côté taiseux du monsieur toutefois prompt à se déchaîner dans des accès de violence destructrices, A Beautiful Day est aussi une plongée dans les turpitudes abominables d’une certaine classe dominante complètement pourrie dont la pédophilie n’est pas la moindre des tares. 

Pour nous aider à supporter cette descente aux enfers soulignée par un montage hypnotique et une musique sensorielle géniale, et parfois traversée d’un trait d’humour (noir évidemment comme cette citation de la scène sous la douche de Psychose), il fallait un acteur doté d’une présence hors pair. 

Comme c’est Joaquin Phoenix, alourdi d’une masse musculaire impressionnante, qui s’y colle (l’acteur a reçu le prix d’interprétation à Cannes cette année pour sa prestation incroyable), on plonge avec lui. En plus, on a droit à une révélation avec la jeune actrice qui joue l’ado en qui notre « héros » trouve presque son alter ego féminin, détruit intérieurement, implacable dans la violence, mais dont la sensibilité continue de palpiter quelque part au fond du cœur. Son nom est à retenir : Ekaterina Samsonov.

Jean Aymar de Thou

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